Belhimer : Le Hirak, un mouvement « parasité par certains courants politiques »

Belhimer : Le Hirak, un mouvement « parasité par certains courants politiques »

Le ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Ammar Belhimer, a indiqué lundi que le Hirak, ce mouvement de protestation populaire « transcourant et transgénérationnel », a été « parasité par certains courants politiques » pour « mieux le faire dévier de sa vocation citoyenne, patriotique, démocratique et plurielle », évoquant un « néo-Hirak » qui « fait du surplace et s’installe dans l’impasse ».

« On ne reconnait plus au fil du temps qui passe le mouvement des origines. Un an après sa naissance favorisée par la tentative du passage en force du président déchu -alors incapable- pour un cinquième mandat destiné à préserver les intérêts mafieux d’une caste parasitaire aux commandes du pays, le néo-Hirak fait du surplace et s’installe dans l’impasse. A l’origine, mouvement transcourant et transgénérationnel, il a fini par être parasité par certains courants politiques qui l’ont rejoint pour mieux le faire dévier de sa vocation citoyenne, patriotique, démocratique et plurielle », a indiqué M. Belhimer dans une interview accordée à l’APS.

« Il est donc à craindre que le Hirak s’inscrive de plus en plus dans le prolongement de ces bouleversements préfabriqués qui, au demeurant, révèlent chaque jour davantage leur caractère contre-révolutionnaire », a-t-il souligné, ajoutant que « des ONG qui ont pignon sur rue à Genève ou à Londres, des résidus irréductibles de l’ex-FIS et des revanchards mafieux de l’ancien système travaillent d’arrache-pied, y compris par derrière les barreaux ou à partir de leurs retraites dorées (forcées ou choisies), pour propager les mots d’ordre de désobéissance civile, de troubles et de recours à la violence ».

Selon lui, « l’accumulation effrénée de ressources financières et le positionnement de leurs relais dans tous les appareils d’Etat et à tous les niveaux de décision, leur confère naturellement une force de frappe qui n’a pas encore été totalement contenue » et, par conséquent, « ils escomptent un retour aux affaires et aux commandes à l’aide de marches quotidiennes là où elles peuvent être tenues, appuyant des mots d’ordre hostiles à l’institution militaire et aux services de sécurité. Ce qui est en fait visé ce sont les institutions, l’ordre public, la stabilité et la souveraineté nationale ».

A propos de l’évolution de la situation politique et sociale depuis février 2019, M. Belhimer a indiqué que « bien avant l’irruption du coronavirus comme risque anthropique majeur pour le pays et pour le reste du monde, le Hirak perdait au fil des semaines son caractère de mouvement populaire, historique car inédit, spontané et surtout rassembleur à grande échelle », ajoutant que « sa grande dimension, sa masse critique, son amplitude, sa récurrence et sa résilience lui ont permis de traverser l’ensemble de la société algérienne au-delà même des classes sociales, des ancrages idéologiques, des sensibilités politiques, de l’appartenance identitaire et du sentiment religieux ».

Le ministre de la Communication a estimé, en outre, que le mouvement du 22 février, consacré « Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie » par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, « commence à produire ses premiers effets avec la formation d’un gouvernement de compétences engagées sur la base d’un programme entièrement dédié aux libertés et au renouveau économique, ainsi que l’élaboration d’un projet de constitution qui sera soumis à débat et à référendum ».

Toutefois, il craint que « ce qui se profile dangereusement derrière un mouvement qui a porté la cause juste d’un changement démocratique grâce à sa formidable discipline et son caractère non-violent, c’est la quête d’une nouvelle hégémonie coloniale ».

Il a, à cet égard, déploré de voir que « les millions de manifestants mobilisés par le Hirak en vue de mettre un terme au culte de la personnalité, renouer avec les libertés pour mieux en élargir le champ d’exercice et installer l’alternance au pouvoir, ont été efficacement exclus par la nouvelle secte autoproclamée révolutionnaire », ajoutant que « le manque d’organisation politique nationale permettant aux personnalités et partis de l’opposition néolibérale et conservatrice d’aspirer à conquérir le pouvoir ». « Et ce n’est certainement pas un hasard si certains mass media encensent le caractère spontané des luttes (et non les revendications socioéconomiques) et confèrent un éclairage défavorable au rôle de sauvegarde et de stabilisation de l’Armée nationale populaire (ANP) », a-t-il soutenu.

Dans le même ordre d’idées, M. Belhimer a ajouté que « tout indique que l’issue ne sera pas forcément celle que l’on escompte, et que dans ce scénario, le danger n’est pas toujours là où il est annoncé ou attendu ».