Ben Aknoun croule sous les ordures !

Ben Aknoun croule sous les ordures !
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Devant l’indifférence des pouvoirs publics et l’incivisme de certains citoyens, la saleté dans les villes algériennes est-elle devenue une fatalité ? Tout porte à le croire quand on constate que toutes les cités à quelques exceptions près, chefs-lieux des communes, des daïras, des wilayas ainsi que la vitrine du pays, la capitale, sont sales, malpropres et souffrent d’un manque criant d’hygiène

Nous sommes au 15e jour du mois sacré du Ramadhan et les emplacements dédiés au dépôt des poubelles ménagères sont toujours débordés d’ordures au niveau des cités de la commune de Ben Aknoun. Les camions à benne d’ordures de NETCOM ne passent plus pour l’enlèvement les tas d’ordures accumulées depuis le début du mois de carême. Pourquoi cette situation ?

Une tournée dans les différents quartiers et rues de la capitale montre l’ampleur de cette réalité. La réalité est que la capitale algérienne croule sous le poids des ordures. Des bacs à ordures parsèment les rues mais, paradoxalement, des ordures sont déversées, éparpillées partout à même le sol et de surcroît sous des habitations. Des odeurs nauséabondes se dégagent de partout.

Face à cette situation d’insalubrité avancée dans cette municipalité de Ben Aknoun les citoyens habitant la cité ont contacté le service d’hygiène de l’APC de Ben Aknoun pour éradiquer ce phénomène et rayer ainsi les points noirs dans cette commune ; depuis, les choses n’ont pas beaucoup changé et les tas d’ordures sont toujours présentes.

Faut-il rappeler aux responsables et aux élus de la commune que la gestion du ramassage des ordures, de leurs répartitions et de leurs enfouissements est une science au même titre que la gestion de l’électricité, de l’eau et du gaz, pour ne citer que ces secteurs ?

Dans les pays développés, divers bacs à ordures sont installés de telle sorte qu’ils reçoivent séparément soit des bouteilles en plastique, soit des bouteilles en verre, soit du papier ou des cartons. L’exploitation de ces différentes matières sert à la récupération et à la transformation en produits renouvelés et recyclés. Rien ne se perd, tout se transforme. En fait, c’est une véritable industrie capable de créer de nombreux emplois.

Si l’entreprise Netcom assure le nettoyage des rues principales, et quel nettoyage, il demeure que les petites ruelles et les cités sont laissées pour compte et l’image qu’elles offrent aux passants est désolante.

Au niveau des marchés, c’est la catastrophe. Fréquentés largement par les citoyens, ces marchés constituent l’une des principales causes de l’état d’insalubrité très avancé de la capitale. Les marchands laissent sur place les résidus de leurs marchandises une fois le marché terminé.

La mise à contribution des moyens matériels et humains de la commune qui vient en renfort de l’action quotidienne des concessionnaires, NETCOM et autres entreprises, n’a pas donné l’effet escompté. Pour arrêter cette mascarade, l’APC doit créer et solliciter, de micro- entreprises privées de récupération et d’enlèvement des ordures.

Un sociologue exerçant à l’université d’Alger, qui a souhaité garder l’anonymat, incombe la situation actuelle d’insalubrité des villes en Algérie à la disparition progressive des institutions municipales en charge de l’hygiène. Il estime également que la dégradation des conditions d’hygiène, irréprochables sous d’autres cieux, qui porte un coup dur au cadre de vie de la population, est due à un manque flagrant de civisme. « La dégradation de la situation en matière d’hygiène est le fait du manque de civisme des citoyens qui, au fil des jours et des ans, ont pris l’habitude de jeter leurs déchets n’importe où et n’importe comment sans aucun complexe », a-t-il indiqué. Ce problème de comportement, a ajouté notre interlocuteur, trouve sa source dans la qualité de l’éducation qu’on prodigue aux citoyens que ce soit à l’école ou dans la cellule familiale.

Un classement effectué par le groupe britannique «Urban Clean Environment» place Alger parmi les trois capitales les plus sales au monde derrière Banjul en Gambie et Kigali au Rwanda. L’étude mentionne que le manque de civisme des Algériens est la raison de cette situation plus qu’alarmante .

Par Rachid Moussaoui