Les membres de ces deux formations n’ont pas mâché leurs mots, ce jeudi dans l’après-midi. Chacun fustigeait l’autre sans retenu devant la porte de la grande salle de l’APC, où le wali devait présider une rencontre avec les associations de la cité.
Le Collectif, regroupant une quarantaine d’associations, selon leur porte-parole, munis de badges confectionnés à cet effet, a interdit l’accès au non détenteur de ce badge. Ce que la coordination n’a pas apprécié, puisqu’ elle-même n’en avait pas, et dira à qui veut l’entendre « ceci est une preuve que l’on veut diviser les citoyens de la commune ». D’ailleurs, la Coordination n’a pas tardé à rendre publique une déclaration dont nous détenons une copie où elle s’interroge « qui a confectionné ces badges ?» Et « La Coordination du mouvement associatif de la commune de Béjaïa, soucieuse et jalouse de l’avenir du développement de notre commune, dénonce « énergiquement les agissements néfastes des organisateurs de cette rencontre à la solde du pouvoir local occulte, diviseur et corrupteur » lit-on sur la déclaration.
Le wali, le chef de daïra et le P/APC n’ont pu apaiser les membres du collectif et ouvrir les portes de la salle à tous les présents. Le Collectif des associations a signifié que la rencontre est initiée suite à leurs actions. Il a fallu que le wali ait proposé de consacrer à chaque formation un temps de parole, pour que la rencontre pu débuter. On signalera, par ailleurs, que les forces de l’ordre se sont déployées à l’intérieur même de la salle par crainte de voir la situation se dégénérer, surtout que les esprits se sont attisés vis-à-vis des autorités de la wilaya. On rappellera que ce collectif a tenu un sit–in devant le siège de la wilaya où une plate-forme de revendications relative à l’état du chef-lieu a été adressée au premier magistrat de la wilaya (voir notre édition N° 206 du 27/02/2013). C’est de cette action que le collégial puise sa légitimité d’être le seul interlocuteur avec le wali et c’est devant un parterre aux nerfs à fleur de peau que le wali répondra. On relèvera une intervention clef du P/APC qui dira à l’assistance « C’est décevant d’en arriver là. Béjaïa c’est vous, c’est nous, il n’existe pas d’APC de la vieille ville ou de Tizi ou d’Ighil –Ouazzoug, il existe une seule assemblée et nous sommes ses représentants et ceux de cette commune» La rencontre dura plus de 6 heures, le wali relié par son exécutif répondra aux inquiétudes du collectif et saisi l’occasion d’énumérer toutes les enveloppes allouées à la wilaya pour la réalisation de tous les programmes du Président Bouteflika. De même, qu’il signalera que « les associations devraient se mettre en conformité et renouveler leur agrément » et ajoutera qu’ « il a «une confiance totale en cette nouvelle assemblée, car il existe une harmonie et un désir de travail » On notera que durant toute la rencontre, le wali appelait les acteurs de proue de ce collectif par leurs noms. On n’omettra pas de rappeler que le conflit entre les deux formations est né lors de la rencontre à la Maison de la culture initiée par la coordination (voir notre édition N°176 du 22 /01/2013) et que des membres du collectif ont été des vice-présidents jusqu’à un passé très récent. Quant à nous, on s’interroge sur le rôle des associations dans la gestion de la cité. Béjaïa-ville compte à elle seule 1 050 Associations tous caractères confondus, mais combien sont-elles conformes à la loi 12-06 du 12 janvier 2012, et sachant que la déclaration constitutive est déposée auprès de l’assemblée communale, que l’administration de celle-ci procède à l’examen de conformité avec les dispositions de la loi, que le récépissé d’enregistrement ayant valeur d’agrément est délivré par le P/APC et que les subventions sont allouées par délibération de l’assemblée. Alors on s’interroge pourquoi elles interpellent le wali surtout que ces assemblées n’ont été élues que depuis le 29 novembre 2012 soit 97 jours à peine. De plus aucun sit-in ni interpellation devant le siège de l’APC n’ont eu lieu. Cette rencontre risque de créer un précédent et de voir les associations des autres communes emboîter le pas à cette action.
Par ailleurs, on signalera que le wali et le P/APC étaient accompagnés chacun de son staff au complet et la présence d’un élu député qui a quitté la salle bien avant la clôture de la rencontre. Ces présences feront dire à certains membres du collectif « n’est-ce pas une preuve que nous pesons sur l’échiquier de la ville »

R. T.