Béjaïa ouvre sa saison estivale à ath mendil : Autopsie d’une côte qui se meurt

Béjaïa ouvre sa saison estivale à ath mendil : Autopsie d’une côte qui se meurt

Pour la première fois, les autorités locales regardent du côté de l’ouest du littoral de Béjaïa. Une région toujours à l’abandon et livrée au squat qui reste d’actualité.

Une fois n’est pas coutume, l’ouverture officielle de la saison estivale 2014 sera donnée aujourd’hui à partir de la plage d’Ath Mendil dans la commune de Beni Ksila, indique un communiqué de la wilaya de Béjaïa. Pour la première fois, les autorités locales regardent du côté de l’ouest du littoral de Béjaïa. Une région toujours à l’abandon et livrée au squat qui reste d’actualité.

La station d’Ath Mendil de la commune de Beni Ksila sera à l’honneur. Outre les festivités traditionnelles organisées à l’occasion de l’ouverture de la saison estivale, la localité verra l’inauguration d’une placette. Les autorités de la wilaya de Béjaïa auront tout le loisir de voir de visu la situation délétère qui règne en maître au niveau de toutes les stations balnéaires de cette région.

Une côte livrée à elle-même

De Boulimat jusqu’à Ath Mendil, frontières avec la wilaya de Tizi Ouzou en passant par Saket, Tighremt, Oued As, les hôtes de la côte Ouest auront tout le loisir de découvrir un état d’insalubrité total, un climat d’insécurité en vigueur, un squat du foncier sans scrupule.

Le tout sur fond d’une beauté naturelle féerique. La côte Ouest de la wilaya de Béjaïa vit des jours faits d’événements qui n’ont de valeur que d’interpeller les autorités pour une meilleure considération avant que ce ne soit trop tard. Aux abords de la RN 24, qui est dans un état piteux, des bâtisses poussent comme des champignons et sans aucun respect des règles urbanistiques.

Des gangs de squatteurs se sont formés au fil du temps pour devenir les maîtres des lieux. En l’absence des services de sécurité, dont les brigades sont implantées loin de la côte, ces gangs ont inventé le métier de vente de terrains publics et privés.

Des gens achètent sans se soucier des risques encourus et les plaintes polluent les services de la justice.

Des citoyens réagissent

La fédération Adhras, regroupant pas moins de 14 villages de la commune de Toudja, a alerté l’opinion locale et les autorités sur les différents dépassements enregistrés au quotidien, tant sur les biens publics que privés. Devant un «mutisme déconcertant», la fédération a décidé de passer à l’action. Outre la décision de fermeture des RN 09 et 24 en signe de protestation, les membres de la fédération ont entrepris d’interpeller eux-mêmes les différents gangs qui agissent au vu et au su de tous sur la côte.

C’est elle aussi qui prend soin du ramassage des ordures ménagères, évitant la prolifération de décharges sauvages, de l’aménagement des accès vers les plages. On se demande alors légitimement où sont passés les deux millions de dinars octroyés aux communes côtières avant chaque saison estivale. Une côte merveilleuse livrée au squat. C’est anormal.

Peu d’investissements touristiques

De toutes les constructions qui ont poussé dans la région, quelques-unes relèvent d’un investissement touristique. Aux complexes Thais, et celui de la Rose bleue, les autorités et la région gagneraient plus à ouvrir, organiser et encadrer le secteur. Ces deux et uniques établissements à Tghremt devraient attirer l’attention des pouvoirs publics, eux qui ont vu le jour au milieu d’un amas d’habitations privées saisonnières et pratiquement toutes illicites. Si le Thais et la Rose bleue créent de la richesse pour la région, cela reste très insuffisant au vu des potentialités qui existent.

Les autorités locales ne cessent d’attirer l’attention sur ce gisement d’emplois et de richesses, il appartient à l’Etat de mettre les moyens qu’il faut.

Pour le moment, le semblant d’infrastructures touristiques de cette côte sont faits globalement de camping familiaux dont deux à Saket et Boulimat et un autre à Ath Mendil.

Les immigrés achètent de plus en plus, ces derniers temps, des biens immobiliers á Béjaïa. Au lieu de louer chaque année à des prix exorbitants, ils préfèrent acheter un appartement ou une petite maison sur la côte pour y passer les vacances en été.

L’achat et la vente des terrains de manière illicite est conséquemment en progression permanente.

L’absence d’investissements publics ouvre la voie grande à la spéculation.

L’achat de biens immobiliers y compris les terrains demeure un bon investissement pour ceux qui en ont les moyens, car les prix ne risquent pas de tomber. Là aussi, les prix varient, mais ne semblent pas répondre à la règle de l’offre et la demande.

Une côte qui meurt à petit feu

Des volontariats pour sauver ce qui reste. Lors de notre virée hier sur la côte Ouest nous avons assisté agréablement à une opération de sensibilisation et de nettoyage de la RN 24. Initiée par les associations écologiques Adth et Altantide, la RN 24 et la plage de Boulimat, au niveau de la côte ouest de la wilaya ont connu un lifting, oeuvre des écoliers et collégiens sur fond d’une sensibilisation des usagers de cet axe routier pour un civisme qui n’a de valeur que de protéger et de préserver notre environnement.

L’ouverture de la saison estivale a été également précédée hier, par une autre grande opération de nettoyage du port de Béjaïa, lancée dans le cadre du Programme national Ports bleus. La direction de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya de Béjaïa s’est associée à cette opération nationale baptisée «ports de pêche bleus», lancée simultanément au niveau de 33 ports de pêche et de plaisance à travers 14 wilayas côtières.

En collaboration avec l’Entreprise de gestion des ports de pêche de Béjaïa, la Chambre algérienne de la pêche et de l’aquaculture, les gardes-côtes, la direction de la santé et de la population, la direction de l’environnement, la Protection civile, la direction de la jeunesse et des sports et des associations activant dans le milieu écologique, et les volontaires, amoureux de l’environnement, cette opération s’est singularisée par la présence de plusieurs plongeurs professionnels qui ont pu retirer des profondeurs de la mer des sachets en plastique, des gobelets, des canettes de boissons, des pneus, des métaux….

La côte-ouest de la wilaya de Béjaïa est connue pour ses sites merveilleux faits de petites plages. Le littoral de la côte ouest de la wilaya de Béjaïa s’étend sur plusieurs kilomètres; une côte presque vierge et même sauvage à certains endroits avec une mer limpide d’un bleu profond.

Des plages de sable s’abritant dans des criques parsèment cette côte où les montagnes s’enfoncent directement dans la mer. C’était avant. Avant que l’homme ne mette sa main destructrice pour en finir avec cette réputation.

En effet, une simple observation nous permet de dresser un constat révélateur. La côte Ouest est aujourd’hui complètement débordée par un flux d’estivants et d’habitations incontrôlables. Elle n’attire plus les Bougiotes qui préféraient les charmes enchanteurs des plages de Boulimat, de Saket, et bien d’autres qui demeurent plus attrayantes. la tranquillité, mais aussi la beauté et la magnificence d’autrefois n’y sont plus. Des criques merveilleuses jusqu’aux plages fabuleuses, sans oublier les vues et les panoramas à couper le souffle, cette côte ne peut pas être éternellement laissée à l’abandon.

Ce paradis manque cruellement d’infrastructures hôtelières et touristiques pour mettre en valeur les attraits dont il est pourvu. Aujourd’hui, la «bétonisation» redoutée de l’environnement est devenue une pratique quotidienne.