Belkacem Silmi, wali de Tamanrasset, à “Liberté”: La wilaya “a bénéficié d’une mauvaise publicité !”

Belkacem Silmi, wali de Tamanrasset, à “Liberté”: La wilaya “a bénéficié d’une mauvaise publicité !”

Neuf mois après son installation à la tête de la wilaya de Tamanrasset, Belkacem Silmi nous accorde une entrevue mêlant entrain et rigueur, où il évoque les défis relevés par son exécutif, dont la situation sécuritaire, le tourisme, l’immigration clandestine et d’autres créneaux en mesure de booster cette collectivité promise à mille et un maux.

Liberté : D’abord, peut-on connaître le wali qui se cache derrière cette personnalité zen ?

Belkacem Silmi : Écoutez, je suis un être humain avant même que je sois premier responsable de la wilaya. Certaines choses que j’ai l’habitude de faire peuvent paraître inhabituelles. Je sors souvent sans garde et je paye ce que j’achète. Je n’ai pas de complexe là-dessus. Il m’arrive qu’on m’aborde dans la rue et je suis toujours prêt à répondre. Je ne vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire dans tout cela. Il faut savoir que la wilaya de Tamanrasset est parfaitement sécurisée. Si le citoyen peut circuler en toute quiétude, pourquoi pas le responsable ?

Dernièrement, on a remarqué l’intensification des opérations de ratissage dans nombre de quartiers du chef-lieu de wilaya. La situation sécuritaire est-elle préoccupante à Tamanrasset ?

Pas du tout. Vous vivez à Tamanrasset tout comme moi. Ce sont des opérations qui sont tout à fait normales. Tamanrasset est une zone connue pour ses caractéristiques, il y a nécessité d’agir parfois. Donc je ne vois rien d’extraordinaire. C’est dire que la situation sécuritaire est bonne.

Quelles sont les priorités que vous vous êtes fixé depuis votre installation ?

La remise en l’état de la voirie de la commune de Tamanrasset est la première des choses à laquelle on s’est attelé. On a aussi l’éclairage public qui devrait se remettre à fonctionner et les voies permettant aux gens de circuler normalement. Il y a encore d’autres choses bien évidemment. Le problème de la propreté de la ville est un autre axe qu’on va aborder avec le directeur de l’environnement et un certain nombre de partenaires, y compris des étrangers si nécessaire pour l’assistance technique. Le phénomène des constructions illicites contre lequel on est en train de lutter, même si cela ne se voit pas parfaitement sur le terrain, est aussi au centre de nos préoccupations. Ce sont là les grands axes. Plus que ça, il y a le développement industriel et économique d’une manière générale. C’est un problème beaucoup plus complexe qui demande encore un peu de réflexion pour choisir la voie sur laquelle on devrait marcher. La wilaya œuvre pour mettre fin au bricolage dans tous ses sens, notamment concernant l’amélioration urbaine. On a fourni un dossier complet qui a été transmis pour étude. Je ne vais pas dévoiler le montant parce que je ne sais pas combien on accordera à cette wilaya, mais je peux vous dire que c’est un programme ambitieux qui touche tous les aspects, dont la voirie, l’éclairage publique, les trottoirs et les avaloirs. Le même dossier prend également en charge l’enlèvement des déchets ménagers et leur traitement dans la ville de Tamanrasset.

La création de zones industrielles dans la wilaya est-elle en perspective ?

En effet. La première c’est la zone d’activité prévue à la sortie nord de la ville avec son extension qui se prépare. Les voies sont tracées, le goudron va être fait. Les réseaux d’électricité, d’AEP et d’assainissement sont prêts. Il nous reste l’assainissement des bénéficiaires qui ont pris des terrains, mais qui n’ont rien fait. Ce qui nous a conduits à l’annulation de beaucoup de décisions afin d’assurer que de bons investisseurs viennent sur le terrain et s’assurer également de l’extension qui est en cours. À cela s’ajoute la zone industrielle de Tit (40 km au nord du chef-lieu de Tamanrasset) qui s’étend sur une superficie de 400 ha. Je dirais que c’est le début du bon développement de la wilaya. Le choix de terrain a été fait, il reste son aménagement qui demande beaucoup d’argent. On est en train de préparer des fiches techniques pour essayer d’obtenir l’enveloppe financière nécessaire. Mais cette zone est tributaire encore d’autres choses. Tamanrasset, ce n’est pas uniquement la wilaya. Tamanrasset c’est aussi un pôle qui doit être créé du fait de sa position géostratégique. C’est le début de l’Afrique. Et qui dit début de l’Afrique dit échanges commerciaux et pas uniquement le troc. L’idée qui a été développée dernièrement par le ministre des Travaux publics lors de sa visite était de faire de cette wilaya un pôle économique vers l’Afrique de laquelle elle est plus proche qu’Alger. Des mesures sont en train d’être prises au niveau central, particulièrement avec le nouveau port de Cherchell qui est d’une capacité d’accueil de 6 millions de containers dont ceux qui vont être certainement dispatchés pour arriver à destination de l’Afrique via Tamanrasset. On doit préparer tout ça. À commencer par les infrastructures routières et les infrastructures d’accueil.

Qu’en est-il du secteur agricole ?

D’une manière générale, la wilaya recèle des potentialités agricoles énormes. On a recensé environ 800 000 ha cultivables qui peuvent être mis en valeur. On a donc la terre et l’eau, deux éléments importants.

Maintenant il y a certaines disparités zonales qu’il faut prendre en considération. In M’guel par exemple ne dispose pas d’eau comme In Salah, tout comme Tazrouk, Abalessa et Silet. C’est en fonction des potentialités hydriques que le développement va se faire. Actuellement, on a axé sur In Guezzam et In Salah. Cela ne veut pas dire qu’on va oublier les autres régions qui bénéficieront probablement de petits lots permettant à leurs propriétaires de vivre confortablement.

Notre espoir c’est de trouver des gens capables de mettre en valeur plusieurs milliers d’hectares à la fois pour développer une agriculture bénéfique à la nation tout entière. Une agriculture moderne, dont la céréaliculture, l’arboriculture, la phœniculture, les aliments de bétail et l’élevage qui peuvent insuffler une nouvelle dynamique.

On ne peut parler de Tamanrasset sans évoquer le secteur de tourisme qui se meurt…

Tamanrasset jusqu’à présent a bénéficié d’une mauvaise publicité. Elle est éloignée, sale. Certains sont démotivés et complètement désintéressés de la visiter.

Il est temps de changer l’image de cette collectivité qui recèle d’énormes potentialités touristiques. Le raid organisé récemment d’Alger à Tamanrasset à permis de faire connaître cette région aux gens, plus particulièrement à la communauté algérienne installée à l’étranger. Ils étaient émerveillés. Maintenant c’est à nous, en tant que responsables, de faire à ce que Tam soit belle. Pour ce faire, on a prévu une enveloppe budgétaire pour récompenser le quartier le plus propre ainsi que la plus belle commune.

Mais d’abord, il faut qu’il y ait prise de conscience. À titre de rappel, j’ai reçu dès mon installation un groupe de jeunes qui ont soulevé ce problème.

Je leur ai proposé de mener une vaste campagne de nettoiement ensemble. Ils étaient tous favorables à cette proposition. Malheureusement, le jour de l’opération personne n’était venu. Maintenant, on est persuadé qu’il faut créer une entreprise de wilaya chargée de la collecte et du traitement pour venir à bout de ce phénomène. Lorsque la ville sera relativement propre, on passera au tri sélectif. Mais il faut d’abord éduquer nos jeunes, nos enfants.