Détermination à rattraper les retards
Lors d’une première prise de contact avec les directeurs de l’exécutif, les chefs de daïra et les élus communaux, le nouveau wali, Ouled Salah Zitouni, s’est montré déterminé à aller de l’avant pour rattraper le grand retard qu’accuse la wilaya de Béjaïa dans tous les secteurs.
Fraîchement installé, et après trois jours passés à Béjaïa, le nouveau wali a établi un constat sombre sur la wilaya. Passant en revue secteur par secteur, il ne s’attendait guère à voir la wilaya, qui possède d’énormes potentialités humaines et économiques, dans un état ahurissant et totalement à la traîne. Face à l’assistance, le wali use d’un ton ferme pour interpeller tous les responsables présents à redoubler d’efforts, à s’imprégner de beaucoup de sérieux et de volonté pour rattraper tous le retards enregistrés. Une réalité que toutes les populations de la wilaya constatent et vivent au quotidien. D’emblée, il dit : «Je vous fais part de ma détermination, avec l’aide de tout un chacun, d’aller de l’avant pour rendre à cette wilaya sa place d’antan. Je suis très heureux d’être à la tête de cette wilaya historique. Chacun de nous est responsable de cette situation, car il y a un manque de communication. Il faut communiquer avec les citoyens, savoir écouter et surtout ne pas mentir aux gens. Le citoyen ne demande qu’à être écouter. L’exclusion est la source des maux sociaux. Il faut associer les gens qui sont concernés par le développement, c’est la démocratie participative. Le laxisme est banni, place au travail et au sérieux.» Faisant un bref constat, le wali est sidéré par l’environnement insalubre qui ronge la ville de Béjaïa, vitrine de la wilaya, en la qualifiant de décharge à ciel ouvert. Des immondices à chaque coin des quartiers, des travaux inachevés, des routes délabrées, une urbanisation anarchique où les bureaux d’études continuent de dilapider le foncier. Une wilaya touristique qui accueille ses visiteurs, à Boulimat, avec une décharge où se dégagent des fumées et des odeurs nauséabondes. «C’est inadmissible». Face aux cadres et élus présents, le wali ordonne d’ouvrir les portes des institutions et de travailler dans la transparence. Plus de 50 projets à l’actif de la wilaya ne sont pas lancés, depuis plusieurs années. La réhabilitation du réseau d’alimentation en eau potable de Béjaïa, datant de 1895, bute depuis 2008. Une consommation insignifiante du budget de l’année 2015 avec 23% en PSD et 8% en PCD pour les 8 mois passés. Le wali insiste auprès des responsables de l’éducation nationale pour préparer, comme il se doit, la rentrée scolaire 2015/2016 avec l’équipement en chauffage de toutes les écoles. Pour les services de l’hydraulique, il leur a demandé de procéder au curage des oueds et à la prise en charge des avaloirs et de l’assainissement des eaux pluviales. Durant cette première rencontre avec les responsables des différents secteurs, le wali s’est montré intransigeant, en signifiant que le laxisme administratif est complètement banni et qu’il est le seul maître à bord dans cette wilaya.
Une grande attention à l’enseignement supérieur
Pour sa première sortie sur le terrain, le wali s’est rendu, très tôt le matin, dans la commune d’Amizour, sur le site du projet de réalisation de campus de 4.000 places pédagogiques et des cités universitaires de 3.000 lits. Une visite où il s’est enquit de l’avancement des travaux, en passant au peigne fin toutes les structures d’accompagnement de ce campus.
Dès son arrivée, il a constaté l’absence des responsables des huit entreprises de réalisation sur le site et a signifié sur place des sanctions et des mises en demeure à leur encontre. Insatisfait du plan de masse du projet et de l’avancement des travaux, à la veille de la rentrée universitaire, le wali n’a pas mâché ses mots : «Ce sont des cités-dortoirs sans aucun espace vert, ni commodités d’accueil, ni bibliothèque, ni espace commercial, c’est de l’aberration. Ce sont des étudiants et ils ont entièrement le droit de vivre dans des conditions adéquates. Il y a un manque de coordination et de suivi sur le terrain. À partir d’aujourd’hui, le pavé est proscrit, il sera remplacé par le béton imprimé et à partir du 20 août, la cité doit être entièrement bitumée, elle sera réceptionnée et remise à l’organisme utilisateur. À l’avenir, ça ne sera plus comme ça.» Ainsi, le wali a ordonné à ce que les entreprises d’électricité renforcent leurs moyens pour l’achèvement de l’éclairage public. À la cité des 3.000 lits, engagée pour une autorisation de programme de 1.420 millions de dinars, avec une surface totale de 49.078.00 m2, le wali fera remarquer que l’entrée monumentale de cette infrastructure ne revêt guère le symbole de la région d’Amizour, qui est la montagne d’Azrou Nbechar.
«Ça sera une ville universitaire, elle doit être intégrée à la population de la localité et à la société, il faut que la Direction des œuvres universitaire (DOU) réfléchisse à créer des espaces de détente et de commerces pour les étudiants résidents. Les murs érigés devraient être remplacés par des haies avec des plantations pour créer un environnement plus sain et surtout renforcer l’éclairage public et l’installation du matériel de télésurveillance pour sécuriser les lieux. Il va sans dire que cette première sortie a permis de «secouer» les entreprises de réalisation qui ont toujours enregistré des retards dans l’achèvement de leurs projets. Le wali s’est rendu également à la décharge de Boulimat où il a constaté sur place la dégradation avancée et la pollution de l’environnement sur cette côte touristique qui s’ouvre sur la Méditerranée. Ainsi, la détermination du nouveau wali à redonner un nouveau visage à la wilaya a été favorablement accueillie par la population de Béjaïa qui aspire à un meilleur décollage économique. La wilaya de Béjaïa a besoin, plus que jamais, de la conjugaison des efforts de l’ensemble des cadres et élus pour rattraper les retards accusés dans tous les secteurs et que l’intérêt des populations locales soit l’unique préoccupation et la priorité des responsables à tous les niveaux.
Mustapha Laouer