«Ce qui se passe au FLN est directement lié aux calculs politiques de certains membres du parti qui se positionnent déjà pour l’élection présidentielle de 2014», a dénoncé le secrétaire général du parti du FLN, prêt à rendre son tablier «si la majorité des membres du comité central [lui] retire sa confiance».
Avant-hier, lors d’une réunion restreinte du bureau politique (BP) consacrée exclusivement à ce problème, Belkhadem a affirmé qu’il était disposé à déposer sa démission au comité central (CC), seul organe habilité entre deux congrès : «Je suis prêt à déposer ma démission si la majorité du CC me retire sa confiance et juge nécessaire de soutenir les opposants», leur a-t-il dit.
Le patron du plus vieux parti n’a pas caché qu’une crise profonde touche actuellement le parti : «Ce qui se passe au FLN est directement lié aux calculs politiques de certains membres du parti qui se positionnent déjà pour les élections présidentielles de 2014», a-t-il encore dit. Lui emboîtant le pas, le porte-parole du parti et membre du BP, Kassa Aïssi, est davantage convaincu que ces opposants «veulent uniquement nuire à l’image du parti».
Le chargé de communication du FLN estime que cette montée au créneau de certains responsables du parti «arrange les affaires des ennemis du parti ainsi que les individus qui n’aiment pas le FLN». Qualifiant ces personnes de chantres de la division et de la fitna, Kassa Aïssi apporte une révélation de taille en rapport avec cette crise : «Ils ont voulu faire main basse sur les structures de base du parti».

Vers un remake du scénario de 2005 ?
Assiste-t-on au même scénario qui avait ébranlé le parti alors dirigé par Ali Benflis sortant d’une élection présidentielle perdue ?
En effet, d’anciens ministres (El-Hadi Khaldi, Kouidri, d’ex-membres de l’ancienne instance exécutive (Abdelkrim Abada, Salah Goudjil, Saïd Bouhadja et Amar Saïdani) se préparent à monter au créneau : «Nous n’allons pas nous taire sur ce qui se passe au parti», a indiqué un membre influent du CC qui a présidé une commission lors des travaux du 9e congrès du parti. Ce dernier se fait même un malin plaisir à reprendre la célèbre phrase du défunt président Mohamed Boudiaf : la place du FLN actuel est dans un musée.
«Oui, je le dis et je le répète fortement, le FLN doit retourner au musée. C’était sa destinée.» Cet ancien député se désole qu’un aussi grand parti que le FLN en soit arrivé à régler ses comptes à coups d’affrontements parfois violents – plus d’une quinzaine de blessés sont recensés à travers les quelque dix kasmas qui ont connu ce genre d’affrontements – : «C’est mon parti depuis mon enfance.
Ça fait mal de le dire. Mais ça me fait encore plus mal lorsque j’assiste à cette violence soudaine dans le parti depuis quelques jours. Pour un simple renouvellement de kasmas, on sort des armes à feu, des couteaux et des barres de fer.
Qu’en sera-t-il lors des prochaines élections législatives ? Des morts ? On n’a jamais vu cela auparavant. Même du temps d’Ali Benflis, la transition s’était faite en douceur. J’ai honte pour mon parti. Le secrétaire général aurait dû démissionner dès après la fin du dernier congrès. Il ne l’a pas fait. Il a dit tout de même que sa mission est aujourd’hui terminée. Qu’est-ce qu’il attend pour remettre sa démission.»
Selon ce responsable politique, l’actuelle composante du BP ne fait plus l’unanimité au sein du CC. Même le secrétaire général, n’est apparemment pas satisfait et reconnaît qu’il s’était trompé dans ses choix. La plupart des membres du BP ont des engagements ailleurs. Les ministres FLN ont du mal à concilier les deux fonctions.
Parmi les 15 membres du BP, trois font partie de l’équipe gouvernementale : Amar Tou, Tayeb Louh et Rachid Harraoubia. Même les autres membres ont une double fonction, comme le président de l’APN et celui de l’UNPA. Pris par leurs engagements, ces derniers n’assistent que rarement aux activités du parti. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est incontestablement la désignation du mouhafed de Cherchell Zahali Filali, au BP, responsable des organisations de masse (UNPA, UNFA et UNJA).
Ce dernier est, selon notre interlocuteur, honni par tous les militants du parti : «Il est connu pour être un homme des réseaux.
Belkhadem s’appuie sur lui pour infiltrer toutes les organisations de masse.
Enfin, concernant le renouvellement des structures du parti, le porte-parole du parti a indiqué que 90 % du processus de renouvellement a été réalisé, la date limite étant fixée au 31 octobre. Selon lui seules, 7 kasmas sur 1 954 ont été touchées par de violents affrontements entre les deux tendances.
Mahmoud Tadjer