De l’avis de tous les spécialistes qui ont vu la finale de la coupe d’Algérie, la JSK était supérieure sur plusieurs plans aux Harrachis, certes c’est le but de Hamiti intervenu à la suite d’une erreur de Griche et Doukha qui a fait la différence, mais sur la pelouse, la suprématie tactique de Belhout était évidente.
– Vous êtes sans doute en train de savourer cette victoire face à l’USMH, n’est-ce pas coach ?
– Actuellement, c’est quelques heures de sommeil que je veux savourer, depuis hier je n’ai pas dormi et ça commence déjà à peser.
– Si on reparlait un peu de cette grande victoire en coupe d’Algérie, comment avez-vous vécu les moments qui ont suivi le coup de sifflet final ?
– Que du bonheur, j’étais aux anges, mais pas seulement moi, le boss avait à cœur de remporter ce trophée, il voulait l’ajouter dans l’armoire des trophées du club, il n’arrêtait pas de parler de la coupe, de la coupe et de la coupe, il voulait tant aller au 5-Juillet.
– D’autant qu’en championnat c’était quasiment perdu…
– Oui, c’était loin depuis longtemps, la coupe de la CAF n’est pas vraiment un objectif, il ne restait donc que cette coupe d’Algérie, mais malgré ça le boss n’a jamais déclaré qu’il voulait gagner la finale, et c’est cela qui nous a permis de nous concentrer et la remporter et la dédier à toute la Kabylie en général et à Tizi en particulier.
– Peut-on comprendre par là que Hannachi cachait un peu son jeu ?
– Non, c’est juste que l’ASO a quasiment assuré son championnat, en plus en coupe de la CAF, il savait qu’on n’a pas l’effectif nécessaire pour ça, donc ce n,’était pas gagné même pour cette coupe, avant qu’elle ne redevienne notre principal objectif après la demi-finale.
– Sur le terrain, vous avez bien géré les débats, peut-on connaître les consignes que vous avez données à vos joueurs avant le match ?
– On a fait en sorte de donner les consignes qu’il faut pour neutraliser les sources de danger de l’adversaire, mais il arrive que ces consignes ont causé une gêne chez quelques-uns de nos joueurs, à l’image de Tedjar, j’ai senti que je l’ai quelque peu dérangé, perturbé, il était même ennuyé, car d’habitude je lui demande de jouer là où il veut mais pas cette fois-ci.
– On sait qu’il a l’habitude de jouer beaucoup plus sur le flanc droit, c’était quoi sa mission dans ce match ?
– Je lui ai dit de jouer dans l’axe, il devait rester dans une zone bien précise et il ne devait pas avancer ou reculer de plus de dix mètres, tout en essayant de jouer en profondeur, c’était un peu inhabituel pour lui ce genre de consignes.
– Si vous devez rejouer ce match, opterez-vous de nouveau pour ce choix ?
– Je connais bien Tedjar, c’est un joueur imprévisible, certes on l’a moins vu dans ce match, mais pour moi il a fait ce qu’il fallait, donc, je ne changerai pas mon choix, et puis en seconde mi-temps il est un peu sorti de l’axe.
– Il y a aussi Yahia Chérif qui était proche de lui et qui a fourni une belle prestation…
– Lui aussi il avait des consignes strictes, je lui ai demandé d’essayer de perdre un minimum de balles, et d’essayer de ne pas trop jouer derrière, Yahia Chérif est un joueur qui revient en forme et c’est l’un des joueurs qui nous ont aidés dans cette rencontre.
– Younès aussi est en super forme, en plus il avait l’avantage de jouer dans son jardin…
– Il a effectivement fait un très bon match, il est à féliciter.
– Mais malgré ça, on n’a pas vu beaucoup d’occasions à part celle qui amené but de Hamiti, pourquoi ?
– On a opté pour la prudence, avec Hamiti en avant-centre, mais on lui a demandé de guetter la moindre erreur, et la suite vous la connaissez.
– Quel est votre avis sur cette équipe harrachie, vous l’avez trouvée comment ?
– On connaît l’USMH, c’est une équipe qui joue bien au ballon, une équipe d’avenir. D’ailleurs, avant le début du match, j’ai discuté avec certains de leurs joueurs, je leur ait dit qu’ils devaient me laisser gagner cette coupe car je n’ai pas leur âge car je ne remporterai peut-être plus cette coupe à l’avenir, par contre eux, ils peuvent bien rejouer une finale une autre fois et remporter ce trophée (il rit).
– L’un des points forts de la JSK dans cette finale fut l’axe de la défense…
– Oui, c’est vrai. Rial et Khelili ont bien assuré leur rôle, mais aussi Remache à droite qui, non seulement défendait, mais a aussi bien réussi ses dédoublements avec Younès. Il y a aussi le rôle d’El-Orfi et Saïdi bien qu’il y avait beaucoup de déchets dans le jeu de ce dernier, mais le plus important pour notre défense, c’était d’éviter les cartons.
– L’arbitre a distribué 6 cartons pour vos joueurs…
– Je tiens à mettre au clair une chose, cet arbitre n’a rien contre moi, contrairement à ce que j’ai lu dans la presse aujourd’hui. Quand il s’approchait du banc, ce n’est pas à moi qu’il s’adressait. Pour ce qui est de sa prestation, il n’a fait que son devoir. C’est un arbitre qui a de l’expérience que je connais depuis 4 années. Il a progressé, et puis, c’est un humain et peut commettre des erreurs.
– Le but de Hamiti est venu à la suite d’une erreur…
– Ou plutôt parce c’est un opportuniste et un chasseur de buts qui sait profiter de ce genre d’actions.
– Avant le match, on a plutôt parlé de Boumechra et Boualem comme étant les hommes par qui le danger allait venir et qu’il fallait les bloquer. Avez-vous donné des consignes dans ce sens ?
– On ne les a même pas bloqués, ils n’avaient même bas le ballon (il rit).
– D’habitude, on voit Tedjar s’essayer de loin, mais plus cette fois, pourquoi ?
– Pour qu’il puisse tirer des 18 ou 20 mètres, il lui fallait un appui sur Hamiti. C’était mes instructions, sauf qu’il ne s’est pas retrouvé dans les meilleures conditions pour le faire.
– On a vu Nessakh protester après son remplacement, qu’est-ce qu’il y a eu ?
– Nessakh était supervisé et ça explique peut-être sa réaction, car son objectif était de jouer tout le match pour épater. Or, ce n’était pas mon objectif. Puis, il avait un carton jaune et un joueur adverse évoluant sur le même couloir venait d’entrer en jeu. Il était frais, son remplacement par Oussalah était inévitable.
– Ne pensez-vous pas que Nessakh est beaucoup plus un joueur offensif que défensif ?
– Oui, il est bon devant. En plus, il a un bon jeu de tête, mais il n’a pas la technique de Yahia Chérif et vice-versa. Bref, ce sont des joueurs qu’on a et qu’on doit utiliser selon les matches.
– Saïb nous a parlé de votre pressing haut gagnant, un mot sur ça ?
– Eh bien, dès le début, je voulais jouer dans leur camp et faire en sorte de priver Boualem et Boumechra de ballon, ensuite procéder par des contres. Je crois que c’est ça qui nous a offert la coupe.- A titre personnel, c’est votre seconde coupe d’affilée après la coupe de Tunisie décrochée avec Beja l’an dernier. Vous êtes un homme chanceux, n’est-ce pas ?
– Disons que j’ai un peu de réussite. C’est venu à la JSK alors que je l’avais ratée à l’ESS et l’USMA. Je ne regrette rien. Face au MCA, on était très décimés. On manquait de 5 à 6 joueurs en finale. Donc, j’avais l’occasion de me racheter cette fois. Je l’ai fait et avec la coupe tunisienne, je suis un homme heureux.
– Vous avez rencontré le président Bouteflika et vous vous êtes échangé quelques mots. Que lui avez-vous dit ?
– Déjà, c’est la seconde fois que je le rencontre après la finale perdue face au MCA. Je lui ai souhaité une longue vie tout en lui émettant le souhait de le revoir dans très longtemps. Il en a bien rigolé et m’a dit qu’il y avait un joueur qu’il a vu défiler devant lui plus de 3 fois depuis qu’il est Président.
– Maintenant que vous avez sauvé votre saison, qu’en sera-t-il du championnat et de la coupe de la CAF ?
– Ça dépendra de la concentration des joueurs, surtout après avoir remporté cette coupe. Mais avec le président, on s’était fixé l’objectif de gagner cette coupe et on l’a fait.
– Mais la coupe de la CAF est une question de nif kabyle…
– J’ai un grand déficit pour ce qui est de l’effectif, ça sera vraiment difficile, mais je me dis que si le MCA a réussi à le faire, on essayera nous aussi de rééditer cet exploit, ou au moins scorer trois fois pour égaliser en étant très vigilants derrière et en adoptant l’attaque à outrance.
– La seconde place en championnat est possible aussi…
– On tentera de jouer tous les matches qui restent avec la même volonté de gagner, mais avant, les joueurs doivent vite se concentrer sur cette compétition, oublier la coupe et vite remettre les pieds sur terre.
– Le président Hannachi ne dirait pas non à une qualif’ pour la C1…
– Que voulez vous que je vous dise, je suis sûr de ce que je fais. J’ai de bons joueurs, mais ça ne dépend pas que de ça, déjà en coupe de la CAF, j’avais déjà un effectif réduit avec la non-qualification des nouveaux, et voilà que je dois faire sans Berchiche et Nessakh. C’est dire qu’on ne peut pas prévoir certaines choses. En tout cas, on aimerait tous être en C1 l’an prochain.
– Ziti sera là pour remplacer Berchiche, c’est ça ?
– Oui, ça devrait être lui, bien qu’il est plus utilisé comme latéral chez nous. Il y aura aussi l’absence de Nessakh. Et sans Hamiti, ça va être dur. J’ai même pensé un instant à reconvertir Ziti en attaque.
– Ziti en attaque !
– (Il rit) Je sais que ça paraît bizarre, mais j’ai décelé en lui des qualités qui ne trompent pas dans ce sens. Il est doué balle au pied, il est rapide, fort et marque souvent aux entraînements. Non, mais c’est juste une idée comme ça. C’est un arrière, je compte vraiment le faire jouer en stoppeur en coupe d’Afrique.
– En fin de saison, vous serez toujours lié à la JSK, ça ne vous fait-il pas peur de savoir que les piliers de l’équipe seront presque tous en fin de contrat cet été, y compris Hamiti ?
– Une chose est sûre, le président doit régler ça. Il doit faire le maximum pour les garder. Boualem Charef n’aurait jamais pu atteindre cette finale, voire construire une telle équipe, s’il n’avait pas travaillé un maximum de temps avec les mêmes joueurs.
S. M. A.