Pas moins de dix-sept associations, regroupées autour d’une coordination de sauvegarde du patrimoine de la ville de Béjaïa, ont organisé, samedi, un rassemblement devant le Fort Sidi-Abdelkader, surplombant la baie béjaouie.
Les manifestants, plus d’une centaine environ, parmi lesquels figuraient des animateurs associatifs, des militants politiques et autres citoyens anonymes, se sont mobilisés pour « protester contre la réalisation d’un projet de construction de 40 logements, envisagé par l’Armée nationale populaire (ANP), sur un site classé et protégé ».
« Nous exigeons l’annulation par écrit de ce projet et nous interpellons les autorités locales à réaliser à la place, un lieu de détente et de loisirs pour nos familles », fulmine l’un des animateurs de ladite coordination, lors d’une prise de parole improvisée sur les lieux de la protestation. A noter que les différents intervenants ont été unanimes à exprimer leur détermination à s’opposer à ce projet de l’armée sur ce lieu historique « classé zone protégée ». Certains d’entre eux ont proposé l’organisation d’une journée de protestation ponctuée par une grève générale au niveau du chef-lieu de wilaya, dont la date sera fixée ultérieurement par la coordination. Lors de ce rassemblement, certains résidents des Oliviers, dont les habitations sont situées en contrebas du Fort Sidi-Abdelkader, ont pris la parole pour exprimer leur inquiétude quant à l’avenir de leurs maisons qui seraient, selon eux, menacées par ce projet.
Par ailleurs, les associations membres de cette coordination des organisations de la société civile de Béjaïa ont adressé, à l’issue de leur assemblée générale du 10 février dernier, une correspondance à toutes les autorités compétentes – que ce soient centrales ou locales – afin de leur faire part de leur opposition au projet initié par l’institution militaire. « Nous tenons à vous exprimer notre opposition quant à la réalisation d’un projet de construction de 40 logements envisagé par l’Armée nationale populaire, face au côté supérieur du Fort Abdelkader et exactement sur la bande culturelle de Bridja et le chemin des Oliviers, où se trouvent une muraille romaine, une muraille hammadite, la Khaloua de Sidi-Abou Madyan Al Ghaouth et le versant des portes hammadites », notent les rédacteurs de ladite missive. Selon eux, ce projet affectera indéniablement le patrimoine de cette ville, puisqu’il portera atteinte à une zone protégée. Considérant que « l’ANP est le prolongement naturel des résistants d’hier, des acteurs d’aujourd’hui et des vaillants du patrimoine de demain », les pétitionnaires comptent sur « le bon sens, la clairvoyance et la priorité qui doivent être accordés à cette correspondance dans l’intérêt suprême de la nation, tant il s’agit de son histoire, de ses sites et ses monuments historiques et ce, afin d’empêcher, conformément aux textes de lois, que l’on porte atteinte, une fois encore, au patrimoine ».
Il reste à savoir si l’appel lancé par les citoyens de Béjaïa trouvera un écho favorable auprès des hautes autorités de l’Etat ? L’avenir prochain nous le dira.