Les quelques 700 avocats affiliés à l’Ordre régional des avocats de Béjaïa (Orav) ont boycotté hier l’ouverture de la troisième session criminelle. Pour ce faire, ils ont observé une journée de protestation qui s’est traduite par un arrêt de travail judiciaire, suivi d’un sit-in à la cour de Béjaïa.
La «non prise en charge des revendications soulevées l’an dernier par la défense» est à l’origine de ce nouveau mouvement de colère des robes noires, indiquait, hier, le bâtonnier Me Mohamed Saïd Djennadi. Cette décision a été prise «lors d’une assemblée générale tenue le 13 octobre dernier».
Dix-sept points sont soulevés par les protestataires qui parlent de dégradation des conditions de travail des robes noires dans les tribunaux, notamment ceux de Béjaïa et d’Akbou, les intimidations des instances judiciaires locales, les entraves récurrentes dans l’exercice de leur métier, etc. Cela se répercute négativement sur les droits de la défense. Les grévistes soulèvent aussi le retard mis dans le réaménagement et la réouverture des tribunaux saccagés lors des événements de janvier 2011, notamment ceux de Kherrata, Amizour, Sidi-Aïch et l’annexe de Tazmalt.
Les robes noires de Béjaïa ont soulevé également le problème de la confection de plannings de la tenue des sessions ordinaires, les difficultés rencontrées par les avocats stagiaires et ceux nouvellement arrivés dans la profession, les difficultés dans l’obtention des dossiers criminels réservés à la défense, etc.
Le Conseil de l’Ordre des avocats de Béjaïa a fait état aussi du manque avéré en encadrement au niveau des juridictions dépendantes de la cour de Béjaïa, le déficit en magistrats et en greffiers alors que de nouvelles promotions sortent de l’Ecole nationale de la magistrature et des greffes. Par conséquent, «il y a un cumul des affaires qui se répercute sur les délais de leur traitement», fait-on observer.
Le président de l’Orav a menacé hier de boycotter toute la session criminelle si les revendications avancées ne sont pas prises en charge. Le Conseil de l’Ordre réclame une nouvelle fois des autorités la mise à sa disposition d’une parcelle de terrain pour construire une maison de l’avocat, comme c’est le cas dans d’autres wilayas. Il y a lieu de noter que pas moins de 69 affaires sont enrôlées durant la troisième session criminelle du tribunal de Béjaïa. «Homicide volontaire avec préméditation, constitution de groupes de malfaiteurs, coups et blessures volontaires avec armes blanches, faux et usage de faux, trafic de drogue et détention de marchandises prohibées, importation de psychotropes, viol sur mineur, incendie volontaire et attentat à la pudeur», sont autant d’affaires programmées pour cette session qui devrait être bouclée le 14 décembre prochain.