Belkhadem : L’Instance de consultations doit amener les réticents à changer d’avis

Belkhadem : L’Instance de consultations doit amener les réticents à changer d’avis

Le Secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), M. Abdelaziz Belkhadem a insisté, mercredi à Alger, sur la nécessité d’entreprendre un travail en direction des partis et des personnalités ayant décliné l’invitation de l’Instance de consultations sur les réformes politiques, afin de les amener à changer d’avis.

Invité de l’émission « Hiwar Essaa » de la chaîne A3 de la Télévision nationale, M. Belkhadem a affirmé que l’Algérie « est à la croisée des chemins afin d’ancrer les pratiques démocratiques », estimant qu’ »il ne faut pas rater cette occasion afin d’écouter tous les avis ».

Il a, dans ce sens, souligné la nécessité d’œuvrer à « faire changer d’avis les partis et les personnalités qui ont décliné l’invitation de l’Instance de consultations » parce qu’il y va de l’avenir du pays », sa force étant « dans ses institutions constituées du pouvoir et des partis, toutes tendances politiques confondues ».

Les partis d’opposition doivent « contribuer et donner leurs avis pour dessiner les contours de l’avenir », a-t-il dit. Reprochant à l’Instance de consultations d’avoir « ouvert grand les portes à d’illustres inconnus », il a estimé qu’il était « anormal qu’ils soient consultés pour des causes qui engagent l’avenir du pays » et que « l’avis des partis, personnalités, intellectuels et associations influentes prime sur celui de la majorité ».

Tout le monde est appelé à contribuer aux consultations, aussi bien le pouvoir que les partis d’opposition, et à oeuvrer à « la concrétisation des aspirations pour construire la démocratie et promouvoir la place de l’Algérie aux plans politique, économique et diplomatique ».

M. Belkhadem, qui sera reçu ce jeudi par l’Instance de consultations sur les réformes politiques, a indiqué que sa formation politique n’a pas encore défini sa position à l’égard des mandats présidentiels, précisant qu’il avancera la position de la majorité du comité central du parti qui est en faveur du système semi-présidentiel.

Le comité central du parti n’a pas encore tranché définitivement la question de limitation des mandats présidentiels, a-t-il précisé. Soulignant que le choix du système aura « des conséquences sur l’avenir de l’Algérie », il a estimé que la limitation des mandats dans un système parlementaire est insensée, vu que le parti qui gagne la confiance du citoyen est maintenu au pouvoir.

Il a, dans ce sens, souligné qu’il était en faveur du système parlementaire. Cependant , a-t-il dit, actuellement ce système « risque de tomber dans le piège du tribalisme et du régionalisme » car le système parlementaire « doit s’appuyer sur des programmes ».

Le dernier choix de l’Algérie ne sera pas la position de son parti qui ne sera pas seul à décider. « La décision reviendra à la majorité », a-t-il martelé, ajoutant que le système semi-présidentiel « provoquera tôt ou tard un choc au sein du pouvoir ».

Le système parlementaire qui est basé sur des programmes et la coexistence entre les partis ne pose pas de problème, contrairement au système semi-présidentiel qui confère au président de la République les prérogatives d’exécution, ce qui, a-t-il dit, « posera problème à l’avenir ».

S’agissant de la loi organique, en cours d’élaboration au niveau du gouvernement portant sur la participation politique de la femme, M. Belkhadem a indiqué que le débat porte sur le taux convenu de 30%, précisant que sa formation est en faveur d’un taux de 30 % en ce qui concerne le résultat des élections et non pas la participation.

Le parti du FLN soumettra des propositions concernant le code de l’information, a-t-il indiqué, précisant que le Haut Conseil de l’information « est nécessaire pour l’encadrement du travail journalistique ».

Le parti estime que chaque organe officiel doit avoir un porte-parole lors des rencontres périodiques pour permettre au journaliste d’accéder à l’information, a-t-il indiqué.

Concernant la liberté d’expression, il propose la creation d’un Haut Conseil de l’information composé de professionels qui seront chargés de délivrer de la carte professionnelle du journaliste et la création d’un organisme de déontologie de la profession.

Il a également proposé d’accorder aux journalistes une part du bénéfice de la publicité avec un taux qui ne doit pas excéder 30 %, reprochant à certains titres « l’exploitation de fonctionnaires sans les déclarer à la sécurité sociale »

L’ouverture du champ audiovisuel est une question inéluctable et on y parviendra tôt ou tard, mais nous ne sommes pas encore prêts », a affirmé M. Belkhadem, insistant sur la nécessité de préparer un cahier des charges qui réglemente ce secteur.

En attendant, a-t-il dit, on peut opter pour les chaînes thématiques comme cela a été proposé par le président de la République. La révision de la Constitution doit être « la loi mère », a indiqué M. Belkhadem, soulignant l’importance de réduire le nombre de lois organiques à soumettre au parlement actuel et qui, devraient inévitablement passer devant

le prochain parlement, en cas de non conformité à la Constitution révisée. Il a ajouté que son parti était l’initiateur du débat sur la révision de la Constitution, « même après la révision partielle en 2008 dans des conditions différentes de celles d’aujourd’hui ».

Les différentes propositions sur les lois objet actuellement de consultations politiques étaient « prêtes », a-t-il fait remarquer, rappelant les ateliers installés depuis plusieurs mois par le parti pour examiner une série de lois.

M. Belkhadem a évoqué les mouvements de protestation, enregistrés les derniers mois dans le pays et qui « ont touché plusieurs secteurs depuis les évènements de janvier dernier ».

« Il y a des revendications légitimes. Il faut les prendre en considération et les examiner et convaincre leurs auteurs des solutions proposées », a-t-il souligné.

Concernant l’agrément de nouveaux partis, M. Belkhadem a affirmé qu’il n’est pas contre cette idée pour peu que ça soit fait conformément à la Constitution et à la loi sur les partis.

S’exprimant sur l’économie nationale, le secrétaire général du parti du FLN a insisté sur l’importance de préparer l’économie post-hydrocarbures et l’exploitation de cette ressource pour obtenir des matières utilisables dans l’industrialisation et le développement de l’agriculture dans l’objectif d’exporter hors hydrocarbures.

A cette occasion, il a appelé à ouvrir la voie de l’investissement et à ne pas compter uniquement sur les ressources du Trésor public. « Les investissements sont devenus rares en Algérie ces dernières années », a indiqué M. Belkhadem. « Il est impératif de procéder à un examen de la situation, car le climat n’est pas favorable à l’investissement en raison de la bureaucratie », a-t-il poursuivi.

Il a par ailleurs salué la tripartite (gouvernement-syndicat-patronat)

qui a redressé la situation à travers « ses propositions formulées lors de sa dernière rencontre et qui pourraient, a-t-il dit, avoir des répercussions positives sur l’économie, notamment l’investissement étranger ».

S’agissant des affaires intérieures du parti, le SG a nié l’existence d’une crise au sein de son parti, minimisant l’importance du mouvement de redressement qu’il a qualifiée de « mouvement de personnes mis sur la touche qui concourent pour des postes ». Il a estimé que ce qui s’est passé lors de l’opération de renouvellement

des structures du parti était un « signe de bonne santé ». « Les perdants sont toujours insatisfaits et ce sont ces personnes qui adhèrent au mouvement de redressement », a indiqué M. Belkhadem.

Concernant ses ambitions pour les prochaines échéances, M. Belkhadem s’est contenté de dire que la décision de sa candidature à la prochaine présidentielle appartient au comité central.

« Le FLN peut changer de secrétaire général avant la prochaine élection présidentielle », a ajouté M. Belkhadem.