Un bilan fait ressortir la prédominance masculine, dont 63% sans profession, une plus grande prévalence du suicide chez la femme rurale par rapport à la femme citadine et la prédominance du mode de suicide par pendaison.
“L’acte suicidaire : aspects cliniques, prise en charge et prévention”, tel a été le thème d’une journée de formation médicale continue organisée, samedi, à l’auditorium de l’Université de Béjaïa par le service de psychiatrie du CHU de Béjaïa, en collaboration avec la faculté de médecine et l’association des médecins généralistes libéraux de Béjaïa. Une dizaine de communications a été au programme de cette rencontre dont le coup d’envoi a été donné par le Professeur Saïdani, recteur de l’université de Béjaïa.
Intervenant le premier autour du thème “Le suicidant vu aux urgences”, le Dr Boubezari du CHU de Béjaïa a eu à rappeler, illustration à l’appui, quelques aspects du suicidant et l’attitude à adopter face à ce dernier. Il préconisera la mise en place d’un réseau d’accueil et d’écoute qui n’existe pas encore, lequel, selon lui, doit être piloté par des psychiatres. Lui succédant, le Dr Abassi a, dans une intervention sur “La crise suicidaire”, expliqué que le médecin généraliste constitue le pivot de la prise en charge du sujet suicidaire. Tout en insistant sur la manière de mener l’entretien avec ce dernier, l’oratrice a égrainé les types d’orientation dans le cas d’un suicide. Son confrère, le Dr Leulmi du CHU de Blida, a, de son côté, établi le lien existant entre le phénomène du suicide et la toxicomanie. Il a fait remarquer, à ce titre, que l’autopsie psychologique a révélé que la majorité des suicidants a des antécédents de toxicomanie. Étayant ses propos, il soulignera que 30 à 50% des dépendants ont déjà pensé au suicide.
Le Dr Gani, chef de service à l’hôpital Frantz-Fanon de Béjaïa, dans une intervention sur “L’aspect médico-légal du suicide”, a estimé qu’une étude épidémiologique nationale et un état des lieux sont indispensables pour apporter des solutions au phénomène en dépit de sa complexité.
Tout en plaidant pour la mise en place d’une politique nationale pour faire face à la problématique du suicide, l’intervenant révélera que même si au niveau national des chiffres qui peuvent permettre de comprendre le phénomène n’existent pas, une étude épidémiologique a déjà été effectuée à Béjaïa. Basée sur des rapports d’autopsie, l’étude échelonnée sur trois ans (du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2013) a montré, affirme l’orateur, que sur 441 cas de morts violentes enregistrés lors des autopsies pratiquées, 163 cas de suicide ont été relevés. Le même bilan fait état, selon lui, de la prédominance masculine dont 63% sans profession, de la prévalence du suicide chez la femme rurale par rapport à la femme citadine et de la prédominance du mode de suicide par pendaison.
La même étude a, par ailleurs, révélé que 37,3% des suicides ont été enregistrés dans la wilaya de Béjaïa à Akbou, suivie de Kherrata avec 26,9%, a-t-il ajouté. Il exposera, au passage, la difficulté d’avoir des informations qui peuvent expliquer le passage à l’acte.
D’autres thèmes relatifs au phénomène du suicide ont été également développés au cours de la rencontre : Il s’agit notamment de “L’approche cognitive du suicide” ; “Le suicide et trouble de la personnalité” ; “Le suicide en milieu du travail et les recommandations de l’OMS” ; “La tentative de suicide chez l’enfant” ; “Histoire tragique d’une enfant sans histoire” ; “La pendaison : les aspects biomécaniques et anatomopathologiques des lésions du rachis cervical supérieur”. La journée d’information s’est clôturée avec une séance posters sur “Le suicide : actualité neurobiologique” et “La prévention du suicide et nouvelles technologies”.
H.K.