Bedoui chez Bouchareb, Bensalah reçoit Goudjil : Les 3 B narguent les Algériens

Bedoui chez Bouchareb, Bensalah reçoit Goudjil : Les 3 B narguent les Algériens
algerie-manifestations-antibouteflika

Par Saïd BOUCETTA

La communication institutionnelle est incapable de se mettre à la hauteur d’un peuple conscient des enjeux et qui sait où il va. Bedoui, Bensalah et Bouchareb ne le savent peut-être pas, mais ils jouent une comédie de mauvais goût.
Totalement inopérants sur le terrain, les ministres du gouvernement Bedoui, trouveront refuge auprès de l’Assemblée populaire nationale.

Le bureau de l’APN a, à ce propos, transmis au gouvernement une liste de questions orales et fixé la journée de jeudi prochain aux ministres pour répondre aux interpellations des députés sur des thèmes liés essentiellement au développement local et aux conditions de vie des citoyens. Il va de soi que pour donner un maximum de crédit aux deux institutions, le gouvernement et l’APN, l’on s’attend à ce que les questions soient directes et concernent directement le vécu du citoyen, et les réponses profondes et détaillées, avec en prime un véritable engagement de solutionner les problèmes posés par les élus de la nation.

Beaucoup de secteurs seront concernés par cette séance de questions au gouvernement. Les ministres des Affaires religieuses, de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, de la Solidarité nationale, de l’Agriculture, de l’Habitat, du Commerce et de l’Environnement répondront aux 28 interpellations des députés. C’est de loin, l’une des séances les plus fournies, ces dernières années. Une séance que dirigera un Mouad Bouchareb lâché dans son parti, mal aimé par les militants du FLN, après avoir été parachuté à la tête de l’Assemblée populaire nationale. Le président de l’APN est le troisième «B» qui sera sans doute évoqué dans les marches du 11e vendredi des manifestations populaires.

LG Algérie

Il va de soi que cet exercice qu’impose Bouchareb et ses collègues de l’APN aux membres du gouvernement, dont c’est le premier contact avec l’institution législative, vise prioritairement à «dialoguer» avec les Algériens. Les ministres tenteront de renouer le fil, même indirectement, avec une population qui ne les accepte pas depuis le premier jour de leur nomination au gouvernement. Mais cette démarche a toutes les chances d’être interprétée, au contraire, comme une autre démonstration de «mépris» à l’endroit des Algériens, ces derniers considérant toute action gouvernementale comme une infraction à la volonté populaire. En effet, il convient de souligner que le refus catégorique qui a frappé la formation de l’Exécutif fait l’unanimité parmi les Algériens, qui ne voient aucune utilité à une équipe, disqualifiée par la rue, mais également par une réalité politique plus qu’évidente aujourd’hui.

La sortie médiatique des ministres, après une quasi-impossibilité de réaliser des visites à l’intérieur du pays, participe donc d’une forme de «comédie» gouvernementale, à laquelle se joint le président de l’Etat. Et pour cause, complètement aphone, après son premier discours de circonstance, Abdelkader Bensalah qui a «osé» s’absenter à la conférence de dialogue à laquelle il a lui-même appelé, continue de paraître dans les JT des chaînes de télévision publiques, comme pour, lui aussi, donner l’illusion d’une activité «normale», sans pour autant tromper grand monde.
Sa dernière «mise en scène» a consisté en une audience accordée à son ancien collègue au Conseil de la nation, devenu, à la suite de sa nomination à la présidence de l’Etat, président par intérim du Conseil de la nation.

Salah Goudjil, doyen de tous les hommes politiques algériens a donc «posé» au côté de Abdelkader Bensalah, dans une sorte de remake d’un débat muet qui n’intéresse absolument personne. Le communiqué de la présidence de l’Etat qui fait état de ce tête-à-tête, le ramène aux «démarches de concertation initiées par le chef de l’Etat pour le traitement de la situation politique du pays». Oserait-on utiliser le mot «mascarade» pour qualifier cet entretien de deux responsables de deux institutions en rupture totale avec le vécu social et politique du pays? Le mot est peut-être fort, mais il serait plus que difficile au président de l’Etat de convaincre les Algériens du fait que pareille rencontre puisse constituer quoi que ce soit dans le débat de l’heure.

Le même Abdelkader Bensalah a également reçu le même jour, le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum «qui lui a fait un exposé sur la situation internationale actuelle et notamment sur les questions concernant les défis de sécurité, en Afrique et dans le Monde arabe», rapporte un communiqué laconique qui traduit, par la même occasion, toute la faiblesse d’une communication institutionnelle, visiblement incapable de se mettre à la hauteur d’un peuple conscient des enjeux et qui sait où il va. Bedoui, Bensalah et Bouchareb ne le savent peut-être pas, mais ils jouent une comédie de mauvais goût.