Abdelaziz Belkhadem déclare ne pas «reconnaître» les redresseurs du Front de libération nationale. S’exprimant hier, lors des travaux de la conférence nationale organisée par les partis de l’Alliance sur «les événements du 17 octobre 1961», le secrétaire général du Vieux parti est passé à l’offensive.
Il a ouvertement défié ses détracteurs au sein du parti et en dehors des structures du «Front». Il a substantiellement ignoré le «Mouvement de redressement et de l’authenticité», dont les animateurs comptent le pousser vers la porte «avant la fin de l’année en cours». Pour toute réponse, Belkhadem a affirmé qu’il ne les reconnaît pas, alors qu’il y a quelques jours il a déclaré sur les ondes de la Radio nationale que la crise que connaît le FLN, divisé en trois fractions, n’est «que signe de bonne santé». Belkhadem par sa déclaration voulait passer un message aux militants et leur faire croire qu’il ne craint pas ses détracteurs et qu’il tient les choses en main. Au sujet de l’appel à la mise au musée du Front de libération nationale, Abdelaziz Belkhadem n’a pas manqué de tenir des propos acerbes. Il a admis que des personnalités voulaient mettre le FLN au musée, avant de lancer sur un ton plutôt hargneux que «celui qui mettra le Front de libération nationale au musée n’est pas encore né». Abdelaziz Belkhadem répondait aux voix qui ne cessaient de s’élever pour demander la dissolution du Vieux parti. La dernière en date était la proposition de loi signée par 22 députés et déposée au bureau de l’APN, qui voulait «en finir avec la légitimité révolutionnaire et rompre avec l’exploitation politicienne d’un sigle, patrimoine de la nation, à savoir le Front de libération nationale». D’autres personnalités issues de différents horizons ont, elles aussi, manifesté leur vœu quant à la mise au musée du Front de libération nationale. Saïd Abadou, secrétaire générale de l’Organisation nationale des moudjahidine, a laissé entendre qu’il est pour cette option en déclarant que «l’existence du FLN s’est arrêtée en 1962». Tout compte fait, ces derniers temps le Front de libération nationale fait face à une situation peu enviable qui intervient à la veille des échéances électorales et en pleine période de réformes. Ce qui n’est pas pour faciliter la tâche à la direction actuelle qui ne sait ou donner de la tête. Abordant l’Alliance présidentielle, le secrétaire général du parti a indiqué qu’«il n’y a pas de différend concernant les réformes politiques» entre les trois partenaires (Rassemblement national démocratique et le Mouvement de la société pour la paix, ndlr). Toutefois, Belkhadem ne devrait pas ignorer que les premiers bénéficiaires de la situation que traverse son parti ne sont autres que les deux autres partis de l’Alliance présidentielle, qui devraient profiter de la crise du FLN pour se réapproprier les sièges de l’Assemblée populaire nationale ainsi que ceux des Assemblées locales dont le Vieux parti est majoritaire. D’ailleurs, le pire des scénarios risque de se produire aux prochaines législatives. Les redresseurs, faut-il le rappeler, comptent se présenter avec leurs propres listes électorales. La déclaration a été faite par Salah Goudjil, un des meneurs du mouvement de redressement, lors de la conférence nationale des cadres du mouvement tenue jeudi dernier. Belkhadem qui se montre plutôt placide devant ses détracteurs, doit souffrir d’insomnies depuis plusieurs semaines.
Par Aomar Fekrache