Mokhtar Belmokhtar, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique ( Aqmi) affirme que son organisation a acquis des armes libyennes durant le conflit ayant abouti à la chute de Mouammar Kadhafi.
«Les combattants d’Aqmi ont été les plus grands bénéficiaires des révolutions dans le monde arabe (…) et pour ce qui est de l’acquisition, par nous, de l’armement en Libye, c’est une chose tout à fait normale», a déclaré Mokhtar Belmokhtar à l’Agence Nouakchott Informations (ANI). Cette agence de presse a régulièrement publié par le passé des communiqués ou des déclarations de membres d’Aqmi sans jamais avoir été démentie.
Le chef terroriste, d’origine algérienne, n’a pas donné de détails sur les armes reçues par son organisation alors que de nombreux spécialistes se sont déjà inquiétés de la dissémination d’armes libyennes au Sahel à la faveur du conflit en Libye. Il a par ailleurs déconseillé aux ex-rebelles libyens de déposer les armes après la mort de Kadhafi, tué le 20 octobre. Il a estimé que les «armes aux mains des combattants (ex-rebelles libyens) constituent le gage de leur gloire et de la réalisation des objectifs de la révolution qui restent la mise en place d’un régime islamiste» en Libye. Le dirigeant d’Aqmi a reconnu l’existence de «relations idéologiques» entre son organisation et les «jeunes combattants islamistes» libyens, affirmant toutefois : «Nous n’avons pas combattu avec eux, sur le terrain, contre les forces de Kadhafi.» Selon lui, de «jeunes islamistes, des jihadistes (…), ont constitué le fer de lance de la révolution en Libye». La fuite des armes libyennes inquiétait depuis longtemps les pays du Sahel et même le conseil de sécurité des Nations unies et l’Otan. L’Algérie était parmi les premiers pays à tirer la sonnette d’alarme et à appeler toutes les parties concernées à s’unir et prendre les mesures nécessaires pour faire face à cette menace. En juillet dernier, le ministre chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, avaient affirmé que des armes provenant de Libye ont été utilisées dans l’attentat ayant ciblé l’école militaire de Cherchell et d’autres attentats terroristes à Jijel et Boumerdes. « Il y a eu une recrudescence d’attentats chez nous. Ce n’est pas un hasard. Elle est le fait d’armes et de munitions qui arrivent de Libye qui est devenue un dépôt d’armes à ciel ouvert. Il y a beaucoup d’armes qui circulent dans ce pays et qui sont transférées vers des zones de conflit», avait-il déclaré, appelant les pays du Sahel à une «coopération active» pour y faire face. Pour sa part, le président Amadou Toumani Touré, avait fait part, en août , de l’«inquiétude profonde» que lui inspire, pour tout l’espace saharo-sahélien, l’après-Kadhafi. «La Libye est un magasin d’armements et une poudrière. Malgré toute sa bonne volonté, le CNT ne peut enrayer le phénomène», avait-il affirmé. Début octobre, l’amiral italien, Giampaolo di Paola, président du comité militaire de l’Otan, a confié que 10 000 missiles sol-air avaient disparu des centres de stockage de l’armée libyenne, affirmant que la crainte principale de l’Otan est que ces missiles soient tombés entre les mains de groupes armés en Afrique ou dans les autres pays arabes.
R. I. / Agences