Le secrétaire général du FLN, Adelaziz Belkhadem, a indiqué hier que son parti avait appelé à une révision de la constitution bien avant la révision partielle de 2008, en rappelant qu’il avait installé des ateliers pour étudier la révision également des lois électorales
, celles sur les partis, sur les associations et sur l’information, ainsi que les codes de commune et de wilaya. «Néanmoins, nous avons dit que nous étions satisfaits des révisions de la constitution, mais il fallait aller plus loin et la réviser en profondeur», a précisé M. Belkhadem sur les ondes de la chaîne III.
Le secrétaire général qui est revenu sur le système politique le plus adéquat a tout d’abord souhaité que la commission annoncée par le président de la République puisse aboutir à un consensus sur la nature de ce système. «Le meilleur système politique est le système parlementaire», a-t-il dit en soulignant qu’ «il est prématuré d’aller tout de suite vers ce système».
L’idéal pour Belkhadem, c’est d’adopter le système présidentiel, différent de l’actuel et qui n’est en fait ni parlementaire ni présidentiel, mais les deux à la fois. «Nous souhaitons aller vers un système présidentiel où le président de la République et le chef de l’exécutif sont surveillés et contrôlés par le Parlement», a-t-il expliqué.
Concernant les réformes annoncées par le chef de l’Etat, il relève que les propositions du FLN seront réactualisées. «Nous pensons réactualiser ces propositions et les introduire lorsque les projets de loi seront soumis», a-t-il déclaré. Concernant la loi électorale, il n’a pas manqué de dire qu’il faut réviser tout son système et notamment le mode de scrutin.
«Le système de la proportionnelle peut être maintenu, mais il faut réviser et revoir sa forme», a-t-il précisé, en rappelant que son parti est favorable à une décentralisation et à un pouvoir local plus fort. «A travers le pays, il y a des manifestations et il y a des protestations contre une certaine manière de gouverner. Les élus locaux n’ont pas les prérogatives ou les moyens pour régler ces problèmes-là»,
a-t-il noté, reconnaissant que «s’il y a des contestations sociales légitimes non prises en charge, il est normal qu’elles amènent à une contestation de l’autorité». Sur la question de la corruption, M. Belkhadem estime qu’elle doit être l’affaire de tous, pas uniquement celle des pouvoirs publics. «Il faut que tout le monde s’y mette pour dénoncer ces pratiques et réduire ce phénomène», a-t-il estimé.
Abordant le volet de la presse en Algérie et notamment la dépénalisation de l’acte de presse, il a souligné que «c’est une bonne chose attendue par tout le monde», arguant que «la presse doit pouvoir participer à l’approfondissement du processus démocratique, en informant les citoyens et participer au contre-pouvoir en éclairant le public sur ce qui se passe dans la vie nationale».
Ainsi, il a reconnu que l’Algérie sera obligée d’ouvrir le champ audiovisuel un jour ou l’autre. «Il faut d’abord élaborer un cahier des charges précis. Il faut éviter la jonction entre le pouvoir et l’argent», a-t-il conseillé en rappelant qu’aux Etats-Unis, trois grandes sociétés détiennent 36 000 journaux, radios et télévisions.
«Il faut donc préparer cette ouverture pour éviter tout monopole sur des lignes de conduite», a-t-il estimé. Le secrétaire général du FLN a également reconnu que les médias publics n’assurent pas le service public. «Réellement, assuré, non !
C’est trop dire. Les médias lourds sont astreints à beaucoup d’obligations et il n’y a pas de concurrence. La concurrence améliore la qualité du service», a-t-il dit. Au sujet des chaînes thématiques que l’État veut créer et dont le projet remonte à quelque temps déjà, M. Belkhadem a parlé de diversité qui sera ponctuée par la création des chaînes de culture, sport, divertissement, jeunesse, parlement.
L’Algérie s’interdit de s’ingérer dans les affaires des autres
Au sujet des accusations des insurgés libyens, le secrétaire général du FLN est une fois de plus revenu à la charge pour dire et réaffirmer que l’Algérie s’interdit de s’ingérer dans les affaires des autres et encore moins d’envoyer des mercenaires. «Nous sommes contre le mercenariat» a-t-il affirmé.
«La Libye est un pays frère et ce qui se passe en Libye est une affaire libyenne qui doit être réglée entre libyens, loin de toute ingérence étrangère et loin de toute action militaire», a-t-il souligné. Au sujet des révoltes vécues par certains pays arabes, M. Belkhadem a indiqué que les peuples sont souverains de choisir leurs gouvernants, comme ils sont libres de les détrôner.
Le plus important pour lui, c’est que cela doit être de la libre décision des peuples et non pas suite à la manipulation. Par ailleurs, et concernant la recrudescence des actes terroristes et la circulation des armes, il a indiqué qu’il y a certainement un lien entre les deux faits, expliquant que «les zones de turbulence et l’instabilité politique doublée par une circulation d’armes sans aucun contrôle, il est normal qu’elles soient utilisées à mauvais escient».
Mohamed Zemmour