Béji Caïd Essebsi depuis hier à Alger, Sécurité, business et… le casse-tête libyen

Béji Caïd Essebsi depuis hier à Alger,  Sécurité, business et… le casse-tête libyen
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Les deux pays s’emploient depuis quelques mois à réunir les conditions pour une solution pacifique à la crise libyenne. Et le rétablissement de la sécurité pour la Tunisie, un des thèmes de campagne de BCE, constitue, selon lui, le meilleur garant pour une relance de son économie.  

Il l’avait promis le jour de son élection et il l’a tenu : le président tunisien Béji Caïd Essebsi est depuis hier à Alger pour une visite de deux jours à l’invitation du président Bouteflika.

Cette visite, la première qu’il effectue à l’étranger depuis son accession à la magistrature suprême, se décline comme un message fort sur la dimension de la relation qui lie les deux pays. Une relation fondée sur des liens historiques, une solidarité sans faille qui s’était exprimée pendant la révolution et au cours de la décennie noire, et une coopération économique dans beaucoup de domaines, même si sur ce registre beaucoup reste à faire. “Cette visite offrira l’occasion aux deux chefs d’État de se pencher sur les voies et moyens de consolider les liens historiques de fraternité et de solidarité active entre les peuples algérien et tunisien, et de dynamiser davantage la coopération entre les deux pays, au bénéfice de leur développement mutuel et au service de la construction de l’Union du Maghreb arabe”, a indiqué, peu avant l’arrivée de BCE, la présidence algérienne dans un communiqué. “La rencontre permettra aussi aux présidents Bouteflika et Caïd Essebsi de poursuivre la concertation et la coordination entre les deux pays sur des questions d’intérêt commun, notamment au niveau des régions maghrébine et sahélienne, ainsi que de la nation arabe”, ajoute le texte. Au regard de la teneur de ce texte, il apparaît clair que la question sécuritaire et le volet économique se tailleront la part du lion dans les discussions entre les dirigeants des deux pays.

Confrontée à l’essor du terrorisme depuis la chute du régime de Ben Ali dans la foulée de la révolution de 2011, puis aggravé par le chaos libyen, la Tunisie, dont l’armée n’est pas spécialement préparée, compte toujours sur le soutien de l’Algérie pour lutter efficacement contre ce fléau, comme l’a déclaré BCE dans un entretien à notre confrère El Watan. “Nous avons cette coopération en matière sécuritaire le long de la frontière commune. L’Algérie a de l’expérience en matière de lutte contre ce terrorisme d’inspiration islamiste. Nous avons un sort lié”, a-t-il dit. Mais pas seulement : Alger

et Tunis sont aussi tenus de conjuguer leurs efforts pour endiguer la menace que représente la détérioration de la situation en Libye sur la stabilité de la région.

Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que les deux pays s’emploient depuis quelques mois à réunir les conditions pour une solution pacifique à la crise libyenne. Et le rétablissement de la sécurité pour la Tunisie, un des thèmes de campagne de BCE, constitue, selon lui, le meilleur garant pour la relance de l’économie tunisienne, autre priorité, en berne depuis la révolution. “La Tunisie a essayé et va tout faire pour sortir de la crise économique. C’est une question primordiale. Mais il y a aussi le problème sécuritaire. On ne peut pas envisager de coopération ni même d’investissement extérieur sans d’abord régler le problème sécuritaire et aussi garantir la stabilité dans le pays.”

Si jusque-là la Tunisie a bénéficié de quelque aide de l’Algérie, notamment durant la période de transition, cette visite sera donc probablement l’occasion pour insuffler une nouvelle dynamique à la coopération économique, même s’il faut le dire, elle n’a pas atteint jusque-là le niveau souhaité. Reste la question de la construction maghrébine : sur ce registre, il ne faut certainement pas s’attendre à grand-chose. BCE dissimule difficilement son pessimisme :  “Le Grand Maghreb arabe, c’est une grande affaire. D’abord, en Algérie, il y a beaucoup d’Algériens qui veulent un Grand Maghreb tout court. Il y en a beaucoup qui ne sont pas des Arabes et il faut les comprendre. (…) Je ne vois pas comment nos pays puissent avancer dans des délais raisonnables. Toutefois, nous souhaitons tous que l’on puisse avancer sur cette question de Grand Maghreb. Peut-être un jour, les choses iront mieux.” Cependant, une relation solide entre Alger et Tunis peut toujours constituer un socle pour la relance de cette entité en souffrance depuis des années.

K. K