Ben Ali donne des gages aux manifestants mais déploie l’armée à Tunis

Ben Ali donne des gages aux manifestants mais déploie l’armée à Tunis
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Le gouvernement tunisien tente d’éteindre l’incendie. Mercredi 12 janvier, le premier ministre, Mohamed Ghannouchi, a annoncé le limogeage du ministre de l’intérieur, Rafik Haj Kacem, ainsi que la libération de toutes les personnes détenues depuis le début des émeutes sociales qui secouent le pays.

Il a également annoncé, au cours d’une conférence de presse, la formation d’une commission d’enquête sur des actes de corruption présumée concernant des responsables publics, que dénoncent opposition et ONG.

Des sources au sein de l’opposition ont par ailleurs fait état du limogeage du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar. Celui-ci aurait refusé de donner l’ordre aux soldats de réprimer les émeutes et exprimé des réserves sur un usage excessif de la force. Un usage « disproportionné » de la force condamné mercredi par la porte-parole de Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne .

ARMÉE DÉPLOYÉE À TUNIS

Dans le même temps, pour la première fois depuis le déclenchement des affrontements que connaît la Tunisie depuis quatre semaines, l’armée tunisienne s’est déployée à Tunis. La tension est montée dans la capitale au lendemain d’affrontements entre la police et des manifestants qui ont éclaté dans la nuit dans la banlieue ouest, populaire. Un événement inédit dans la chronologie de la contestation, l’épicentre du mouvement se situant jusqu’à présent dans le centre du pays.

Dans Tunis, outre des renforts importants de police et unités d’intervention spéciales, deux véhicules de l’armée et des soldats en armes montaient la garde sur la place reliant les avenues de France et Habib-Bourguiba, face à l’ambassade de France et à la grande cathédrale de Tunis. Cette place avait été la veille le théâtre de manifestations étouffées par la police.

Des renforts militaires étaient également visibles autour de la maison de la radio-télévision dans le quartier La Fayette. L’armée avait aussi pris position au centre et à l’entrée de la cité populaire d’Ettadhamen où des jeunes et des policiers se sont affrontés la veille au soir.

Les stations de radio nationales et privées diffusaient leurs programmes normalement, la radio gouvernementale revenant largement sur les mesures prises par le président, Zine El-Abidine Ben Ali.

UNE RÉPONSE INSUFFISANTE, SELON L’OPPOSITION

La crise que traverse la Tunisie, sans précédent depuis 23 ans, a pris un tour dramatique ce week-end avec des affrontements violents dans des villes du centre qui ont fait 21 morts selon le gouvernement et plus de 50 selon une source syndicale.

Le président Ben Ali, âgé de 74 ans, était intervenu lundi à la télévision, promettant la création de 300 000 emplois en deux ans. Il avait aussi qualifié les violences d’ »actes terroristes » et accusé des « éléments hostiles à la solde de l’étranger ». L’opposition et les ONG ont jugé la réponse du pouvoir insuffisante, un parti radical appelant même à la démission du gouvernement.

Selon dix ONG, dont la Ligue de défense des droits de l’homme, les véritables causes de la crise sont « la corruption, le népotisme et l’absence de libertés politiques ».