C’est dans le cadre paradisiaque d’un Palace relais et château situé au cœur de la forêt, dans la région de Chantilly, que nous avons rencontré l’ancien capitaine des Verts, Djamel Belmadi, qui prépare sereinement son équipe de Lakhouiya.
Lors de cet entretien, nous avons abordé plusieurs sujets parmi lesquelles sa formidable reconversion en tant qu’entraîneur, ses ambitions avec Lakhouiya, la venue de Madjid Bougherra et bien sur l’équipe nationale.
– Djamel, encore une fois félicitations pour votre titre de champion, mais projetons nous dans le futur immédiat, quels sont les objectifs de Lakhouiya et de Djamel Belmadi pour cette saison ?
– Je vous remercie beaucoup. En ce qui concerne cette nouvelle saison, nous ne sommes plus le petit promu inconnu de tous qui réussi l’exploit de remporter le titre. Nous sommes les champions et nous devons honorer notre statut en visant tous les objectifs. Nous jouerons le coup à fond en championnat bien sûr, mais aussi en AFC Champions League.
– Avez-vous remarqué la nouvelle tendance des clubs qataris, qui, à l’image de votre équipe, recrutent de plus en plus de jeunes joueurs en activité plutôt que des stars en fin de carrière comme jadis ?
– C’est voulu. Ici au Qatar, on s’est rendu compte que pour faire progresser le niveau du championnat, il valait mieux prendre des joueurs jeunes et en activité plutôt que de pratiquer une politique de stars système comme par le passé, avec de grands noms, certes, mais âgés et hors de forme. Le meilleur exemple est mon équipe, Lakhouiya, avec des joueurs tels que Aruna Dindane, Bakari Koné ou encore Abdeslam Ouaddou, qui sont encore très performants techniquement, physiquement et qui élèvent le niveau de l’équipe et du championnat en tirant tout le monde vers le haut.
– On annonce la signature imminente de Madjid Bougherra à Lakhouiya. Pouvez-vous nous le confirmer ?
– Je n’ai rien à dire sur le sujet.
– Pouvez-vous au moins nous dire s’il y a eu contact ?
– Comme je vous l’ai dit, je n’ai rien à dire sur le sujet.
– Avez-vous suivi l’affaire des quotas en France ? Si oui, qu’en pensez-vous ?
– Honnêtement, j’étais au Qatar et j’ai suivi ça de loin, donc je ne peux pas vraiment m’exprimer sur le sujet. Tout ce que je peux dire, c’est que ce n’est pas normal qu’un entraîneur national participe à une telle conversation qui n’honore personne.
– Etes-vous intéressé par le fait d’entraîner un jour un club de Ligue 1 européen ou alors cela vous semble-t-il difficile avec les problèmes de racisme dans le football français ?
– Bien sûr que je suis intéressé, si l’occasion se présente, pourquoi pas. Le premier à avoir soulevé le problème de la non-présence de gens issus de la diversité dans la fonction d’entraîneur en Europe, c’était Paul Ince, l’ancien joueur de Manchester United, à l’époque où j’étais joueur et le problème semble encore d’actualité aujourd’hui.
– Ne pensez-vous pas qu’avec les investissements d’hommes d’affaires qataris dans le football français et européen, des portes vont s’ouvrir pour les entraîneurs d’origine maghrébine et arabe ?
– Je trouve malheureux qu’en 2011, il faille attendre des investissements arabes dans le football français et européens pour que des entraîneurs d’origine maghrébine aient leur chance. Le seul critère devrait être la compétence et la compétence existe.
– Maintenant, si vous le voulez bien, nous allons parler de l’équipe nationale. Que pensez-vous des éliminatoires de la CAN 2012 de notre EN ?
– Je pense que lorsqu’on est demi-finaliste de la CAN et mondialiste, faire les éliminatoires que l’on vient de faire, cela fait un petit peu désordre. L’EN n’a pas su gérer le succès. Nous étions sur une phase ascendante, au lieu de nous remettre en question, de se remettre au travail pour rester au sommet durablement, nous nous sommes reposés sur nos lauriers et ça a été la dégringolade. Au moment de la qualification au Mondial, je n’arrêtais pas de le dire, il faut se remettre au travail. Nous avions une occasion unique de moderniser et professionnaliser plus l’équipe nationale, la fédération et le football algérien et nous avons loupé le coche.
– Avez-vous des contacts avec la fédération algérienne de football ?
– Non, je n’ai aucun contact avec la fédération. J’ai rencontré deux trois fois monsieur Raouraoua à Doha, mais sinon, il n’ya rien d’autre.
– Qu’avez-vous ressenti après le 4 à 0 de Marrakech ?
– J’ai ressenti la même chose que tous les Algériens, une énorme tristesse et une énorme déception.
– Que vous inspire la nomination de Vahid Halilhodzic à la tête des Verts ?
– Franchement, je ne le connais pas personnellement, mais d’après les échos que j’ai, c’est un homme très compétent, et très rigoureux.
– Djamel Belmadi pense-t-il à entraîner un jour l’équipe nationale ?
– Au jour d’aujourd’hui, je n’y pense pas. J’aime mon pays et bien sûr que comme tout Algérien, entraîner l’Algérie est un rêve, mais je ne me vois pas prendre en main l’équipe de mon pays, avec seulement un an d’expérience. Dans cette fonction d’entraîneur, contrairement à lorsque j’étais joueur, je n’ai pas de plan de carrière précis. Je suis motivé à 120% dans mon travail immédiat, que j’essaye de faire à fond et je ne me projette pas plus loin que la fin de saison. Evidemment, lorsque je me sentirai prêt, si mon pays a besoin de moi, ma réponse sera oui.
– Avez-vous suivi l’épopée de notre équipe nationale militaire championne du monde ?
– Je l’ai suivie par hasard. Je suis tombé sur un article dans le magazine France Football qui parlait de cette Coupe du monde militaire et qui énumérait la myriade de grandes stars du football tels Platini et Pelé qui étaient passées par l’équipe nationale militaire. J’ai été très heureux de la victoire de cette EN militaire et je pense que du côté de l’équipe A, il faudra se pencher sur ces joueurs, car comme l’a dit France Football, il y a de très grandes stars qui sont passées par l’EN militaire. Peut-être qu’un futur grand du football mondial se trouve dans ce groupe. En tout cas, je les félicite.
– Merci Djamel Belmadi et bonne chance avec Lakhouiya.
– Merci à vous.
M. B.