«Je suis victime de l’acharnement d’un journaliste allemand à qui je n’ai pas répondu favorablement à sa sollicitation pour une interview»
Au terme de ce match gala qui a opposé son équipe de l’Eintracht Frankfurt au grand club anglais du Chelsea FC, au stade Commerzbank-Arena de Francfort, on s’est approché de l’international algérien Habib Bellaïd pour recueillir ses impressions sur cette rencontre, et sur sa prestation au cours des 45 minutes où il a pris part (le joueur était entré en début de 2e période).
On a évoqué avec lui par la suite son avenir dans ce club, et surtout parlé de la relation qui le liait avec son entraîneur, Michael Skibbe, et qui d’après ce qu’il paraît n’envisage pas de compter sur le défenseur algérien cette saison. On n’a pas omis aussi de revenir sur la participation des Verts au dernier Mondial et sur son choix pour l’Algérie plutôt que la Tunisie qui le courtisait depuis assez longtemps pourtant.
A préciser que l’interview avec Bellaïd a été réalisée 15 minutes avant qu’on ne rencontre l’entraîneur de l’Eintracht.
Pour commencer, un petit retour sur cette rencontre que vous venez de disputer avec votre équipe de l’Eintracht Francfort face à Chelsea, avec à la clé une victoire de prestige. Un mot sur ce succès ?
Je dirai que c’est une victoire méritée qui nous met plus en confiance à l’approche du coup d’envoi de la compétition officielle. C’est bien pour moi aussi, car ça fait longtemps que je n’ai pas autant joué et gagné un match. Ma participation aujourd’hui prouve que toutes les informations colportées dernièrement par la presse allemande ne sont en vérité que de fausses rumeurs.
Il est clair que si je ne faisais pas partie des plans du coach, je n’aurais pas été aligné toute une mi-temps, face à un grand club comme Chelsea. Néanmoins, je sais que j’ai beaucoup de travail à accomplir pour lui prouver ce que je vaux réellement.
Comment jugez-vous votre prestation durant la mi-temps que vous avez jouée ?
Sans prétention aucune, je dirai que j’ai fait un bon match, face à adversaire de grand calibre ne l’oublions pas. Je dois avouer cependant, qu’au début, c’était un peu difficile pour moi, car rentrer en jeu face à Chelsea n’est pas du tout évident.
Dieu merci, tout c’est très bien passé pour moi et pour l’équipe aussi. Le fait d’avoir bénéficié d’un assez conséquent temps de jeu me permet de reprendre confiance et surtout de retrouver mes sensations, avant de rejoindre dans quelques jours la sélection nationale.
Après trois semaines de repos bien mérité, suite à votre participation avec l’Algérie au Mondial, comment vous sentez-vous actuellement sur le plan physique ?
Oui, après avoir bénéficié de trois semaines de vacances, je dirai qu’actuellement, je retrouve petit à petit mes moyens physiques. Ça fait maintenant deux semaines que j’ai repris l’entraînement avec le groupe. Je sais que je vais avoir un petit coup de pompe dans les jours à venir, compte tenu du fait que j’ai vraiment sué aux entraînements dernièrement, mais ce n’est pas grave.
L’essentiel étant d’être prêt d’ici l’entame de la saison. Je me bats au quotidien aux entraînements pour prouver au coach que j’ai ma place dans cette équipe et que je peux jouer. Même lorsqu’il m’a fait joué 15 minutes, je n’ai pas lâché. Je suis déterminé et je ne compte pas baisser les bras.
Le coach vous a-t-il félicité pour votre rendement après le match ?
Oui, il m’a dit ‘bien joué’. Mais je dois dire que je n’ai pas besoin de ça pour avancer. Je sais ce que je vaux et j’ai conscience de ce qui m’attend. J’essaye de retrouver au plus vite toutes mes plénitudes physiques pour arriver à être au top sur le terrain.
A en croire la presse allemande, votre entraîneur Michael Skibbe ne semble pas trop satisfait de vos prestations et n’envisage pas de trop compter sur vous cette saison. Qu’en est-il au juste ?
La vérité, c’est que c’est un journaliste allemand à qui je n’ai pas répondu favorablement pour une interview qui a monté toutes ces conneries. Que le coach dise qu’il n’est pas satisfait de moi, je pense que c’est faux. J’ai pris part à deux matchs amicaux.
Le premier, on l’a gagné par 13-0, et le deuxième aussi face à Santander et je ne vois pas pour quelle raison l’entraîneur ne serait pas satisfait. Vous pouvez aller voir Lacen, il vous dira que durant les 15 minutes que j’ai jouées face à son équipe, j’ai plutôt été bon. Pour moi, El Hamdouli Allah, tout se passe bien et je n’ai pas du tout envie d’entrer dans la polémique.
Comment est votre relation avec le coach ?
C’est une relation entraîneur/joueur, pas plus que ça. Je n’ai pas besoin de plus, lui aussi d’ailleurs. C’est uniquement le terrain qui tranchera. S’il me fait confiance, j’essayerai de tout faire pour bien l’honorer, et comme vous l’avait vu aujourd’hui, j’ai bien tenu mon rôle face à Chelsea. Donc, il n’y a pas lieu de trop s’inquiéter.
Même s’il reste encore un mois avant la clôture officielle du mercato. Peut-on avancer néanmoins que Bellaïd va rester à Francfort ?
Ecoutez, je pense que ça se décidera après la rencontre que je disputerai avec la sélection face au Gabon. J’espère en savoir plus d’ici le 15 août. Cela dit, je peux vous affirmer que je me sens bien ici et que je ne trouve pas de raisons qui me pousseront à partir. On verra en tout cas au moment opportun.
Au cours des semaines passées, on a pu entendre que des formations françaises tels que le RC Lens ou bien l’AS Monaco, s’intéresseraient à vous. Qu’en est-il au juste et est-ce que vous avez reçu des propositions officielles de la part de ces clubs ?
Vous savez, entre un intérêt et une offre, il y a un monde. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, pour le moment je suis toujours à l’Eintracht et je me sens bien dans ce club.
Si d’ici la fin du marché des transferts, un club venait à me faire une offre, on se mettra tous autour d’une table et on en discutera. A Francfort, je ne manque de rien. Le club dispose d’un très beau stade où l’ambiance est très grande.
C’est très motivant pour un joueur. Il nous reste encore un autre stage en Autriche et c’est clair qu’après le match face au Gabon, je prendrai une décision définitive quant à mon avenir.
Parlons un peu de la sélection à présent. Si on vous demandait une analyse du parcours de l’EN durant le Mondial, qu’est-ce que vous direz ?
Je suis content de ce qu’on a fait, et un peu déçu aussi, car je pense qu’on aurait pu faire beaucoup mieux. Il y a un Américain qui joue avec moi à Francfort, Ricardo Klark, qui m’a dit que l’Algérie les avait impressionnés et vachement surpris.
Il m’a avoué que les Américains ne s’attendaient pas à voir l’Algérie jouer aussi bien et affirme que si Djebbour avait pu marquer ce but en début de match, le score aurait été tout autre. Sincèrement, je pense qu’on a beaucoup progressé en Afrique du Sud. On a prouvé qu’on était costauds face aux grandes équipes et qu’on pouvait même se qualifier au second tour. A présent, c’est clair qu’on va être l’équipe à battre. On doit pour cela bien se préparer et surtout rester vigilants.
N’êtes vous pas trop déçu de ne pas avoir joué la moindre minute dans ce Mondial justement ?
Non, non. Le fait d’avoir été appelé pour le Mondial, c’est déjà bien. A présent, on va entamer une nouvelle campagne de qualifications pour la CAN 2012 et les choses vont certainement être différentes. Je ne peux pas être déçu de ne pas avoir joué, sachant que Bougherra, Yahia et Halliche avaient parfaitement tenu leur rôle. J’attendrai mon tour sans souci et sans créer de problème.
Pour votre première expérience au sein de la sélection, comment s’est faite votre intégration …
Mon intégration s’est très bien déroulée. Les anciens m’ont bien accueilli et je n’ai pas rencontré beaucoup de difficultés à m’imposer. C’est vrai que le fait d’être 7 nouveaux joueurs à intégrer d’un coup la sélection, ça n’a pas été trop facile au début ; d’autant que les anciens savent qu’on a pris la place de leurs amis. Néanmoins, après, ils ont vu qu’on était des jeunes joueurs, et qu’on était là pour se battre pour l’Algérie, pas uniquement pour participer à la Coupe du monde. Pendant les deux mois, entre la préparation et la compétition, je peux vous assurer que l’ambiance était très bonne entre tous les joueurs.
Le sélectionneur national vous a réitéré sa confiance, en vous convoquant pour le prochain match amical face au Gabon. Cela démontre qu’il a été satisfait de vos qualités, n’est-ce pas ?
Evidemment. C’est vraiment important pour moi que le sélectionneur me fasse autant confiance. Comme je l’ai déjà déclaré, si j’ai choisi de venir jouer pour l’Algérie, c’est pour écrire une histoire et marquer mon nom de la meilleure manière, pas juste pour disputer le Mondial et repartir. J’avais dit tout cela au coach au tout début, et je pense qu’il a bien saisi ma façon de penser. Je n’ai que 24 ans et l’avenir m’appartient.
En plus d’être Algérien, vous avez aussi des origines tunisiennes. Par le passé, la Fédération tunisienne vous a sollicité pour jouer avec sa sélection nationale, mais vous avez refusé. Quelques années plus tard, voilà que vous choisissez l’Algérie. Qu’est- ce qui a motivé votre choix ?
C’est le cheikh (ndlr, il fait allusion à Saâdane), qui a fait balancer ma décision en faveur de l’Algérie. Quand il m’a appelé et qu’il m’a dit qu’il voulait me voir jouer pour l’Algérie, j’ai tout de suite accepté. Il a su me convaincre en utilisant les mots qu’il faut. Je suis fier de mon choix et je ne le regrette pas.
Et pourquoi avoir refusé la sélection tunisienne par le passé ?
J’étais jeune à cette époque, et je ne pouvais pas prendre une décision si importante. C’était un peu prématuré pour moi.
Vous espériez jouer pour l’équipe de France ?
Non, je n’avais pas cette intention. Je jouais avec les Espoirs de France, certes, mais je n’attendais forcément pas à ce qu’on me fasse appel en équipe A. C’est la même situation que sont en train de vivre Tafer et les autres. Aujourd’hui, j’ai opté pour les Verts et j’en suis vraiment content.
Dans quelques jours, en perspective de cette rencontre devant le Gabon, vous allez enfin pouvoir jouer en Algérie, dans le mythique stade du 5-Juillet. Comment voyez-vous cet événement ?
Croyez-moi, j’ai hâte et je suis vraiment pressé de découvrir l’ambiance qui règnera dans ce mythique stade. Les anciens nous ont beaucoup parlé de l’ambiance du 5-Juillet et nous ont affirmé que c’est le meilleur en Algérie.
On vous laisse conclure…
Je vous remercie d’être venu jusqu’ici pour me voir. Et j’en profite pour saluer tous les supporters algériens.