Après douze journées du championnat de Ligue1, l’arbitrage demeure l’un des sujets de conversation au sein des adeptes du sport roi.
Le plus souvent, les referees sont fustigés, soit pour partialité, soit pour des fautes d’appréciation qui ont changé le cours de certains matchs, ou même faussé leur résultat, et ce, au grand dam du public, des dirigeants et des entraîneurs. à ce propos, Belaïd Lacarne, président de la commission fédérale d’arbitrage, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour défendre l’arbitrage et le corps arbitral, et a tenu à dresser un bilan des quatre dernières années.
Liberté : Quel constat faites-vous de l’arbitrage, à quelques journées de la fin de la phase aller ?
Belaïd Lacarne : à travers les quatre dernières années, je peux, dire en tant que technicien, l’arbitrage algérien se porte bien, et malgré cela il a besoin de développement. Pour en avoir le cœur net sur la santé de l’arbitrage, voyez vous-même les statistiques et le nombre de matchs remportés par les équipes visiteuses. Chose qu’on ne voyait pas avant. Donc, pour atteindre cette performance, il fallait être derrière ces jeunes, auxquels il faut faire davantage confiance et leur donner le temps nécessaire afin qu’ils acquièrent une certaine expérience. La quasi-totalité des arbitres sur les 310 qui officient actuellement au niveau des championnats professionnels et amateurs sont des jeunes, et il ne reste qu’une dizaine de l’ancienne génération.
Mais comment expliquez-vous cette sempiternelle montée au créneau des dirigeants et des supporters qui fustigent les arbitres et la qualité de l’arbitrage ?
C’est normal, quand on perd un match, c’est toujours l’arbitre qui est mis à l’index, mais jamais l’entraîneur ou les joueurs. Pour l’instant, le rendement des arbitres est satisfaisant, car nos arbitres sont régulièrement contrôlés, inspectés et évalués par nos techniciens, à savoir les anciens arbitres internationaux et fédéraux, qui n’hésitent pas à signaler les arbitres qui faillissent à leur mission, ou ceux qui faussent les résultats des matchs.
Le rendement des arbitres a suscité aussi la réaction du président de la FAF…
Effectivement, lors de cette réunion, le président de la FAF est intervenu et a surtout insisté sur la bonne direction des rencontres et sur l’interprétation et l’application stricte des lois du jeu. Il a aussi rappelé les arbitres sur le fait que celui qui faute paye. Par contre, nous ne céderons pas à l’intimidation de qui que ce soit, car en matière d’arbitrage c’est nous les techniciens et non pas eux.
Au cas où des résultats seraient faussés par des erreurs d’arbitrage, est-ce que la CFA sévit ?
Aussitôt, en fonction des rapports établis, des décisions sévères sont systématiquement prises à l’encontre des arbitres mis en cause. D’ailleurs, jusqu’à présent, nous avons pris 4 ou 5 décisions de suspension, qui ont été notifiées par écrit aux arbitres concernés avec le motif de la sanction. à travers cet avis, l’arbitre est informé de la nature de la faute pour laquelle il a été sanctionné, et ça lui permettra de se corriger. Donc, soyez sûr que celui qui faute paye.
Peut-on connaître la nature des erreurs d’arbitrage relevées par les contrôleurs ?
Jusqu’à présent, en comparaison avec la même période de la saison précédente, nous n’avons pas enregistré de grosses erreurs d’arbitrage, mais malgré cela il y a des arbitres et ils ne sont pas nombreux ceux qui ont pris 4 à 5 mois de suspension. Je précise aussi que les erreurs d’arbitrage constatées ici et là ne sont pas propre à l’Algérie, et on les voit aussi à travers les différents stades du monde. L’erreur est humaine, et l’arbitre peut se tromper, car il n’a qu’une fraction de seconde pour juger la faute et décider de la sanction illico presto. Par contre, les spectateurs dans les tribunes ou les téléspectateurs ont une meilleure vision sur le déroulement des matchs grâce aux répétitions des séquences de phases de jeu litigieuses.
Qu’en est-il du rendement des arbitres internationaux ?
à l’échelle continentale et internationale, nos arbitres sont régulièrement désignés, à tel point que durant les trois derniers mois, je n’ai pas eu l’effectif au complet, en raison de l’absence des arbitres internationaux qui étaient tout le temps à l’étranger, et là, je citerai le cas des directeurs de jeu Haimoudi, Benouza, Bousseter et Abid Charef, ainsi que leurs assistants. Donc, c’est une preuve que l’arbitrage en Algérie se porte bien.
L’USMH vient de demander un arbitre étranger pour le derby contre le CRB. Allez-vous prendre en considération cette demande ?
Que chacun s’occupe de son domaine, et les vaches seront bien gardées comme on dit. La désignation des arbitres est du ressort exclusif de la CFA et elle est souveraine. à ce titre, nous sommes convaincus que nous avons suffisamment de compétences ici en Algérie dans le domaine de l’arbitrage pour officier le derby CRB-USMH. Le temps de l’intimidation et de la propagande est fini. Que chacun assume ses responsabilités.
Avez-vous tout le matériel nécessaire pour assurer votre mission comme il se doit ?
Pour ce qui est des moyens, ils sont colossaux et on ne se plaint de rien. Tout est mis à notre disposition et il n’y a jamais eu de restriction. Nous sommes les premiers en Afrique à avoir débuté l’arbitrage avec les oreillettes. On est aussi les premiers qui multiplient régulièrement les stages de formation et d’évaluation des arbitres. Dernièrement, les 40 arbitres des Ligues 1 et 2 ont été équipés d’ordinateurs portables avec abonnement au réseau internet et dotés d’un logiciel complet pour l’envoi des rapports de match à partir des vestiaires, pour être efficaces et éviter la pression aux arbitres.
à quand l’arbitrage à cinq en Algérie ?
Pour l’instant, il est difficile de le mettre en place en Algérie. Je m’explique : pour mettre deux assistants additionnels (arbitrage à 5), il faudrait que les cinq arbitres appelés à diriger une rencontre aient le même niveau. Cette exigence on ne l’a pas pour le moment, peut-être à l’avenir, mais actuellement non. En plus, nous ne disposons pas suffisamment d’arbitres pour l’appliquer. En Europe, ils ont des milliers d’arbitres et ils ne l’utilisent pas partout, sauf en Ligue des champions.
A. B