«David James me taquine déjà!»
«Les Anglais commencent à se renseigner sur nous»
Nadir Belhadj est incontestablement l’un des plus «anglais» des joueurs algériens. Non seulement parce qu’il en est à sa deuxième saison en Premier League, mais c’est aussi parce qu’il a affronté tous les grands joueurs de la sélection d’Angleterre. C’est donc en «connaisseur» qu’il analyse le groupe et explore les chances de l’Algérie.
Vous êtes bien placé pour commenter le groupe de l’Algérie en Coupe du monde puisque vous jouez en Angleterre. Alors, ce tirage avec les Anglais comme tête de série ?
Compte tenu de la valeur des sélections têtes de série, il fallait s’attendre à un tirage difficile. L’Angleterre, bien évidemment, est le favori de la poule, car elle possède des joueurs vraiment très forts. J’ai connais contre qui j’ai déjà joué comme Wayne Rooney, Frank Lampard, Steven Gerrard, John Terry, Joe Cole ou Michael Carrick. Quelques-uns ont aussi joué avec moi comme Jermaine Defoe et notre gardien de but David James, ainsi que Glen Johnson qui est un très bon joueur.
Bref, il n’y a rien à dire : l’Angleterre est le grand favori. Les Etats-Unis, de leur côté, peuvent faire mal. Ils l’ont prouvé durant la Coupe des Confédérations, surtout qu’ils possèdent désormais plusieurs joueurs qui évoluent dans les grands championnats européens. La Slovénie reste la grande inconnue. On connaît ses résultats, mais pas très bien son jeu. Il faudra se pencher sur la question. En définitive, il faudra bien se préparer à affronter des adversaires qui ne seront pas faciles.
Vous êtes sans doute celui qui a joué le plus contre les grands joueurs évoluant dans les sélections adversaires de l’Algérie, puisque vous avez même affronté les Américains de Premier League.
La connaissance que vous avez du jeu de ces joueurs pourrait-elle servir vos coéquipiers ?
Je leur fournirai tous les «tuyaux» que j’ai, il n’en demeure pas moins que c’est à travers la vidéo qu’on peut découvrir et analyser le jeu de nos adversaires. Nous avons une idée plus ou moins précise sur le jeu de l’Angleterre et des Etats-Unis. Reste à découvrir l’équipe de la Slovénie qui sera notre premier adversaire. C’est une urgence. Je suis certain que le coach a pris en charge cet aspect.
Pour les avoir affrontés, quel est, parmi les joueurs de la sélection anglaise, le plus influent dans le jeu de l’équipe ?
C’est une sélection qui renferme de très grands joueurs, tous de niveau international. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que les clubs anglais sont au top du football européen. Avec les Lampard, Terry, Rooney et Ferdinand, sans oublier Wright-Phillips, un joueur de première bourre en ce moment, c’est un concentré de stars. Cependant, je pense que celui qui a le plus d’influence dans le jeu de la sélection est Steven Gerrard. Lorsqu’il n’est pas présent, cela se sent et se ressent sur le jeu.
Lorsqu’un entraîneur comme Fabio Capello déclare que l’Algérie a le cœur des Italiens et la technique des Brésiliens, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Une grande fierté, surtout que ça vient d’un entraîneur de la trempe de Capello au palmarès impressionnant. C’est très flatteur et cela démontre que l’Algérie est respectée. Nous espérons être à la hauteur.
Après le tirage au sort, y a-t-il eu un regain d’intérêt des journalistes anglais à votre égard ?
Oui, cela s’est senti, surtout samedi, après notre match de championnat. Des journalistes m’ont questionné sur le tirage au sort et sur les ambitions de l’Algérie. Il est certain que les médias anglais s’intéresseront désormais davantage aux performances des joueurs algériens.
Au mois de juin dernier, vous étiez dans la tribune du stade de Pretoria à suivre un match de Coupe des Confédérations entre l’Italie et les Etats-Unis.
Vous rendez-vous compte que vous allez jouer dans ce même stade, contre les Américains que vous regardiez sur le terrain ?
Effectivement, pour une coïncidence, c’en est une ! Nous étions à Pretoria pour préparer notre match contre la Zambie et cela nous avait fait très plaisir d’assister à ce match-là et à nous imprégner de l’ambiance. Cette fois-ci, nous irons là-bas pour jouer. Nous tâcherons de nous y préparer avec toute la rigueur nécessaire car il ne s’agit pas de participer pour participer. Moi, ça ne me dis rien d’y aller juste pour regarder nos adversaires. Nous n’avons rien à perdre.
Lorsque vous regardiez ce match-là de la tribune, ressentiez-vous l’envie d’être sur le terrain ?
Oui. Tout joueur rêve de ça. A présent, il ne s’agit plus d’un rêve, mais de la réalité. A nous de nous préparer comme il se doit afin d’être à la hauteur !
On sait que David James, le gardien de but international de Portsmouth, est un boute-en-train qui aime beaucoup plaisanter.
Il vous a sans doute chambré après le tirage au sort…
Evidemment ! Nous avons beaucoup rigolé sur le sujet. Nous en avons beaucoup parlé. Il me taquine déjà. Il n’y a d’ailleurs pas lui à avoir évoqué le sujet. Pratiquement tous mes coéquipiers m’ont parlé de cet Angleterre-Algérie, surtout mes coéquipiers africains.
Samedi, vous n’avez pas été une fois encore aligné dans votre match contre Burnley.
Cela peut-il vous amener à changer de club durant le mercato afin d’avoir plus de temps de jeu ?
Oui, j’y pense vraiment. Alors que les joueurs susceptibles d’aller en Coupe du monde jouent, je suis confiné sur le banc et cette situation ne me convient pas. Je ne veux pas arriver au Mondial sans compétition dans les jambes. Donc, mon intérêt sportif me commande d’aller chercher du temps de jeu dans un autre club. Au mercato, je quitterai Portsmouth pour rejoindre un club où on me fera confiance. Je ne sais pas encore lequel, mais je sais que je veux changer d’air.
La CAN, vous y pensez ?
Bien sûr que j’y pense ! Je suppose que tous mes coéquipiers y pensent. On commencera la préparation de la CAN le 26. C’est pour bientôt, dans vingt jours. C’est un rendez-vous important à ne pas négliger. Après cela, nous pourrons tranquillement et sereinement préparer la Coupe du monde.
Vous êtes plusieurs à Portsmouth à jouer dans des sélections africaines : Dindane, Kanu, Utaka… Vous arrive-t-il d’évoquer la Coupe d’Afrique des nations ?
Oui, nous en parlons, comme nous parlons de la Coupe du monde. Pas beaucoup, mais nous en parlons quand même. C’est un rendez-vous qui intéresse toutes les nations africaines et il nous tient tous à cœur de l’honorer.
Entretien réalisé par Farid Aït Saâda