La recrudescence du terrorisme constatée ces derniers jours en Algérie a un lien avec la crise en Libye.
C’est ce qu’a déclaré hier Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et représentant personnel du président de la République sur les ondes de la chaine III de la radio nationale. La Kabylie a, en effet, été le théâtre de nouveaux attentats qui ont fait au moins 18 morts parmi les militaires et les gendarmes alors que dix terroristes ont été abattus.
Selon Belkhadem, la crise en Libye est « doublée par une circulation des armes. Personne ne sait où vont ces armes ». Et de suggérer qu’elles auraient pu franchir les frontières pour aller atterrir entre les mains des terroristes en Algérie.
« A partir du moment où les armes circulent sans contrôle, il est normal qu’elles soient utilisées (…) par n’importe qui », a-t-il soutenu. L’invité de la chaîne III a rejeté en outre les accusations portées contre l’Algérie sur l’envoi de mercenaires en Libye.
Selon lui, la situation dans ce pays « est un problème entre Libyens qu’ils doivent régler entre eux ». Revenant aux projets de réformes annoncées dans le dernier discours du Président à la nation, Belkhadem s’est dit favorable à une révision de la Constitution qui consacrerait un système présidentiel.
Ce qui signifie que le FLN n’a pas changé sur ce point, puisqu’il avait, de par le passé, toujours plaidé pour l’instauration d’un régime présidentiel. « Les amendements ne devraient pas toucher l’équilibre entre les différents pouvoirs » a-t-il ajouté. Belkhadem ne trouve pas grâce au système actuel qu’il décrit comme ni présidentiel ni parlementaire.
« Il est parlementaire parce qu’il y a la motion de censure, la déclaration du gouvernement, etc., et il est aussi présidentiel dans la mesure où le Président est aussi le chef de l’Exécutif » a-t-il souligné.
Et d’ajouter : « Nous espérons arriver à une entente sur la nature du système politique en Algérie, parce que le meilleur serait le parlementaire, mais il nécessite une culture démocratique, ce qui est prématuré. Donc, il faut aller vers le présidentiel en attendant ». Quid de la nouvelle loi sur les partis politiques ? Belkhadem suggère une piste : il faut, dit-il, « essayer de réduire cette alliance entre l’argent et le pouvoir ».
Belkhadem est resté évasif sur la question de savoir si la nouvelle loi sur les partis intègrerait dans le jeu politique les islamistes (allusion à l’ex-Fis). L’orateur s’est contenté de dire que des partis se réclamant comme « islamiques » activent déjà. S’agissant de la loi électorale, il a suggéré qu’elle doit tenir compte du fait que « la sociologie de l’électeur algérien a été suffisamment étudiée pour voir comment il se comporte » et de s’interroger : « Est-ce qu’il vote pour un programme, ou pour des personnes selon des affinités tribales ou autres ?».
L’audiovisuel
Abordant la question de l’ouverture de l’audiovisuel au privé, Belkhadem a estimé que l’Algérie sera amenée à le faire un jour ou l’autre. « Il faut d’abord élaborer un cahier des charges précis. Il faut éviter la jonction entre le pouvoir et l’argent. Aux États-Unis, par exemple, trois grandes sociétés sont propriétaires de 36. 000 journaux, radios et télévisions.
Quand on accapare un monopole, on dicte une ligne éditoriale. Là, il y a danger. Il faut donc préparer cette ouverture » a-t-il asséné. Pour lui, le projet des « chaînes thématiques » que le chef de l’Etat a évoquées dans son discours du 15 avril, «répond au souci de la diversité.
Il y aura, d’après lui, des chaînes pour la culture, le sport, le divertissement, la jeunesse et le Parlement ». « Les gens pourront opter pour la chaîne de leur choix en attendant d’arriver à l’ouverture de l’espace audiovisuel aux privés. Je ne dis pas qu’elle est prochaine ou lointaine mais je dis que c’est une fatalité.
On ne peut y échapper » a-t-il soutenu. Belkhadem a reconnu que les médias publics ne donnent pas entière satisfaction. « Les médias lourds sont astreints à beaucoup d’obligations et il n’y a pas de concurrence. La concurrence améliore la qualité du service », voilà ce qu’il répond à la question de savoir si le service public est réellement assuré par les médias publics.
Il a enchaîné sur la décision de dépénaliser les délits de presse qu’il a qualifiée de « bonne ». « La presse doit pouvoir participer à l’approfondissement du processus démocratique en informant les citoyens et participer au contre-pouvoir en éclairant le public sur ce qui se passe dans la vie nationale » a-t-il ajouté.
Le FLN va participer à l’élaboration de la nouvelle Constitution
Autre point abordé par Abdelaziz Belkhadem, le rôle que jouera son parti dans l’élaboration des amendements constitutionnels. Le SG du FLN a annoncé que son parti va réactiver des ateliers qu’il avait installés il y a trois ans pour réviser la Constitution, les lois électorales sur les partis, sur les associations et sur l’information ainsi que les codes de commune et de wilaya.
« Nous pensons réactualiser ces propositions et les introduire lorsque les projets de loi seront soumis », a-t-il soutenu.
Et d’ajouter : « A travers le pays, il y a des manifestations dans les communes où il y a des protestations contre une certaine manière de gouverner. Les élus locaux n’ont pas les prérogatives ou les moyens pour ces problèmes-là ».
Et de conclure : « S’il y a des contestations sociales légitimes qui ne sont pas prises en charge, il est normal qu’elles amènent à une contestation de l’autorité, et là, ça prend une dimension politique ».
Larbi Graïne