Abdelaziz Belkhadem procède à un changement à la tête du groupe parlementaire du Front de libération nationale en désignant comme président du plus important groupe à l’Assemblée, le député de Batna, Tahar Khaoua. Son prédécesseur, Mohamed Djemai, n’aura donc duré qu’à peine quatre mois.
Ce dernier, homme d’affaires et député indépendant de Tébessa lors de la dernière législature (2007-2012), n’avait, il faut bien le dire, pas du tout fait l’unanimité lorsque, à la surprise générale, il avait été désigné chef du groupe FLN en juin dernier. N’ayant rejoint l’ex-parti unique qu’à la veille des élections législatives de mai dernier, Djemai se verra pourtant catapulté tout à la fois président du groupe parlementaire, vice-président de l’Assemblée et, fait plus surprenant encore, secrétaire général intérimaire du parti en mai, en remplacement de Belkhadem parti pour un congé ! Et au sein d’un parti comme le FLN, ce genre d’entorses aux traditions passe très mal. En son temps, en effet, cette série de désignations au profit de l’homme d’affaires de Tébessa avait suscité des mécontentements y compris au sein du bureau politique du parti où siègent de puissants ministres comme Amar Tou, Tayeb Louh, Abdelaziz Ziari ou Rachid Harraoubia. Il faut dire qu’à l’époque aussi, ces ministres- là étaient mis entre parenthèses pour ne retrouver leurs postes respectifs dans le gouvernement qu’à la faveur du remaniement du 4 septembre dernier. Lequel remaniement qui, en revanche, coûtera à Abdelaziz Belkhadem son poste de ministre d’Etat, représentant personnel du président de la République, en réalité le numéro 2 de l’ex-gouvernement Ouyahia. Ce qui a induit, de fait, un nouveau rapport de force à l’intérieur du parti qu’un homme aussi rompu aux mœurs du plus vieux parti qui sont par ailleurs celles du régime lui-même ne pouvait que prendre en considération. Lui qui se projette déjà dans la future élection présidentielle sait que la moindre erreur lui sera fatale, à seulement quelques mois de l’échéance en question. L’aventure présidentielle étant en soi incertaine pour tout postulant tant que les grandes «décantations» ne sont pas encore faites, Belkhadem ne veut certainement pas se permettre un autre front «interne» dont la conjonction avec le mouvement de contestation en cours depuis 2010 pourrait signifier la fin de sa carrière politique. D’où ce changement tactique qui consiste à désigner un député membre du comité central à la tête du groupe parlementaire. Un choix pas du tout innocent : Tahar Khaoua, pour rappel, est celui qui, lors du dernier congrès du parti, s’était levé pour proposer «le frère Abdelaziz Belkhadem au poste de secrétaire général du FLN».
K. A.