El Yazid Dib

Le retrait de candidature reste un droit entier comme celui d’en postuler, mais les élections sont reportées, dites-nous en vertu de quoi ? Il aurait été moins préjudiciable de leur fixer une date et non pas fixer une date d’une année à une commission consensuelle qui se démunira, certainement, de d’un consentement conventionnel. Ainsi nous nous installons dans une prolongation sans durée, en renvoyant une prérogative constitutionnellement présidentielle à une commission sans nul ancrage de la même espèce. Il y a du déni de la loi et de l’entorse au respect des échéances électorales auquel le nouveau Premier ministre n’a cessé de brailler dès la convocation du corps électoral. Les enregistrements sont là avec des preuves irréfragables.
En fait la rue dès la marche du 8 mars et en surpassant le refus du cinquième mandat ; s’est investie dans le cri revendicatif pour la disparition des piliers du régime. L’exigence était de ne plus revoir les mêmes têtes, ni entendre les mêmes noms. Ils sont rébarbatifs comme le sont leurs itératives promesses. L’on est pantois et dubitatif si l’on pense qu’avec tout le génie algérien l’on n’ait pu trouver un nom qui puisse rassembler tous les segments des doléances populaires. Quelqu’un qui n’a pas de comptes à régler, qui n’a pas de haine, ni de rancœur, ni d’aigreur face à des pairs, des faits ou des fatalités. Il nous aurait fallu un homme neuf, indemne de tout grief, non entaché de commissures ou de compromissions, ce genre de type qui ne connaît personne, étant seul avec ses compétences, ses prouesses, sa conscience et son ultime sacrifice patriotique. Bedoui saura-t-il encore s’adapter à ces critères et défier, lui qui use de « défis » et « d’enjeux » le chant de la suffisance qui semble l’avoir habitée depuis peu ?
Selon l’agenda tracé et si tout ne s’accélère pas, il va être Premier ministre jusqu’après la fin de l’année.

Un Ghozali des années 90 avec ou sans papillon. C’est lui qui va architecturer la charpente de cette nébuleuse commission du consensus national, c’est lui qui va mettre la loi de finances complémentaire en juin et le budget 2020, c’est lui qui va piloter la mise en place d’une entité indépendante non pas pour la surveillance des élections mais pour leur organisation, c’est lui, en quelque sorte, qui va gérer une phase dangereusement creuse que l’on n’ose à peine appeler transition, c’est lui qui va… enfin tout régenter. Sauf que la société, ses profondeurs, ses aspirations sont domiciliées un peu loin de cet agenda et tendent déjà à rejeter d’un bloc cette fausse transition. Attention à l’histoire qui s’écrit…