Dans un entretien accordé au magazine Afrique Asie, publié le 21 mars, l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles a affirmé que le gouvernement français qui soutient le Maroc dans son occupation du Sahara occidental vient d’abattre ses cartes.
Bas les masques! La France qui penchait nettement du côté marocain concernant la question sahraouie sans le crier sur tous les toits avance désormais à visage découvert.. Cette position qui frise l’hypocrisie vient d’être mise à nu par l’ambassadeur d’Algérie en Belgique et auprès de l’UE. «D’un côté, le gouvernement de ce pays (France) en question, traditionnellement discret dans son soutien au Maroc dans son occupation illégale du territoire du Sahara occidental vient d’abattre ses cartes en affichant ostensiblement son mépris pour la légalité internationale et sa lecture biaisée de la décision adoptée par la plus haute juridiction européenne», a déclaré Amar Belani dans une interview publiée le 21 mars sur le site du magazine Afrique Asie.
Qu’est-ce qui a suscité cette vigoureuse réaction? Dans une note, envoyée le 20 mars aux parlementaires européens, la France a estimé que la décision de la Cjue ouvre une «période d’insécurité juridique qui pourrait être très préjudiciable aux opérateurs économiques», rapporte l’APS dans une dépêche datée d’hier. la réunion de lundi dernier à Bruxelles, «a offert un spectacle désolant et a révélé au grand jour les calculs politiciens auxquels s’adonnent, en particulier, un pays membre permanent du Conseil de sécurité (France) et certains cercles au sein de la Commission européenne pour contourner le droit international et sceller le sort du Sahara occidental dans le sens illicite voulu par le Maroc», s’est offusqué l’ex-porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
«La note française, par-delà son caractère directif et des éléments de position erronés qu’il articule, administre la preuve d’un parti-pris flagrant de ce gouvernement en faveur du Maroc, allant jusqu’à dénaturer la décision de la justice européenne qui a pourtant clairement établi le caractère distinct et séparé garanti au territoire du Sahara occidental conformément au droit international», a souligné le diplomate algérien.
L’UE, «si prompte à critiquer les autres pays sur leur bilan en matière de droits de l’homme et à s’ériger en espace respectueux de l’Etat de droit et de la légalité internationale, fait prévaloir les intérêts étroits de certains de ses Etats membres (France, Espagne, etc.) sur le droit international et la promotion de la paix», a signalé Amar Belani pour mettre en exergue le deux poids, deux mesures qui caractérise les pays européens dans leurs prises de position concernant les conflits à travers le monde, celui du Sahara occidental en particulier.
«… Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la charte des Nations unies et du principe d’autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l’expression ‘territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des Accords d’association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», avait conclu la Cour européenne de justice dans son arrêt rendu le 21 décembre 2016 au sujet de l’accord agricole qui lie le royaume à l’UE depuis 2012. La réaction française renforce par conséquent la colonisation du Sahara occidental par le Maroc. Nostalgie quand tu nous tiens.