Les ministères de la Justice, du Commerce, de l’Intérieur et des Finances associent leurs efforts pour venir à bout des monopoles et des barons.
L’Algérie n’a pas hésité à faire appel aux Européens et aux Américains pour améliorer l’efficacité de ses moyens de lutte contre les phénomènes négatifs qui minent son économie. Démanteler les monopoles est l’une des missions assignées à cette nouvelle offensive. Les barons de toutes sortes sont aussi visés. Y compris ceux du trafic de drogue et d’armes. Les réseaux mafieux d’émigration clandestine et de prostitution ne sont pas épargnés.
Ces phénomènes ne sont pas sans effet sur la vie politique puisqu’ils sont générateurs, à leur tour, de corruption. Du coup, plusieurs départements ministériels s’associent pour tenter de venir à bout des résistances diverses qui empêchent un assainissement de la vie économique et une moralisation de la vie politique. Belaïz, Djoudi, Ould Kablia et Benbada se sont unis pour faire face à ces dangers. Chacun des départements apportera sa contribution.
L’Intérieur déléguera les services de sécurité pour recueillir les plaintes et prendre en filature les personnes soupçonnées de passe-droits et de pratiques contraires aux règles de passation de marché. La Gendarmerie épaulera les policiers dans cette oeuvre même si le corps dépend de la Défense nationale.
Le ministère des Finances charge l’Inspection générale des finances et les Douanes de traquer les filières du conteneur alors que sa cellule de lutte contre le blanchiment d’argent épluchera les comptes des barons. Les banques et les compagnies d’assurances, qui sont sous la tutelle du ministère des Finances seront aussi associées. Les Américains ont été sollicités pour prodiguer leur expertise, notamment pour les Douanes mais pas seulement. Le ministère de la Justice est aussi sur les dents. Ce sont les tribunaux qui vont instruire les affaires concernant la corruption, la non-application des règles de passation des marchés et sanctionner fermement lorsque des situations de monopoles sont détectées.
Et l’on est loin de se limiter à l’huile et au sucre même si l’agroalimentaire est dans le collimateur du gouvernement.
Le ministère de la Justice a initié plusieurs cycles de formation au profit des magistrats et des fonctionnaires. Les marchés publics, le droit des affaires, la lutte contre le détournement de fonds et l’abus de biens sociaux, les faillites frauduleuses sont autant de thèmes sur lesquels ils doivent être formés. Même Interpol et d’autres partenaires ne sont pas éloignés de cette quête.
Reste enfin le ministère du Commerce sous la conduite de Mustapha Benbada, que le Premier ministre ne veut pas laisser en pleine jungle. Le département se charge de faire respecter les règles de la concurrence.
Les Européens ont accordé un budget de 870.000 euros pour une durée de 18 mois afin de booster l’action de diverses institutions.
La Direction de la concurrence et le Conseil de la concurrence sont concernés par un jumelage. La partie européenne est constituée des autorités de la concurrence de trois pays (France, Italie, Allemagne). Les résultats attendus sont la mise à niveau et le renforcement des moyens humains en matière d’application du droit de la concurrence, y compris pour les autorités de régulation et les juridictions. Le renforcement des relations entre les institutions en charge de la concurrence et des moyens de communication et de sensibilisation en matière d’application des règles de la concurrence est aussi visé.
Malgré cette offensive juridique et technique, certains experts interrogés restent sceptiques. S’agit-il d’un effet de mode, somme toute passager? s’interrogent-ils. Y a-t-il un pilote dans la maison Algérie capable de coordonner toutes ces actions? En tout cas, si les experts n’ont pas de réponses à ces questions, les officiels n’ont pas d’autre choix que de revoir la législation. Ne serait-ce que parce que les traités internationaux que l’Algérie a ratifiés exige cette manière de faire.
C’est le cas de l’Accord d’association avec l’Union européenne qui impose, sans aucune ambiguïté, la convergence des règlements avec les lois communautaires des 27 pays membres.
Il faut s’attendre à plus de sévérité dans les lois si l’Algérie adhère enfin à l’OMC. Nos partenaires n’admettent pas que notre économie et notre commerce soient menés selon des critères archaïques. Les droits de l’homme, aussi, sont sous surveillance.
Ahmed MESBAH