Belhadj «Je me battrai jusqu’à la dernière minute»

Belhadj «Je me battrai jusqu’à la dernière minute»
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C’est à la veille de deux rendez-vous très importants, l’un avec son club et l’autre avec l’équipe nationale, que Nadir Belhadj a accepté d’accorder, en exclusivité à Compétition, l’unique entretien qu’il donnera avant d’intégrer officiellement le stage des Fennecs à La Manga Club de Murcie

– La première chose que j’ai envie de vous demander est comment allez-vous Nadir Belhadj ? Car, vous êtes plutôt rare dans les médias ces derniers temps…

– El hamdoullah, ça va très bien. Je suis très bien au Qatar, je m’y suis fait une petite vie tranquille avec ma famille, j’ai la chance grâce à Dieu d’avoir ma passion comme emploi, je n’ai pas à me plaindre. Effectivement, j’ai décidé de prendre du recul médiatiquement parlant, car si la Coupe du monde a été un moment inoubliable et formidable à tous points de vue pour moi, l’effet pervers de cet évènement et du formidable élan du peuple algérien pour notre équipe ont été cette hyper médiatisation devenue quasi incontrôlable. Tous les jours, je lis tout et son contraire sur moi et j’ai décidé de revenir à la base et me recentrer sur le jeu et de mieux gérer ma communication dans la presse pour éviter tout problème. De plus, l’entraîneur national nous avait demandé, lors du dernier stage d’Annaba, de ne pas trop communiquer sur les échéances de l’équipe nationale pour éviter toute déconcentration et polémiques stériles.

– Vous faites sans doute allusion à certains médias qui parlent d’une relation conflictuelle entre Abdelhak Benchikha et vous ?

– Par exemple, entre autres choses. Je n’ai jamais eu une relation conflictuelle avec le sélectionneur national. Demandez aux personnes qui étaient présentes à Annaba et vous verrez. La preuve, si je suis dans la liste, c’est bien que j’ai bien accompli ma mission, non ? Le sélectionneur l’a bien dit en conférence de presse que ses critères n’étaient pas seulement techniques mais humains. Je ne sais pas d’où cette information est sortie, mais cela n’aide pas l’équipe nationale qui a déjà suffisamment d’échéances importantes pour ajouter des faux problèmes.

– Nadir, demain (Ndlr, l’entretien a eu lieu le 24 mai), vous affronterez l’équipe saoudienne d’Al-Shabab dans le cadre des huitième de finale de la Ligues des Champions asiatique. Comment appréhendez-vous ce match ?

– Pour mon club, c’est le match de l’année. Il faudra absolument battre l’équipe d’Al-Shabab pour accéder au tour suivant qui représente vraiment le démarrage de cette Ligue des champions. Demain, nous les recevrons chez nous et nous devrons tout faire pour nous qualifier avant d’aller chez eux en Arabie Saoudite où ce sera très difficile pour nous en cas de mauvais résultat chez nous.

– Cette qualification à la phase des poules vous permettra aussi de sauver votre saison après un championnat mi-figue mi-raisin…

– C’est clair qu’en championnat, on peut dire que nous sommes un peu passés à côté de notre sujet cette année, mais avec cette Ligue des champions, nous avons l’occasion de nous refaire une santé. Nous sommes le seul club qatari encore en course et aller au bout de cette Ligue des champions sera une sorte de pied de nez à tous les clubs qui étaient devant nous en championnat du Qatar et qui ont malencontreusement disparu dans les tours précédents. Cela serait une façon, pour nous joueurs, de redonner le sourire aux supporters et aux dirigeants du club qui ont mis tous les moyens cette saison pour que nous ne manquions de rien. Mais je ne vous cache pas que la bataille sera âpre et difficile.

– Vous qui avez connu l’UEFA Champions League avec Lyon, en sélection vous avez eu l’occasion de jauger le niveau africain, comment évaluez-vous cette fameuse AFC Champions League ?

– Honnêtement, l’AFC Champions League est une sorte de mélange des deux. Question niveau, on se rapproche de l’Afrique, et question couverture médiatique, publicité marketing et infrastructures, cela se rapproche de l’Europe, voire des Etats-Unis. Je ne sais pas si vous avez suivi notre précédent match face aux Ouzbeks de Pakhtakor, le stade était plein, le jeu ouvert, un peu à l’anglaise et on bataille jusqu’à la fin. En plus de nos matchs, j’ai eu l’occasion de suivre les autres matchs des autres groupes à la télévision, et je peux vous dire qu’en plus du niveau plaisant à regarder, économiquement, les Asiatiques font carton plein. C’est ce qui manque en Afrique, les moyens.

– Votre compatriote, Abdelmalek Ziaya, va lui aussi disputer ces huitièmes de finale. Avez-vous suivi son parcours ?

– Oui, bien sûr que j’ai suivi ses prestations, Ziaya fait de très bons matchs avec son club et de manière générale, les clubs saoudiens sont présents en force dans cette Ligue des champions puisqu’ils sont quatre clubs à disputer ces huitièmes de finale. Pour se qualifier, Ziaya et son club Al-Ittihad devront battre leurs compatriotes du Hilal, et cela risque d’être très dur car ce sont deux équipes qui se connaissent parfaitement.

– Quand rejoindrez-vous vos coéquipiers de l’équipe nationale en Espagne ?

– Vous connaissez comme moi la distance entre le Qatar et Alicante et la difficulté de trouver un plan de vol correct. Je vais prendre la route de l’aéroport immédiatement après ce match face à Al-Shabab et suivant les vols que je vais trouver, j’arriverai sur le lieu du stage le 26 au soir ou le 27 au matin incha Allah.

– Avez-vous eu l’occasion de voir La Manga Club Resort, le camp d’entraînement où se trouve l’équipe nationale ?

– Honnêtement, je n’ai pas eu le temps de voir le lieu du stage, mais depuis quelques années, le staff de l’équipe nationale et la fédération nous ont toujours trouvé des lieux de stage avec toutes les commodités pour la pratique du football de haut niveau, à savoir les moyens d’entraînement et de récupération. Je fais entièrement confiance au staff car que ce soit le centre de Coverciano en Italie, Beni Messous, le Castellet ou Crans- Montana, nous avons toujours été comblés à la fois par les moyens d’entraînement, mais aussi par le cadre.

– Les 11 places de titulaires vont se jouer sur pas grand-chose, non ?

– La liste contient 22 noms, je crois. Pour moi, ce sont 22 titulaires en puissance. Je connais bien le coach Benchikha maintenant et il ne connaît qu’une seule valeur, le travail. Nous avons tous une semaine pour nous «défoncer» et nous sortir les tripes sur le terrain, lors des exercices et des matchs d’application ou du match amical que nous devrons disputer, pour lui montrer notre valeur, et à la veille du match, il sera le seul juge et le seul maître à bord pour inscrire les 11 noms qui seront les titulaires sur la feuille du match. La seule chose qui nous incombera à nous joueurs, c’est d’accepter sa décision et de ne rien regretter. Pour moi, les choses sont donc claires, je me battrai jusqu’à la dernière minute du stage.

– Comment appréhendez-vous ce match retour face au Maroc ?

– Je pense que ce match ressemblera beaucoup au match aller. Il y aura beaucoup d’engagement physique, peu d’espaces et une tension extrême car il n’y aura sur le terrain que des joueurs de haut niveau qui ne sont plus à présenter et la moindre erreur sera fatale. Je pense, toutefois, que le match sera plus basé sur le jeu que la fois précédente car la pelouse du stade de Marrakech, qui est tout neuf, sera de qualité et favorisera le beau jeu.

– Selon vous, quelle va être la clef de ce match ?

– La clé du match ? Je ne veux pas me substituer au coach, je ne vais vous donner que mon avis personnel. J’ai envie de vous répondre, du classique rien que du classique. Le Maroc, qui jouera a domicile, devant son public et qui sera revanchard, n’aura pas un autre choix que d’attaquer pour essayer de débloquer le score ; et nous, pendant ce temps, nous essayerons de défendre en pressant haut et en essayant de récupérer les ballons, notre point fort, et de lancer des contre-attaques rapides pour essayer de marquer et tenter le hold-up. C’est comme ça que moi je vois les choses, en tout cas. Une chose est sûre, nous devons entrer sur le terrain pour gagner, car on ne peut pas défendre contre Hadji, El-Arabi et Chamackh durant 90 minutes, c’est impossible, ça sera la meilleure façon de perdre ce match.

– Quel est votre avis concernant le choix du lieu de la rencontre, Marrakech, plutôt que Casablanca ?

– Même si certains disent que le choix de Marrakech est plus avantageux que Casablanca en termes de capacité du stade et d’ambiance de feu, pour moi ce n’est pas vrai. Marrakech, Casablanca ou Agadir, c’est du pareil au même, ça reste le Maroc, et c’est chez eux. Cela les avantage eux. Nous, nous serons à l’extérieur et nous nous comporterons comme tel, un point c’est tout.

– Nadir Belhadj sera-t-il toujours à Al-Sadd la saison prochaine ?

– Bien qu’en football, on ne peut jamais savoir, à ce jour, je suis encore sous contrat pour de nombreuses années avec Al-Sadd et jusqu’à preuve du contraire, je suis dans ce club.

– Un dernier mot ?

– Je voudrais saluer tous les supporters de l’équipe nationale et tous ceux qui m’ont toujours suivi et encouragé dans ma carrière. Je n’ai qu’une chose à vous dire, c’est que comme à mon habitude, je ferai tout pour honorer mon pays, comme je l’ai toujours fait et je me battrai jusqu’au bout face au Maroc et à chaque fois qu’on fera appel à moi en sélection.

M. B.