Béjaïa,Le nombre de suicides passe du simple au double

Béjaïa,Le nombre de suicides passe du simple au double

les statistiques des services de la Gendarmerie nationale montrent que le phénomène du suicide a pris des proportions alarmantes ces dernières années dans la wilaya de Béjaïa.

Selon les chiffres présentés par le groupement de la Gendarmerie nationale de Béjaïa, le nombre de cas recensés en 2010, à travers les 52 communes de la wilaya, est passé carrément du simple au double durant l’année écoulée.

Ainsi, en 2010, 19 personnes (14 de sexe masculin et 5 de sexe féminin) avaient mis fin à leurs jours, alors qu’en 2011, le nombre de suicides est passé à 38 cas (25 hommes et 13 femmes), soit une augmentation de 100%.

Aussi, il faudrait tirer la sonnette d’alarme, estiment les responsables des services de sécurité en charge des enquêtes sur ce phénomène.

Par ailleurs, le bilan présenté par la Gendarmerie nationale indique qu’en 2009, 30 personnes (26 hommes et 4 femmes) avaient attenté à leurs jours à l’échelle de la wilaya de Béjaïa.

à ces chiffres effarants, il faudra aussi ajouter le nombre de tentatives de suicide dont la courbe serait également en nette progression. En dépit de l’absence de chiffres officiels, tout porte à croire que le nombre de tentatives avortées dépasse largement celui des cas enregistrés dans la région.

Si certains observateurs locaux considèrent que “ces chiffres sont alarmants”, d’autres spécialistes ne partagent pas cet avis. C’est le cas du Dr Boudarène Mahmoud, psychiatre et député de la circonscription de Tizi Ouzou, qui estime qu’on a trop dramatisé ce phénomène. “Arrêtons d’amplifier et de mystifier ce phénomène qu’il faut dépouiller de son caractère de ‘’tragédie sociale’’ pour l’inscrire dans le seul intérêt pédagogique, en particulier quand des manifestations scientifiques lui sont consacrées”, a-t-il déclaré, soulignant au passage que “ce même phénomène qui touche toutes les régions du pays a bénéficié d’une couverture médiatique poussée en Kabylie”.

Concernant les raisons qui poussent l’être humain à se donner la mort, le Dr Boudarène explique que “le suicide est, dans la plupart des cas, le fait de personnes très malades. Il s’agit là bien sûr de maladies mentales. On ne se suicide pas uniquement pour des raisons sociales ou économiques. Mais certains événements de la vie et le stress que ceux-ci génèrent peuvent amener le sujet vulnérable ou malade à cette situation extrême, surtout quand celui-ci est dans un isolement affectif et qu’il ne trouve pas le soutien attendu dans son entourage social et familial.

Les problèmes d’ordre familial ou professionnel, tels que le divorce, les conflits dans le couple, la perte de l’emploi, le harcèlement psychologique et parfois sexuel, peuvent être éminemment traumatisants et constituer des facteurs qui aggravent le risque de passage à l’acte suicidaire.

Le viol ou les atteintes à l’honneur et à la dignité constituent un traumatisme psychique qui amplifie davantage le risque d’attenter à sa propre vie”.

K O