C’est tout l’espoir de l’extension de la cité qui s’effiloche.
Une commission de spécialistes en urbanisme, dépêchée d’Alger par le ministre de l’Habitat, pour statuer sur la constructibilité du site de Sidi Bouderham, a rendu récemment un verdict des plus inquiétants pour l’avenir de la ville de Béjaïa. Le terrain ne se prête pas pour le projet de construction de la nouvelle ville de Sidi Bouderham. Du coup, c’est tout l’espoir de l’extension de la ville de Béjaïa qui s’effiloche. Le plateau de Sidi Bouderham, un vaste chantier de la commune de Béjaïa, devait accueillir 9 000 logements tous types confondus, six écoles primaires, quatre CEM, deux lycées, un complexe sportif, un pôle culturel, une sûreté urbaine, une antenne de la Protection civile, une mosquée et le centre hospitalo-universitaire à Béjaïa sur une superficie globale de 200 hectares. L’information est presque passée inaperçue. Pour une région qui souffre d’un déficit foncier important, une telle information devrait soulever un tollé général. Ce ne fut rien. A moins que des démarches aient été prises secrètement. Mais pour l’opinion, l’absence de réaction publique dénote «un laxisme», qui n’est pas de bon augure. Aux dernières nouvelles la wilaya est à la recherche d’un autre site pour implanter tous ces projets.
Il est utile de rappeler dans ce sens un autre épisode de l’histoire récente de Béjaïa. C’était en 2006. Une autre commission venue aussi d’Alger, avait décidé sans préavis la fermeture de l’aéroport Soummam-Abane-Ramdane de Béjaïa. Mais à cette époque, la réaction ne s’était pas faite attendre. Des élus, représentants de la population et autres acteurs de la société civile, soutenus par la presse ont vite pris le taureau par les cornes mettant en valeur leur opposition a l’option de la commission. Au final, ils ont réussi à faire reculer la sentence. Mais aujourd’hui, le silence de mort en vigueur favoriserait l’option retenue par la commission technique venue d’Alger. La ville de Béjaïa risque de voir encore longtemps retarder ces nombreux projets structurants. Alors qu’on croyait enfin à la concrétisation du fameux CHU inscrit, voilà que tout est remis en cause. Les dizaines de milliers de personnes, qui attendent leurs logements, voient le rêve s’éloigner encore.
D’autres équipements publics, pourtant nécessaires, ne verront pas de sitôt le jour. Car pour cela, il faudra trouver une nouvelle assiette de terrain à même de les accueillir et lorsqu’on sait le déficit en la matière, le risque est gros.
Au sein de l’opinion, c’est l’incompréhension! La décision de la commission n’est pas facile à digérer. En effet, comment se fait-il qu’on attend six ans après le choix de ce terrain pour prononcer un tel verdict? Plus grave encore, ce site a été approuvé par toutes les parties concernées à Béjaïa. Des études d’aménagement du site ont été faites. Des travaux ont été engagés pour sa viabilisation.
Un budget énorme a été consommé. Après quoi, la sentence tombe tel un couperet. Le site ne s’y prête pas! Au-delà du risque qu’encourt Béjaïa quant à la perte de ces projets, il y a lieu de relever ce silence assourdissant des hommes et femmes censés défendre les intérêts de la région. Il aurait été souhaitable de se mobiliser exceptionnellement pour contrecarrer ce verdict comme ce fut le cas lorsque l’administration a décidé récemment d’affecter l’école maritime à la sûreté de wilaya. Les députés et autres élus locaux ont promptement réagi avec au bout l’annulation de la décision. L’école continuera à appartenir au ministère du Transport. Pour le site de Sidi Bouderham, dont l’annonce a été faite bien avant, aucune réaction n’est venue pour maintenir l’espoir. Serait-ce une question de temps? En attendant, les constructions illicites se poursuivent impunément en dépit des efforts de l’APC pour freiner ce fléau qui a la peau dure à Béjaïa.