Le chef d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden a été tué dimanche au Pakistan lors d’une opération commando américaine, a annoncé le Président Barack Obama, provoquant une vague de jubilation et d’émotion aux Etats-Unis près de dix ans après le 11 Septembre 2001.
“Ce soir, je suis en mesure d’annoncer aux Américains et au monde que les Etats-Unis ont mené une opération au cours de laquelle a été tué Oussama Ben Laden, le dirigeant d’Al-Qaïda, un terroriste responsable du meurtre de milliers d’innocents », a déclaré M. Obama lors d’une allocution solennelle à la Maison-Blanche.
Selon le Président américain, l’homme le plus recherché au monde a été tué à Abbottabad, une ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale pakistanaise Islamabad, dans un complexe où il se cachait.
A l’approche du 10e anniversaire des pires attentats de l’histoire américaine, « justice est faite », a affirmé M. Obama, tout en prévenant ses compatriotes que la nébuleuse terroriste continuerait à essayer de s’en prendre aux Etats-Unis malgré la mort de son chef. Le département d’Etat a d’ailleurs immédiatement appelé les ressortissants américains à la prudence à l’étranger.

Aucun Américain n’a été blessé dans l’opération de dimanche, qui a été le résultat d’un « travail de fourmi » des services de renseignement, a indiqué M. Obama, ajoutant que les Etats-Unis étaient en possession du corps de leur ennemi. Des responsables américains ont révélé que l’opération avait fait cinq morts, dont Ben Laden. `
M. Obama a rendu hommage à l’aide du Pakistan et indiqué avoir appelé son homologue Asif Ali Zardari. Il s’agit d’un moment « historique » pour les deux pays, a-t-il dit. Des chaînes de télévision pakistanaises ont ensuite montré le visage partiellement défiguré d’un homme qu’elles présentaient comme Ben Laden, sans pouvoir cependant authentifier l’image.
En dépit de l’invasion de l’Afghanistan fin 2001 et du renversement du régime des talibans qui abritait la direction d’Al-Qaïda, Ben Laden, dont la tête était mise à prix pour 25 millions de dollars, avait jusqu’ici échappé à la capture et même aux tentatives de localisation, en particulier dans les zones frontalières entre l’Afghanistan et le Pakistan où il était réputé avoir trouvé refuge.
Alors que des spéculations se faisaient jour sur la survie du Saoudien Ben Laden déchu de sa nationalité par Ryad, des messages audio lui étant attribués avaient été régulièrement diffusés, dans lesquels il continuait à s’en prendre aux Occidentaux.
Les Etats-Unis maintiennent encore aujourd’hui un corps expéditionnaire de 100.000 soldats en Afghanistan pour combattre les Talibans, et mènent des opérations clandestines au Pakistan, notamment des frappes de drones.
M. B.
Qui sera le prochain ennemi des Etats-Unis ?
Beaucoup trop d’études sur Ben Laden vivant, presque pas sur Ben Laden mort. Nombre d’analystes ont emprunté une voie linéaire dans la pensée sans intégrer des éléments de rupture qui tendraient à imaginer des scénarios de l’après Ben Laden. Ces derniers temps, les Américains parlent de la Qaida mais pas tellement de Ben Laden. Pourquoi ? Parce que selon bien des experts en matière de sécurité, soutiennent que la Qaida survivra à Ben Laden.
L’ennemi stratégique
Ont-ils perdu leur ennemi principal en la personne de Ben Laden placé par GW Bush au rang d’ennemi numéro un ? Se retrouvent-ils dans la situation déjà connue dans laquelle suite à l’effondrement des forces du pacte de Varsovie,
l’équivalant Russe de Kissinger avertit les Américains que désormais, ils n’ont plus d’ennemis? Plus d’ennemis signifie qu’il y a plus de raisons pour que les Américains se lancent dans une course aux armements, qu’ils justifient la Constitution d’un empire, et qu’ils convainquent qu’ils ont besoin de bases partout dans le monde. Or, Ben Laden a donné aux Américains l’ennemi de remplacement, celui dont-ils avaient besoin pour à nouveau structurer leur défense et leur diplomatie sur une base hégémonique.
Grâce ( à cause ?) de la possibilité donnée aux Américains de subir le condamnable attentat du 11 septembre (condamné par tous les pays arabes, l’Algérie en tête, surtout l’Algérie qui avertissait à maintes fois que le terrorisme est transfrontières) les forces armées américaines se sont rapprochées des frontières Russes. Là où il n’y a les troupes américaines il y a l’Otan, c’est à dire les Américains. Washington a défini ses piliers stratégiques. Assurer à leurs forces armées en permanence une supériorité opérationnelle, créer les conditions pour un contrôle de la montée en puissance des pays qui pourraient devenir leurs rivaux dans le long terme, et garantir à Israél une supériorité militaire sur les forces armées arabes cumulées.
Une stratégie prudentielle
Ce sont des principes qu’ils mettent en œuvre indépendamment de Ben Laden. Dans aucune étude sérieuse, les Américains ne sont exclusivement focalisés sur celui-ci sans parler de la Qaida. Ils ne considèrent pas la Qaida comme liée uniquement à la personne de Ben Laden. L’équation Qaida égal Ben Laden n’a pas été donnée pour lui trouver une solution. Des analystes attachés aux simulations théoriques intégreraient l’idée selon laquelle les Américains n’auraient pas intérêt à déclarer qu’avec la mort de Ben Laden, c’en sera fini de la Qaida. Des experts occidentaux qualifiaient la Qaida de nébuleuse proche de Ben Laden et que celle-ci restera opérationnelle, menaçante et avec un pouvoir de nocivité que leur confie à la fois la détermination, la clandestinité et l’emploi des forces asymétriques lesquelles on le sait lui procurent la supériorité opérationnelle dans des engagements indirects.
Après les attentats commis à New York, Washington, Pennsylvanie, Madrid, Casablanca, Djerba, Bagdad, Pakistan, Ryadh, Jakarta, Bali, Monbéza, les Américains connaissent un peu plus les mouvances terroristes en se rapprochant de l’Algérie qui a une expérience en la matière qu’elle partage avec les pays qui coopèrent solidairement et opérationnellement à la lutte contre le terrorisme.
L’Algérie a une longue expérience en la matière. Elle sait que c’est bien sûr une victoire et un affaiblissement des mouvements terroristes quand ceux là sont décapités. Elle enseigne que bien que la tête soit décapitée, il serait le meilleur moment de continuer en axant les efforts sur la déstructuration des structures des mouvements terroristes et plus particulièrement de leur logistique.
Capacités d’actions de la Qaida ?
Les Américains ne doivent pas oublier qu’ils avaient beaucoup contribuer à la constitution de la Qaida et en la satisfaction de la montée de Ben Laden. Après la sortie par la perte de la guerre des troupes soviétiques de l’Afghanistan, (Ben Azir Butho disait que les mouvements qui avaient combattu en Afghanistan contre les Soviétiques étaient armés par les Américains, entrainés par les services de sécurité Pakistanais, financés par un pays arabe. Des statistiques indiquaient que 100 mille hommes étaient passés par les camps d’entraînement de l’Afghanistan des Talibans
. Capacités d’adaptation ? hyper puissance dans le champ non conventionnel des menaces terroristes asymétriques face aux Etats-Unis comme hyper puissance dans le champ conventionnel ? La Qaida ne se développe pas par sa seule volonté quand elle ne trouve pas les moyens et les opportunités de le faire. Il n’y avait pas de Qaida en Irak avant la deuxième guerre contre ce pays.
Concernant ses capacités de nuisance et d’adaptation, il y a une problématique. La Qaida au niveau central ne dispose pas de directions comme une armée normale. Ce sont des mouvements terroristes structurés dans des régions données qui s’affilient à elle. Ces mouvements locaux bénéficient d’une autonomie stratégique qui leur permet de prendre des décisions sur place. D’ailleurs, il faudrait s’attendre à ce que ces mouvements régionaux prennent l’initiative d’opérer des attentats d’envergure pour prouver à la fois leur existence et leurs capacités à décider.
Medjahed Bachir
Réactions à travers le monde
Satisfaction et inquiétude
Les réactions à travers le monde ont continuer de fuser après l’annonce de la mort de Ben Laden suite à une opération commando mené contre le chef suprême d’El Qaida.
Le Premier Ministre britannique David Cameron a affirmé hier que la mort du chef du réseau terroriste d’Al Qaida Oussama Ben Laden constituait un « grand soulagement pour les peuples dans le monde ». M. Cameron a ajouté dans un communiqué que le Royaume-Uni salue la mort de Ben Laden, qui a-t-il indiqué, constitue un « grand soulagement pour les peuples dans le monde ».
M. Cameron a tenu à rappeler que Ben Laden était « responsable de la mort de milliers de personnes innocentes de toutes confessions et religions dans le monde », et « ordonné la mort de nombreuses personnes en Grande- Bretagne De son côté L’organisation internationale, Human Rights Watch (HRW) s’est félicitée de cet évènement notant qu’il « met fin à la traque de l’un des suspects de terrorisme les plus notoires de l’histoire ».
L’annonce de la mort de Ben Laden « met fin à la traque de l’un des suspects de terrorisme les plus notoires de l’histoire », précise l’organisation dans un communiqué, publié dimanche soir à New York- L’Union européenne (UE) a qualifié hier la mort du chef du réseau terroriste Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, de « résultat majeur » dans la lutte contre le terrorisme. Le Yémen à son tour s’est réjouit de la mort d’Oussama Ben Laden qui dirigeait le réseau terroriste d’Al Qaida, espérant qu’elle constitue « le début de la fin du terrorisme » …Dans le pays du levant Le Japon s’est félicité hier de la mort du chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, en soulignant qu’il s’agit d’ »un progrès significatif » dans la lutte contre le terrorisme.
Dans une déclaration, citée par les médias nippons, le ministre japonais des Affaires étrangères, Takeaki Matsumoto a affirmé que son pays avait « également activement participé aux efforts pour éliminer le terrorisme, en particulier à travers sa coopération en Afghanistan et au Pakistan. En Turquie, Le président turc Abdullah Gül a salué hier la mort du chef du réseau terroriste d’Al-Qaïda Oussama Ben Laden, tué lors d’une opération de commandos américains près d’Islamabad (Pakistan).
« J’accueille avec grande satisfaction sa mort », a déclaré M. Gül à des médias, dans sa première réaction à l’annonce de la mort de Ben Laden, faite dimanche soir par le Président américain Barack Obama. A Rome le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini s’est dit satisfait de l’élimination du cheikh de la terreur est une victoire qui récompense les efforts de chacun d’entre nous, qui avons combattu le terrorisme », a dit Frattini, C’est « une victoire du bien contre le mal, de la justice contre le mal, (une victoire) pour le monde libre et démocratique « , a-t-il ajouté, soulignant que cette « victoire ne doit pas faire baisser la garde dans la lutte contre le terrorisme. La chancellière allemande Mme Angela Merkel estime que la mort de Ben Laden constitue un coup décisif contre Al Qaida, rappelant cependant que le terrorism international n’est toutefois pas encore vaincu…