Au moment où les rumeurs sur un éventuel remaniement ministériel circulent de plus en plus vu «la situation de stagnation remarquée au niveau de l’appareil gouvernemental» en plus de l’éclatement des affaires de corruption, Abdelaziz Belkhadem laissera entendre qu’un remaniement se prépare.
Dans une conférence de presse qu’il a tenue hier au siège central du parti à Alger à l’issue d’une session du comité central, le secrétaire général du Front de libération national (FLN), Abdelaziz Belkhadem dira en réponse à une question sur un probable remaniement ministériel, «rien ne dure, un remaniement gouvernemental est inéluctable» avant d’ajoutant : «Ce remaniement est présent dans les esprits des gens et toute personne qui est montée doit descendre».
Il faut dire que ce n’est pas la première fois que M.Belkhadem parle du remaniement gouvernemental même si c’était d’une manière indirecte.
D’ailleurs, lors de la conférence qu’il a tenue à l’issue du 9e congrès, il a laissé entendre qu’il y aura des changements politiques. En 2006, le président de la République avait nommé Abdelaziz Belkhadem comme chef du gouvernement après une polémique créée par le groupe parlementaire du FLN qui menaçait de rejeter la déclaration de politique générale que devait présenter Ahmed Ouyahia.
En tous les cas, le mandat de Belkhadem n’a duré que deux ans puisque le président Bouteflika avait fait appel une nouvelle fois à Ahmed Ouyahia et même après la révision de la Constitution en 2008, le remaniement ministériel n’était pas important.
Après sa réélection pour un troisième mandat, le chef de l’Etat a gardé la même équipe dans le but de consacrer la continuité mais une année après, le nouveau programme quinquennal n’est toujours pas lancé et les affaires de corruption éclatent après l’ordre donné par le président de la République d’ouvrir des enquêtes.
Dans ce cadre, le SG du FLN qui est également représentant personnel du président de la République, a été interrogé sur le souhait émis par Bouguerra Soltani pour devenir Premier ministre.
A ce propos, il dira : «La responsabilité ne se réclame pas, c’est le président de la République qui décide». S’agissant de la lutte contre la corruption, Abdelaziz Belkhadem donne une autre vision des choses.
Selon lui, l’Etat n’a pas besoin de nouvelles législations, ajoutant que la loi actuelle de lutte contre la corruption est «suffisante, il faut appliquer les lois». Dans ce contexte, il a affirmé qu’il s’agit en priorité de prévenir avant d’arriver aux malversations et donner plus de prérogatives au contrôle.
Selon lui, la transparence permettra aux élus et aux gestionnaires de s’exprimer. «Il ne faut pas paralyser les bonnes volontés» a-t-il ajouté. A savoir que le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait parlé de l’amendement de la loi de 2006. Pour M.Belkhadem, il ne faut pas mettre les cadres de l’Algérie dans le même panier afin d’éviter «la paralysie de l’Etat car personne ne voudra prendre l’initiative» tout en insistant sur l’importance de mettre les cadres à l’abri des tentations de la corruption.
Pour ce qui est de l’installation de l’observatoire de lutte contre la corruption prévu en mars dernier, il a déclaré que le retard est dû probablement à l’enquête sur la composante. Interrogé sur la détention provisoire, le SG du FLN dira que c’est «une exception».
Concernant le projet de loi portant criminalisation du colonialisme déposé depuis plus de deux mois au niveau du gouvernement, M.Belkhadem a souligné qu’il y a un processus entre l’APN et le gouvernement, ajoutant qu’appliquer cette loi, l’amender ou la retarder, le colonialisme restera pour le FLN «un crime».
Le SG du FLN s’est aussi exprimé sur le passeport biométrique en affirmant que le citoyen assume sa responsabilité, comme la dit M.Zerhouni, ajoutant que la technologie numérique peut tout dévoiler. Par ailleurs, M.Belkhadem a évoqué quelques lignes de la feuille de route de son parti qui concernera notamment, la commission des grandes réformes, le code communal et de wilaya, dont les amendements ont été finalisés.
Et pour ce qui est du code de l’information, il a expliqué que le parti a présenté des propositions depuis deux ans. «Nous voulons arriver à supprimer les délits de presse» et mettre en place une instance d’éthique dont la composante sera exclusivement constituée de journalistes.
Belkhadem choisit ses hommes
Il y a lieu de souligner que pour la composante du bureau politique du parti qui a été dévoilée, dimanche dernier, elle comporte 15 membres. Le bureau politique comprend deux femmes, Bahloul Hafida chargée de la femme et Leïla Tayeb chargée de la législation et des libertés. Et trois ministres : Tayeb Louh chargé du Travail, Amar Tou chargé de la politique générale, Rachid Haraoubia chargé des élus.
Le président de l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), Mohamed Alioui chargé des paysans, le président du groupe parlementaire du FLN, Layachi Daâdouâ chargé de l’organique, le président de l’APN, Abdelaziz Ziari chargé des études. On trouve aussi, Abdelhamid Si Afif, les militants Abelkader Zahali, Madani Bradai, Kassa Aïssi, Abdelkader Mechebek et Abderahmane Belayat.
Ainsi, Belkhadem a écarté l’ex-président de l’APN, Amar Saïdani, Salah Goudjil, Abdelkrim Abada et Saïd Bouhadja. Belkhadem dira qu’il y a eu une part de subjectivité dans son choix tout en affirmant que les personnes écartées ont accompli leur travail et qu’il s’agit actuellement d’une nouvelle étape.
Nacera Chenafi