Le jour, les plages sont bondées
C’est le rush dans les stations balnéaires des côtes de Béjaïa.
Les touristes affluent de partout, proximité du mois de Ramadhan oblige. Il faut profiter de ces premiers jours de juillet avant le retour au bercail pour un mois sacré qui n’autorise pas grand-chose. Jamais, la ville de Béaïa et ses stations balnéaires des côtes Est et Ouest n’ont connu une telle affluence depuis des années. Tout le monde semble animé du simple plaisir de profiter de ces quelques jours qui nous séparent du grand événement religieux.
On ne se cache pas. On se baigne, on danse et on mange comme on peut. Il ne faut surtout pas laisser passer un moment sans bénéficier des plaisirs de la vie. Autant le jour, que la nuit, l’ambiance est de mise. Le jour, les plages sont bondées de monde. Des baigneurs de tout âge s’y prélassent comme s’ils vivent les derniers moments d’un plaisir de trempette. A la tombée de la nuit, c’est une autre forme de détente qui prend forme. La musique résonne partout. On danse et on chante avec autant de ferveur. Les discothèques installées en plein air pour la période estivale n’ont même pas besoin d’autorisation. Elles sont prises d’assaut par les estivants. On laisse même faire «le tapage nocturne» et personne ne rechigne. C’est le paradoxe que l’on note aisément à Tichy, une ville qui a été pourtant secouée par une contestation contre cette manière de faire. Mais apparemment, quand cela profite à tout le monde cela devient normal, acceptable et loin de toucher aux moeurs.
A Tichy, les nuits sont animées, les plages sont pleines à craquer, toute la journée les commerces travaillent. La ville retrouve sa vocation et tous les excès sont permis. Les estivants viennent de partout. Que de plaques d’immatriculation étrangères à la wilaya! Les vacanciers sont arrivés plutôt que prévu investissant les établissements hôteliers et autres structures d’hébergement. De Melbou jusqu’à Tichy, en passant par Aokas et Souk El Tenine, la saison bat son plein. Les prix de la location se sont envolés aussi. De 4000 à 7000 dinars la nuit pour les logements meublés. Exception faite des plages limitrophes aux hôteliers et qui sont régulièrement nettoyées, le reste se singularise par une insalubrité déconcertante et, pourtant, ce n’est pas faute d’argent.
Des enveloppes financières ont été débloquées à cet effet. Mais cela reste une autre histoire comme tant d’autres qui marquent le paradoxe local. Dans la ville de Béjaïa, c’est aussi le plein. Les émigrés sont là un peu plutôt que d’habitude. Les estivants, qui viennent des autres régions du pays, y sont aussi. Les sites enchanteurs de Béjaïa ne désemplissent pas. Yemma Gouraya, le Cap Carbon, pour ne citer que ces deux endroits, sont pris d’assaut par les «touristes» en quête de fraîcheur chaque après-midi. La nuit venue, quatre sites offrent des spectacles gratuits entrant dans la cadre du traditionnel Festival de la chanson amazighe. La place Gueydon, qui domine le port, permet aux visiteurs de profiter d’une vue magnifique. Du coup, les embouteillages et la densité de la circulation se font plus contraignants.
Les amas d’ordures ménagères s’entassent plus encore. Béjaïa a du mal à faire sa toilette quotidienne. Et les visiteurs le soulignent. «Vous avez une belle région mais elle est trop sale pour être appréciée à sa juste valeur», une sentence d’un émigré qui sonne comme un constat d’un laisser-aller inquiétant. Béjaïa rime avec vacances. C’est déjà un bon signe qui ne trompe pas sur ses capacités de pôle touristique à même d’engranger des richesses pour peu qu’on y accorde plus de considération.