Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, a plaidé mercredi soir pour des réformes politiques devant mener, à travers une révision constitutionnelle, à un régime présidentiel « amélioré », au moment où l’effervescence sociale actuelle risque, selon lui, d’avoir des « conséquences politiques ».
Au cours d’une intervention télévisée, M. Belkhadem s’est dit, en d’autres termes, favorable à des réformes politiques conduites par le président de la République actuel.
« Nous sommes pour des réformes politiques sous la direction du chef de l’Etat à l’intérieur des institutions », a-t-il dit. Il considère que le système constitutionnel en vigueur n’est « ni présidentiel ni parlementaire » d’où, a-t-il dit, la nécessité de revoir la loi fondamentale pour « sortir de cette confusion » et instaurer un système qui « consacre la transparence, le contrôle et la participation la plus large ».
« Pour cela, nous devons aller vers un système présidentiel différent
de l’actuel où le président est élu sur la base d’un programme mais pour peu que le parti majoritaire au parlement soit d’une tendance politique différente, le problème de la +cohabitation+ se posera inévitablement, surtout lorsque l’on sait que le pouvoir ne se partage pas », a expliqué le responsable du FLN.
Les réformes doivent commencer, selon lui, par un bouquet de révisions dans le dispositif juridique, à commencer par la loi électorale, avec la participation de l’ensemble des partis politiques agréés, puis la loi sur les partis politiques,
la loi sur les associations, et le code de l’information.
La « révision » du code de l’information doit consacrer et renforcer
la liberté de la presse, a dit le responsable du FLN, tout en affirmant que le pays allait « dans le sens d’une plus grande ouverture » des médias.
Concernant l’ouverture de l’audiovisuel, il s’est dit convaincu que
l’Algérie y parviendrait « tôt ou tard » mais « plus tard que tôt » car, a-t-il expliqué, la relation dialectique existant entre le pouvoir, les lobbies, l’argent et l’information est susceptible d’entraîner le pays dans des méandres dont il peut se passer ».
A propos d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN), le secrétaire général du FLN s’est dit opposé à une telle idée, en déclarant simplement: « nous sommes contre la dissolution de l’APN car nous y représentons la majorité du peuple ».
Il a expliqué que de par le monde la dissolution de l’Assemblée n’intervient que dans trois cas de figure, inexistant en Algérie: une crise politique née d’un conflit entre les pouvoirs exécutif et législatif, lorsque le parti majoritaire réclame des élections anticipées pour prolonger sa position dominante au sein de cette institution, ou dans le cas où le paysage politique change avec l’apparition
de nouvelles formations pour leur permettre de participer à la course
électorale.
Aux prochaines échéances électorales, le FLN oeuvrerait à ce que
le scrutin soit « honnête et transparent avec une surveillance nationale et étrangère », a affirmé par ailleurs M. Belkhadem.
Parlant de l’octroi d’agréments à de nouveaux partis, il s’est dit favorable à cette possibilité, tout en rappelant que le principe de la liberté d’expression et d’opinion commande d’ouvrir de larges espaces à toutes les idées nouvelles, mais soumis aux lois de la République.
Par ailleurs, il a fait part de ses réserves quant à l’idée d’un « partenariat » avec les deux autres partis de l’alliance présidentielle, proposée par le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), expliquant que la mission de l’alliance se limitait à la mise en oeuvre du programme présidentiel.
Réfutant les accusations selon lesquelles l’alliance présidentielle
fermerait le champ politique, le secrétaire général du FLN a soutenu que l’alliance « assurait à la fois la stabilité politique du pays et l’exécution du programme du président de le République ».
Les candidatures aux élections présidentielles sont « ouvertes » à quiconque répond aux critères définis par la Constitution et la loi électorale, a observé par ailleurs le responsable du FLN tout en prenant la précaution de noter que les présidentielles « ne sont pas à l’ordre du jour ».
S’agissant de l’agitation qu’a connue le FLN lors du récent renouvellement des mouhafadhate, M. Belkhadem a assuré qu’il s’agissait là d’un « signe de bonne santé » et une preuve de « pratique démocratique » dans un parti dont les militants « ont exprimé leur volonté d’y travailler ».
Il a aussi assuré que le FLN restait un « parti républicain » dans sa
mobilisation et dans ses aspirations, et qui veille à donner leur chance à toutes les catégories sociales, notamment la jeunesse et les femmes.
Pour M. Belkhadem enfin, les perspectives politiques qui se profilent
ne peuvent avoir un sens sans la prise en considération des revendications sociales qui s’expriment pacifiquement par la rue mais qui risquent d’avoir, si elles ne sont traitées, des « retombées politiques », alors que ce qui se passe dans le pays « ne renvoie pas, selon lui, à une crise politique ».