Bejaia, Socerca d’Amizour mise en liquidation judiciaire

Bejaia, Socerca d’Amizour mise en liquidation judiciaire
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L’unité carreaux sol, Socerca d’Amizour, filiale du groupe SGP, vient d’être mise en liquidation judiciaire, a-t-on confirmé auprès de plusieurs sources.

La décision a été prise lors d’une AG extraordinaire, tenue le 20 août dernier ; c’est durant cette réunion qu’on a signifié la rupture du contrat de travail avec aux quelques 100 travailleurs de cette entreprise publique. L’échéance de cette fermeture a été fixée au 27 septembre. Si d’ici deux semaines au plus tard, aucune offre de reprise n’arrive sur la table la procédure de liquidation sera officiellement entamée. La centaine de travailleurs recevra en guise d’indemnités de départ une bagatelle de 1,5 million de dinars chacun.

En termes clairs, le redressement de Socerca n’est pas tout à fait impossible ; le liquidateur, l’ancien directeur de l’entreprise, a fixé une date, le 27 septembre en l’occurrence, pour toute entreprise désireuse de reprendre tout ou une partie de l’actif de l’entreprise qui est actuellement en cessation de paiements, ne disposant d’aucune solution de prévention, de sauvegarde ou de redressement judiciaire.

Toutefois, si aucune des deux conditions vues n’est satisfaite, a expliqué à l’Econews, un commissaire aux comptes qui n’est pas tout à fait au fait du dossier Socerca, « le tribunal va automatiquement ordonner le redressement judiciaire de l’entreprise et désigner entre autres, un organe un administrateur.»

LG Algérie

Cette décision va donner lieu à une «période d’observation, au terme de laquelle un BES (Un Bilan Economique et Social) va être dressé». A partir du début de cette période d’observation et jusqu’à une date déterminée par l’administrateur, avant la fin de la période d’observation, des offres de cession ou de continuation peuvent être proposés à celui-ci. Il appréciera, a poursuit notre interlocuteur, personnellement ces offres. «L’offre de reprise va être annexée au rapport de l’administrateur et déposée au greffe du Tribunal de Commerce. L’auteur de l’offre va se trouver juridiquement lié par cette offre jusqu’à la décision du tribunal si toutefois cette décision intervient dans le mois du dépôt du rapport par l’administrateur. Au vu du BES et en considération des offres qui sont faites, le tribunal va arrêter un plan de redressement – c’est à dire un plan de continuation ou de cession totale / partielle – ou il prononcera la liquidation.»

Il faut dire aussi que le partenaire social, le Comité de participation et le syndicat, avait livré des batailles en recourant à des mouvements de protestation sur site et devant le siège de la wilaya pour sauver l’entreprise du naufrage, mais en vain. La concurrence qu’exerce de grands groupes privés ou des importateurs de faïences et de dalles de sol de meilleure qualité-prix a quasiment disqualifié Socerca. Les travailleurs, qui sont usés par les mouvements sociaux récurrents qu’ils étaient obligés de mener, semblent s’être rendus à l’évidence ; autant prendre les 1,5 millions de dinars et les investir dans un quelconque projet que d’espérer un hypothétique repreneur, qui ne pourrait jamais se manifester sauf sans doute pour acquérir le terrain, qui pourra intéresser des promoteurs immobiliers.

Les travailleurs se sont rendus à l’évidence, car selon une source proche du dossier, la moyenne annuelle des réalisations quantitatives en production depuis sa mise en exploitation en 1993, n’a jamais dépassé 50% des prévisions avec un taux d´utilisation des capacités installées inférieures à 30% ; les résultats d’exploitation sont déficitaires, notamment depuis 2004, les frais du personnel représentant cinq fois la valeur ajoutée et 87% du chiffre d´affaires ; un endettement de plus de 400 millions de dinars à la fin 2010 et la situation n’avait pas cessé de se détériorer.

Devant une telle situation financière et la forte concurrence du privé, la relance des activités doit passer impérativement par la rénovation et une mise à niveau des équipements et des outils de production, la raison pour laquelle l’Etat avait bien injecté en 2010 quelque 62 millions de dinars pour sauver l’usine, mais cela n’a pas servi à grand-chose puisque la situation n’a fait qu’empirer depuis, a-t-on déploré.

Salim Aït-Sadi