Il y a tout juste mille ans, en 1007, naissait dans le Hodna, près de Msila, la dynastie berbère des Hammadites dans un milieu quasiment désertique. Soixante années après le royaume des Beni Hammad se déplaça vers Bgayet allait faire naître une brillante civilisation, qui allait rayonner sur tout l’Afrique du nord.
Béjaïa en kabyle Vgayet, anciennement Bougie, est une commune algérienne située en bordure de la mer Méditerranée, à 180 km à l’est d’Alger, dans la wilaya de Béjaïa et la région de Kabylie.
Connue à l’époque romaine sous le nom de Saldae, elle devient au Moyen Âge l’une des cités les plus prospères de la côte méditerranéenne, capitale de grandes dynasties musulmanes notamment les Hammadides et une branche des Hafsides. D’abord connue en Europe grâce à la qualité de ses chandelles faites de cire d’abeille auxquelles elle a donné son nom, les bougies, Béjaïa a également joué un rôle important dans la diffusion des chiffres arabes en Occident. Elle est aussi souvent désignée sous son nom francisé de Bougie, nom officiel durant la période de la colonisation.
Avec ses 177 988 habitants au dernier recensement de 2008, Béjaïa est en termes de population la plus grande ville de Kabylie. Elle est aussi, grâce à sa situation géographique, le plus important pôle industriel de la région, notamment par la concentration de nombreuses industries et la présence d’un des plus grands ports pétroliers et commerciaux de Méditerranée.
Située au nord de la wilaya de Béjaïa, sur le littoral méditerranéen et traversée par le fleuve de la Soummam, la commune de Béjaïa est bordée au nord et à l’est par la mer méditerranéeet elle touche les communes de Toudja à l’est, d’Oued Ghir au sud et de Boukhelifa et Tala Hamza au sud-est.
Le toponyme arabe Béjaïa dérive du toponyme berbère Vgayet, Ce nom berbère, qui aurait été à l’origine Tabgayet, serait issu des mots Tabegga ou Tabeghayt, signifiant « ronces et mûres sauvages ». De par son histoire plus que millénaire, Béjaïa est l’une des plus anciennes villes d’Algérie. En -27/-26, l’empereur romain Auguste fonde la colonie Julia Augusta Saldensium Septimana Immunis à l’intention des vétérans de la Légion : Legio 7 Claudia.
Cette ville Numide est intégrée à la Maurétanie Césarienne en 42 de notre ère. Elle est mentionnée comme étant un siège épiscopal au 5e siècle. Une inscription du second siècle qualifie Saldae de « Civitas Splendidissima. Selon Léon Renier, Plusieurs amphores, des mosaïques, des chapiteaux, des pièces de monnaies ont été découvertes en 2009 à proximité de Fenaïa Ilmaten.
Au cinquième siècle, prise par les Vandales de Genséric, la ville devient la capitale d’un puissant royaume germanique. Aux bandes armées des Vandales, des Goths et des Alains, s’ajouteront les berbères de Maurétanie et de Numidie rejetant le dogme de la Trinité pour former une redoutable armée dont la rigueur des armes est parvenue pour un temps à imposer un nouvel ordre en Méditerranée occidentale et affaiblir ce qui restait de l’Empire romain.
En 435, en vertu d’un accord avec Rome l’autorisant à s’établir en Numidie, Genséric établit sa capitale à Saldae (Béjaia) qu’il a auparavant prise d’assaut aux Romains et y fait accoster les navires ayant servi au passage des Vandales par le détroit de Gibraltar. La ville est fortifiée et devient la base de lancement des projets expansionnistes du roi Vandale visant Hippone, Carthage et même Rome.
Au Moyen Âge, le port joue un rôle politique de premier plan. La dynastie berbère des Hammadides, en conflit avec celle des Almoravides et harcelée de toutes parts par les invasions des tribus arabes des Banu Hilal (Hilaliens), décide de transférer sa capitale de la Qallaa des Beni Hammed (près de Msila) vers Bejaia (1090). La ville, qui est devenue l’une des cités les plus prospères de la côte méditerranéenne, a été prise par les Normands au temps du Roi Roger II de Sicile. Ses habitants parviennent à repousser une expédition génoise en 1136. Elle aura à soutenir une seconde attaque commanditée par Gênes en représailles au soutien des Après la dislocation de l’empire almohade, Béjaïa devient Hafside. Mais dans les faits, c’est une principauté libre souvent en conflit armé avec Constantine. Le grand penseur maghrébin Ibn Khaldoun devient Grand Vizir (fonction équivalente à celle de Premier ministre) de Béjaïa pour le compte de son prince Abu Abdallah en 1365. Il y officiera également à la Mosquée de la Casbah de la ville. Après la mort d’Abû `AbdAllâh en 1366, la ville de Bougie tombe entre les mains d’Abû al-`Abbâs, souverain hafside de Constantine. Le déclin de la dynastie Hafside entraîne celle de la ville.
Le 8 mai 1945, une terrible répression conduite par les forces coloniales françaises à Kherrata, où la marine de guerre est mise à contribution pour le bombardement naval des côtes de la région de Béjaïa, fera des milliers de victimes.
Après le déclenchement de la lutte armée en novembre 1954, le premier congrès constitutif de la résistance algérienne unifiée (FLN-ALN) eut lieu à Ifri (près d’Ighzer Amokrane, la grande rivière en berbère): le fameux Congrès de la Soummam qui a eu lieu le 20 aout 1956 constituera un tournant décisif dans la guerre d’Algérie et ses textes inspirent encore aujourd’hui la destinée de ce pays.
Les Hammadites :
Il y a tout juste mille ans, en 1007, naissait dans le Hodna la dynastie berbère des Hammadites dans un milieu quasiment désertique. Soixante années après le royaume des Beni Hammad se déplaça vers Bgayet allait faire naître une brillante civilisation, qui allait rayonner sur tout l’Afrique du nord.
La dynastie Hammadide, une branche de la dynastie Berbère ziride, est fondée par Hammad Ibn Bologhine, fils de Bologhine ibn Ziri. Les Hammadides ont régné sur un territoire correspondant à peu près au nord de l’actuelle Algérie durant un siècle et demi. Hammad Ibn Bologhine, fonde la dynastie en 1014, en se déclarant indépendant des Zirides, et en reconnaissant la légitimité des califes Abbassides de Bagdad. En 1016, après un peu moins de deux années de conflit, un cessez-le-feu est conclu, mais ce n’est qu’en 1018, que les Zirides reconnaissent l’autorité des Hammadides. Leur capitale est dans un premier temps Al-Qala (la Kalaa des Beni Hammad), puis, lorsqu’elle est menacée par les Hilaliens, devient Béjaïa. Les incursions des Hilaliens, envoyés par les Fatimides, à partir de 1052, affaiblissent grandement la dynastie jusqu’à ce qu’elle soit définitivement vaincue à l’arrivé des Almohades .
Par Rachid Moussaoui .