Belkhadem reconnaît la crise au FLN

Belkhadem reconnaît la crise au FLN
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C’est dans le fief de son principal “ennemi”, Mohamed Seghir Kara, que le secrétaire général du FLN a choisi de répondre aux attaques dont il fait l’objet depuis le début de la crise.

Pour la première fois, depuis l’éclatement de la crise, Abdelaziz Belkhadem reconnaît qu’il y a le feu dans la demeure du FLN.

Le patron du FLN, qui avait fait, jusque-là, la sourde oreille, semble avoir mesuré l’ampleur de la contestation de la base et les risques que cela comporte non seulement sur sa propre personne mais aussi sur le parti qui semble être mal parti pour les élections législatives de 2012.

En conviant les hommes d’affaires, ceux-là mêmes que les opposants décrient pour avoir été cooptés au sein du comité central, Belkhadem a tenu à impliquer le président de la République dans cette démarche, estimant que leur incorporation au sein du CC, même si elle est entachée d’irrégularités, est une nécessité pour l’application du programme du président Bouteflika, mais aussi, avoue-t-il, une manne incontournable pour le financement des campagnes électorales à venir.

Belkhadem a tenu à répondre aux griefs des opposants, à commencer par la participation des cadres du parti au congrès de l’Internationale socialiste à Paris, en présence de Ehud Barak. Pour lui, le retour du FLN au sein de cette organisation, qui comprend l’entité sioniste, est pareil à la présence de l’Algérie au sein de l’ONU ou de l’UPM, où Israël est présent, excluant de nouveau toute idée de normalisation avec l’État hébreu. Ceci dit, et en attendant de voir comparaître les opposants devant la commission de discipline, le patron du FLN semble avoir pris la mesure du danger qui guette le parti en cas de poursuite de la fronde. Belkhadem a, donc, décidé de convoquer une réunion du comité central pour la semaine prochaine. Officiellement, cette session a pour objet d’évaluer la très controversée opération de renouvellement des instances de base. Mais, en réalité, Belkhadem cherche à trouver une issue à la crise qui secoue le parti et qui risque de s’aggraver si les deux camps persistent à se faire la guerre.

La réunion constitue, peut-être, la dernière chance pour Belkhadem afin de rattraper ses erreurs stratégiques et de corriger le tir en vue de préparer le parti majoritaire dans la sérénité et la plénitude de ses atouts, en 2012. Mais à voir la hargne avec laquelle la direction du parti voudrait réprimer les opposants, notamment Kara et Khaldi, l’on se demande si Belkhadem mesure les risques que cela implique sur la cohésion du parti. Que Kara et Khalid soient exclus temporairement ou définitivement du parti, cela ne résout aucunement la crise née du renouvellement des structures de base du parti.

Joint par téléphone, Mohamed Seghir Kara a estimé que “Belkhadem m’a rendu un fier service en me donnant autant d’importance et en déplaçant la quasi-totalité du bureau politique à Bouira”. Tout en affirmant que la direction du parti a fait venir des gens qui n’ont rien à voir avec le parti, M. Kara a ajouté que la direction du parti s’attendait à ce qu’il y ait des affrontements avec les opposants, d’où la forte présence des forces de maintien de l’ordre. Dans le fond, il estime que Belkhadem persiste dans sa fuite en avant.

Les multiples cris de mécontentement de la base sont autant de preuves que l’opération lancée par Belkhadem a été décriée un peu partout à travers le pays. Pousser les opposants à la porte de sortie risque de provoquer l’implosion du parti et le départ de nombreux cadres vers d’autres formations donc l’affaiblissement du FLN, à une année d’une échéance décisive.

Un parti, comme le RND, y voit du pain béni, lui qui avait bénéficié à sa naissance d’une importante migration des cadres du FLN. L’on comprend, dès lors, les attaques en règle de Belkhadem contre Ouyahia ces derniers temps.

Il va sans dire que la réunion du comité central devrait apporter des clarifications dans un sens ou dans un autre. Dans la mesure où Belkhadem pourrait être tenté par “légitimer” via le comité central la poursuite du statu quo, auquel cas, il expose le parti à une crise dont personne ne pourrait mesurer les dégâts. Dans le meilleur des cas, Belkhadem pourrait lâcher du lest en allant vers un compromis qui consisterait à revoir l’opération de renouvellement des structures de base.