Béjaïa: Une campagne morose…

Béjaïa: Une campagne morose…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ambiance de la campagne électorale pour les législatives n’est pas à la hauteur de l’événement.

A quelques heures de la clôture de la campagne électorale pour les législatives du 4 mai prochain, c’est plutôt la consternation et la lassitude au niveau des quartiers généraux des candidats à la course. Puisque, contrairement aux campagnes électorales précédentes, à Béjaïa, l’ambiance n’est pas à la hauteur de l’événement. On constate peu de ferveur, un manque d’enthousiasme et une indifférence remarquable. Les traditionnels meetings n’ont pas été à la hauteur des attentes de la base militante des partis engagés et des listes indépendantes.

Hormis une campagne d’affichage qui vient rappeler à l’esprit l’existence d’une élection prochaine à travers les tableaux d’affichage et autres supports anarchiquement squattés, dans les différents quartiers, les meetings et les campagnes de proximité drainent peu de monde.Les différents candidats multiplient les rencontres avec les populations. Les stratégies ne sont pas forcément les mêmes. Ces derniers ont tous mis l’accent sur les rencontres de proximité par peur de rater leurs meetings. Les grosses pointures ont tenté des rassemblements, mais sans grandes convictions. Même le FFS, ce parti qui excelle dans les grands meetings populaires (grandes salles, stades,…) n’a pas donné signe de vie. Les technologies de l’information et de la communication ont été aussi mises à contribution lors de cette campagne. Sur les réseaux sociaux, les candidats multiplient les appels à voter pour leurs listes, mais ils sont tout le temps contrecarrés par les abstentionnistes qui ne se réclament d’aucune tendance politique ni même associative.

A 24 heures de la clôture de cette campagne, l’heure est aux derniers réglages dans les quartiers généraux des candidats, avant le sprint final. Un sprint qui sera sans aucun doute marqué par une campagne d’affichage des plus denses comme à chaque fois, mais surtout des plus anarchiques pour tenter de frapper les esprits. Or c’est plutôt l’effet inverse qui est relevé.

Pourquoi donc les Béjaouis tournent-ils le dos à cette élection législative notamment? Il faut dire que la méfiance des Béjaouis envers les hommes politiques n’a cessé de grandir depuis ces dernières années. Mais surtout pour les élections législatives, qui sont vues et perçues comme un moyen de promotion sociale des élus qu’autre chose, «personnellement je ne suis pas du tout branché sur cette élection puisqu’elle ne me concerne pas…non pas sur le plan politique, mais plutôt sur le plan social…je suis un fonctionnaire qui touche à peine le Snmg, comment voulez-vous que j’aille voter pour quelqu’un qui touchera la bagatelle de 40 millions de centimes?…c’est immoral…d’ailleurs qu’est-ce que cette APN nous a apporté? Toutes les augmentations ont été décidées par le président de la République et entérinées par la tripartite Ugta-gouvernement-patronat», nous a confié Mohand-Seghir un ouvrier professionnel de l’éducation.

Une déclaration, en somme, qui nous renseigne, on ne peut mieux sur l’état d’esprit des électeurs à quelques jours seulement de l’élection. C’est dire que les abstentionnistes n’ont donc pas fini d’intriguer. Sauf énorme surprise, la participation pour cette élection du 4 mai 2014 sera marquée par une abstention manifeste. C’est pourquoi une étude sociologique du phénomène est plus que souhaitable.