Ben Badis, retour sur le parcours héroïque de l’un des pères du nationalisme algérien

Ben Badis, retour sur le parcours héroïque de l’un des pères du nationalisme algérien

Abdelhamid Ben Badis, né le 4 décembre 1889 à Constantine et mort le 16 avril 1940 dans la même ville, fondateur de l’Association des Oulémas, est une figure emblématique du mouvement réformiste musulman en Algérie.

La jeunesse d’Abdelhamid Ben Badis

Abdelhamid Ben Badis est originaire de Constantine, ville du nord-est de l’Algérie. Il était issu d’une famille bourgeoise qui se réclamait des Zirides, une dynastie berbère musulmane fondée au Xe siècle par Bologhine ibn Ziri. Ben Badis a grandi dans un foyer de science et de religion. À l’âge de treize ans, il avait mémorisé entièrement le Coran.

En 1908, à l’âge de 19 ans, Ben Badis décide d’entreprendre son premier voyage afin de parfaire son apprentissage. Il se rend à Tunis et rejoint l’historique Université Zitouna (fondée en 737 apr. J.-C.). Ici, Ben Badis approfondit sa connaissance des sciences islamiques et de la langue arabe. Il y croise en outre de nombreux maîtres qui laissèrent une trace indélébile sur sa personnalité et influencèrent sa compréhension de l’Islam. En 1912, il obtient son diplôme, puis reste à l’université une année supplémentaire pour y enseigner.

En 1912 toujours, Ben Badis part accomplir le pèlerinage à la Mecque. Le hadj terminé, il se rend à Médine. Il y demeure trois mois durant lesquels il donne des cours aux pèlerins et aux résidents au sein de la mosquée du Prophète, Al-Masjid al-Nabawi.

La pensée d’Abdelhamid Ben Badis

À Médine, Abdelhamid Ben Badis rencontre le cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi. Les deux hommes se voient régulièrement afin d’élaborer une méthode de réforme de l’islam en Algérie. Ce fut là le début d’une longue amitié qui donna au mouvement réformiste en Algérie une position de premier plan. El Ibrahimi exhorte Ben Badis à revenir en Algérie pour y mener la lutte contre les hérésies maraboutiques, l’ignorance généralisée et le déclin culturel de la population algérienne soumise au joug de l’occupation française.

Après son départ de Médine, Ben Badis visite la Syrie et l’Égypte. À la mosquée Al-Azhar du Caire, il rencontre d’éminents universitaires en littérature et en sciences islamiques.

Le retour en Algérie

En 1913, Ben Badis rentre en Algérie et s’installe dans sa ville natale, Constantine. Il commence à enseigner à la mosquée de Sidi Qammouch. Les cours s’adressaient aux hommes, aux femmes, comme aux enfants, et portaient sur les sciences islamiques, la grammaire et la littérature arabe ainsi que l’histoire. C’est à ce moment-là qu’il conçut l’idée de créer une association qui regroupe les savants et les dignitaires religieux musulmans.

En 1931, Ben Badis fonde l’Association des Oulémas musulmans algériens. Il s’agit d’un rassemblement de savants de la religion aux perspectives différentes, voire opposées parfois. L’Association eut une grande influence sur la politique algérienne jusqu’à la Guerre d’indépendance. Celle-ci créa, à travers tout le territoire national, de nombreuses medersas où des milliers d’enfants et de parents musulmans reçurent leur instruction.

Les Oulémas publient également un mensuel, Al Chihab, auquel Ben Badis contribue régulièrement entre 1925 et 1940, l’année de sa disparition. Le magazine informait ses lecteurs des idées de l’Association sur la réforme spirituelle et abordait d’autres questions religieuses et politiques.

La préoccupation majeure de cette période de la vie d’Abdelhamid Ben Badis fut la lutte contre la répression des patriotes algériens et la dénonciation de la propagande fasciste et des actes antimusulmans. En 1939, il fonde un club de football qu’il appela, le Mouloudia Ouloum de Constantine (MOC).

Le 16 avril 1940, Ben Badis expire dans sa ville natale de Constantine. Plus de 20 000 personnes assistèrent à ses funérailles qui prirent l’allure d’une gigantesque manifestation anticolonialiste.

Pour sanctifier le nom de l’un des plus éminents réformateurs de son histoire, l’Algérie indépendante a fait de la date du 16 avril, la Fête nationale du savoir, Youm el ilm.