Béjaïa: Sit-in de solidarité avec le Café littéraire

Béjaïa: Sit-in de solidarité avec le Café littéraire

Des dizaines de personnes, entre artistes (plasticiens, comédiens de théâtre et du cinéma), écrivains, acteurs de la société civile, élus et citoyens lambda, se sont rassemblés hier matin devant l’entrée de la bibliothèque principale de Béjaïa en solidarité avec les animateurs du Café littéraire de la ville. “La culture, ça rassemble”, affirmera Ouali, venu de la commune de Boudjellil apporter un soutien aux animateurs du Café littéraire.

Après avoir observé une minute de silence à la mémoire de deux artistes dont notre consœur, Imène Chibane, du site d’information Algérie Direct et de son mari, Fahim Khellal, qui ont péri, dans la nuit de vendredi à samedi, asphyxiés par le monoxyde de carbone, Kader Sadji, l’un des principaux animateurs du Café littéraire de Béjaïa, a pris la parole pour situer les responsabilité dans les blocages que subit le Café littéraire. “On s’est heurté à des refus inexplicables de la part du directeur de la bibliothèque principale. Mais on s’est vite rendu compte que le blocage se situait au niveau de la Direction de la culture”, a-t-il indiqué.

Le Café littéraire est, au fil des années, devenu un espace de débats critiques. Et c’est à ce titre, que l’association dérange. “Il y a des débats un peu trop critiques, nous a déclaré, il y a quelques mois, le directeur de la culture de Béjaïa”, confiera Kader Sadji avant de donner la parole aux autres intervenants. C’est aussi l’avis de Zoubir Lainceur, un ancien député de Béjaïa. La raison, c’est “parce que le Café littéraire réhabilite le politique. Et cela le pouvoir politique ne le tolère pas. D’ailleurs, tous les cafés littéraires sont ciblés. C’est cela, selon moi, qui a motivé ces interdictions”. Noureddine Saïdi, artiste peintre, a rappelé avec regret que Béjaïa compte trois écoles de musique. Et au moment où on allait avoir enfin une annexe de l’École supérieure des beaux-arts, un projet qui date depuis le milieu des années 1990 — un décret ministériel existe depuis le milieu des années 2000 —, on le bloque pour mettre en place une école de musique. “Et on leur refuse une annexe de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger pour y installer une annexe de l’école régionale de musique de Bouira”, déclarera aussi Djamel Bouali, artiste plasticien et organisateur du Salon des arts plastiques, qui en est à sa 4e édition.

“En 2018, on nous a empêchés d’organiser, la 5e édition.” Il ne comprend pas comment Béjaïa, qui est véritablement une pépinière d’artistes, soit ainsi “spoliée, car c’est un abus de pouvoir, d’une annexe de l’École supérieure des beaux-arts”. L’ancien président de l’APW, Rabah Naceri, a confirmé que des démarches avaient été entreprises avec le wali de l’époque, Rachid Fatmi, afin que l’ancien tribunal de Béjaïa abrite un institut supérieur des beaux-arts. Pour lui, ce qui vient d’être fait par la Direction de la culture de Béjaïa est “un acte de sabotage”. Et pour cause : “Le gros des effectifs dans les écoles des beaux-arts est originaire de Béjaïa.”

M. Ouyougoute