Béjaïa : La RN 24 fermée deux week-ends de suite

Béjaïa : La RN 24 fermée deux week-ends de suite

Voilà deux jours que les estivants de la côte Ouest de Béjaïa n’ont pas pu rejoindre les belles plages. C’est le deuxième week-end de suite.

Intervenant en plein week-end suffocant, l’action de protestation initiée par les riverains de la RN 24 a été fortement décriée au point où personne ne lui a trouvé un semblant de légitimité. C’est le deuxième week-end de suite que cet axe routier très fréquenté durant la saison estivale subit le diktat des manifestants. Hier encore, la nationale 24 a fait l’objet de blocage par ses riverains.

Ces derniers réclament la réouverture d’une route obstruée par un glissement de terrain induit par une construction immobilière. Ce beau terrain devant servir à l’érection d’une promotion immobilière connaît un début de travaux avant même d’avoir fait l’objet d’un permis de construire, selon les élus locaux de la commune de Béjaïa qui se sont déplacés en fin de journée de vendredi dernier afin de rouvrir la route. Mais en vain. Les protestataires refusent de discuter avec les membres de l’Assemblée communale, qu’ils ont eux-mêmes élus, leur préférant le wali et le chef de daïra. Du coup c’était hier, aussi, le calvaire pour les usagers dont certains ont été contraints de faire un détour par une route qui se trouve, elle aussi, dans un état piteux. Aux alentours du point de fermeture, la colère était à son comble.

Les usagers, pour la plupart venus en famille, se sont interrogés sur «le laxisme», observé face aux sempiternelles fermetures de routes. «On s’est demandés si réellement il y a une autorité dans cette région», assène un père de famille bloqué avec ses enfants sous un soleil de plomb. Comme lui de nombreux usagers n’ont pas compris cette insécurité qui règne en maître dans la basse Kabylie, une région fortement touchée par ce fléau dépassé des temps modernes.

N’ y a-t-il pas d’autre recours autrement plus efficaces? Où va-t-on avec ces méthodes, avec cette manière de regarder ailleurs que les vrais problèmes des populations en cette période estivale? Nous n’avons aucune responsabilité dans cette affaire alors pourquoi ça se retourne contre nous? Ce sont là quelques questions parmi tant d’autres que se posent les usagers. Un glissement de terrain provoque la fermeture d’une route cela suffit pour recourir au blocage d’un axe routier aussi fréquenté que celui de la RN 24 soi-disant pour faire pression sur les autorités.

En deux week-ends de suite, il est pratiquement impossible de se déplacer vers les plages de la côte Ouest sauf à faire de longs et périlleux détours. Depuis qu’on n’intervient plus pour rouvrir les axes routiers des suites de manifestations musclées, la ritournelle est alors devenue plus fréquente. C’est un peu logique, disait hier un usager bloqué comme des centaines d’autres, «puisqu’on ne répond qu’au plus fort», affirmait-il non sans regretter l’absence de l’Etat pour appliquer la loi et sanctionner tous les contrevenants.

Autant les revendications étaient légitimes, autant la colère des usagers l’était aussi, qui ne comprennent pas pourquoi ils sont seuls à subir ce diktat né d’insuffisances dont ils ne sont aucunement responsables. Personne n’était en mesure de répondre hier à cette question, si ce n’est les usagers eux-mêmes qui crient haut et fort «l’absence de l’Etat». «Comment se fait-il qu’un aussi important axe routier soit fermé à la circulation et que même le déplacement de l’autorité communale n’ait pas pu régler», assène ce routier.

«En plus on ose demander aux estivants de venir à Béjaïa et que tout est fin prêt pour les recevoir», ironise-t-il encore avant d’affirmer «redouter le moindre déplacement sur la région». «Ce ne sont pas les appels au dialogue qui peuvent fléchir les manifestants», renchérit un estivant, estimant que «le wali et le président de l’APW se doivent de se déplacer avec la force publique pour, d’abord écouter les manifestants mais aussi lever le blocus pour permettre à tout un chacun de vaquer à ses occupations».

L’avis était largement partagé par les citoyens bloqués hier à la sortie Ouest de Béjaïa. Mais lorsqu’on évoque la spécificité de Béjaïa, on est encore loin de la solution et du coup, c’est le cauchemar qui continue.