Et le troisième vient de tomber ! Après le tunisien Ben Ali et l’égyptien Moubarak, voici le tour du yéménite Ali Abdallah Saleh de se retirer. Au pouvoir depuis 32 ans, le président Saleh a accepté de partir, mais en posant ses conditions. Une immunité complète pour lui, pour sa famille et pour ses assistants, ainsi que la création d’un gouvernement d’union nationale. Les conditions étant acceptées par l’opposition, son départ devrait donc intervenir dans les 30 prochains jours.
Le président yéménite est ainsi le troisième chef d’Etat arabe a cédé à la pression de la rue après Ben Ali qui a fuit la Tunisie le 14 janvier 2011 et Hosni Moubarak qui a renoncé à ses fonctions vendredi 11 février.
L’opposition yéménite a finalement accepté le plan de sortie de crise présenté par les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et participera à un gouvernement de transition.
La coalition qui réclame le départ du président Ali Abdallah Saleh avait salué samedi la médiation du CCG mais, en désaccord sur certains points, avait alors refusé de participer pas à un gouvernement d’union nationale.
Le plan de sortie de crise présenté la semaine dernière prévoit un transfert du pouvoir en trois mois. Les six Etats membres du CCG, alliance régionale militaire et politique, demandent au président Saleh de remettre les rênes du pays à son vice-président dans le délai d’un mois après la signature d’un accord.
Un responsable de l’opposition devrait prendre la tête d’un gouvernement intérimaire chargé de préparer l’élection présidentielle deux mois plus tard.
Le projet accorde l’immunité à Saleh, à sa famille et à ses conseillers qui ne pourraient pas faire l’objet de poursuites judiciaires comme le réclament leurs adversaires.
Des manifestations inspirées des soulèvements qui ont renversé les dirigeants tunisien et égyptien en début d’année se poursuivent depuis plus de deux mois au Yémen.
Dés le début de la contestation, le président a fait preuve d’une volonté de mater les manifestants en tirant sur les foules. La répression a fait au moins 130 victimes. Au fil des semaines, Ali Salah a finit par perdre le contrôle de pans entiers de son pouvoir.
Il aura été lâché par des membres de son parti, des députés, des membres du gouvernement, des chefs de la police, des diplomates de haut rang. Mais, surtout, plusieurs commandants de l’armée ont rejoint l’opposition et déployé des chars dans les rues de la capitale Sanaa pour soutenir les manifestants.
Agé de 69 ans, Ali Abdallah Saleh a été porté au pouvoir après le coup d’Etat de juillet 1978 qui s’est soldé par l’assassinat des présidents Ibrahim al-Hamdi et Ahmad al-Ghashmi.
Celui qui a soutenu Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe (1990-1991) est le premier président élu du pays en 1999 avec 96 % des voix. Sept ans après, il est réélu le 22 septembre 2006 avec 77,2% des suffrages.
Au Yémen, le pouvoir est une affaire de famille. Le fils aîné du président commande la garde républicaine et les forces spéciales, ses trois neveux s’occupent de la sécurité nationale, des forces centrales de sécurité et de la garde présidentielle. Quant à son demi-frère, il dirige tout simplement l’armée de l’air.
Confronté à une fronde sociale, Ali Saleh avait annoncé mercredi 2 février 2011 qu’il ne briguera pas un nouveau mandat et quittera le pouvoir avant 2013.
Désormais, il prendra sa retraite dans un mois à moins d’un retournement spectaculaire de la situation.
Ali Saleh, Moubarak et Ben Ali dégagés, trois autres chefs d’Etat sont actuellement en sursis. Bachar El Assad en Syrie, Mouamar Kadhafi en Libye et Abdelaziz Bouteflika en Algérie.
(Avec AFP et Reuters)