Bedoui à Tinzaouatine: Les populations des zones frontalières appelées à la vigilance

Bedoui à Tinzaouatine: Les populations des zones frontalières appelées à la vigilance

Ghania Oukazi

Bedoui à Tinzaouatine: Les populations des zones frontalières appelées à la vigilance

Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire a appelé, hier, les populations des zones frontalières à observer une vigilance « du plus haut degré » pour, a-t-il dit « relever les défis sécuritaires actuels et à venir.»

«Vous avez vécu ces derniers temps, les tentatives d’incursion dans le territoire national de groupes venus de certains pays arabes, la vigilance doit être à son plus haut niveau, (…), nous avons vécu les années noires du terrorisme, nous avons perdu des milliers de vies algériennes, Dieu merci, nous l’avons vaincu grâce aux multiples sacrifices,» a-t-il affirmé, hier, devant les notables et les représentants de la Société civile de la commune de Tinzaouatine, dans la wilaya de Tamanrasset. Nouredine Bedoui a noté que «les services de sécurité, tous corps confondus, sont en vigilance totale (…), à ceux qui s’expriment de l’intérieur et de l’extérieur du pays, que se soient des organisations ou autres, ceux qui distillent des mensonges, on leur dit que ceux qui veulent entrer en Algérie, il existe des postes frontaliers, mais ceux qui violent nos frontières, ils doivent savoir que nous défendrons tous notre pays.» L’allusion concerne des groupes venus ces derniers temps, a-t-on dit, de la Syrie pour atteindre les frontières sud du pays.

Pour le ministre, « la sécurité et la stabilité du pays sont des lignes rouges.» Il affirme ainsi, que «nous vivons actuellement, un redéploiement de certains groupes, la vigilance la plus forte doit être de mise.» Bedoui demande aux populations de ces zones frontalières avec le Mali et le Niger, « faites confiance en les institutions sécuritaires de l’Etat, en votre armée qui est aux frontières pour la sécurité du pays et des citoyens.» Le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zaalane, le confortera dans sa courte intervention en déclarant que «un pays est fort quand ses frontières sont préservées.» Avant de lui céder la parole, Bedoui aura souligné que «sans la sécurité et la stabilité, on ne peut parler de développement ni d’autres choses.»

Un programme de sécurisation des frontières

Autres choses, le ministre devait retenir la revendication qui lui a été faite par les habitants de Tinzaouatine de « revoir la réglementation codifiant l’exploration de l’or, dans la région, pour délivrer des autorisations spéciales à ceux de la région qui la pratiquent, et ce, pour leur éviter d’être arrêtés par les services de sécurité.» Les intervenants ont pointé du doigt «les arrestations de nos jeunes et leur comparution devant le juge, la saisie de leur matériel.» Ils déplorent le fait que «les services de sécurité arrêtent, parfois, des personnes qui n’ont même pas fait d’exploration mais mènent des activités pour la prise en charge de leur élevage.»

Le MICLA leur promettra que «toutes vos doléances seront portées à la connaissance du gouvernement et des ministres concernés pour que des solutions leur soient trouvées dans les plus brefs délais.» Le ministre du Commerce, Saïd Djelab, leur a affirmé que «l’organisation de la Foire ‘Assihar’ (gelée depuis de longes années ndlr), aura lieu au début de février prochain, on verra pour cela avec le wali et nos voisins.» Djelab fait savoir qu’«il est prévu à l’avenir de faire de Tamanrasset un pôle économique et commercial, d’en construire les infrastructures nécessaires, il faut que l’Assihar devienne un événement économique africain.»

«Les cadres de la Nation doivent être permutés»

Tout en rappelant la rencontre avec les autorités et élus des zones frontalières, tenue à Alger, ces derniers mois, Bedoui précisera que «vos demandes sont incluses dans les recommandations que nous avons arrêtées (…), importance est donnée à la réalisation des routes, projets inscrits dans le programme spécial ‘frontières’ décidé par le président de la République, auxquels nous allons accorder des rallonges budgétaires.» A son arrivée, il inspectera l’état d’avancement de projets inscrits dans «le programme de sécurisation des frontières de la wilaya de Tamanrasset.» Bouteflika avait débloqué un budget de 600 milliards de centimes pour la réalisation de 260 km qui y sont inclus. Il est question de réaliser en tout 4.445 km, par l’effet de prise en charge de revêtement linéaire tout autour de la wilaya de Tamanrasset, de réalisations d’aérodromes et pistes d’atterrissage, de plate-formes d’hélicoptères, tout autant qu’un revêtement de la piste Silet-Tinzaouatine sur une longueur de 367 km. « Le programme de sécurisation des frontières est le plus important, dans la région. Des élus noteront que la route reliant Tamanrasset au Niger est longue de 623 km «mais totalement défoncée.»

Première visite ministérielle «depuis l’indépendance»

Les populations ont noté que «c’est la première fois que des ministres viennent à Tinzaouatine depuis l’indépendance.» Situé à 550 km de Tamanrasset et à 380 km d’In Guezzam, Tinzaouatine, soulignera le ministre de l’Intérieur «est le point le plus reculé du pays.» Ses habitants veulent la voir érigée en wilaya déléguée «comme Debdeb.»

Les premières déclarations du MICLA ont mis en exergue «la nécessité du recrutement local» et a appelé, entre autres, les responsables de la protection civile à «organiser des concours spéciaux pour pouvoir les recruter dans le corps.» Il instruira, autorités locales et responsables d’institutions, à «mieux communiquer, mieux informer sur les opportunités de recrutement, il faudrait que nos jeunes comprennent qu’on les oriente vers des emplois qualifiés.» Bedoui demandera, aussi, à ce que «les cadres de la Nation soient permutés à travers les différentes régions du pays, pour acquérir le plus d’expérience possible, il ne faut pas qu’il fasse du surplace.» Il exigera en outre «la réalisation, dans les délais les plus courts, des infrastructures de base, notamment dans les zones frontalières, c’est une nécessité impérieuse» et recommandera «d’essayer le ciment pour la construction de réseaux routiers dans le Sud.»

Entre autres inaugurations auxquelles il a procédé, hier, dans la commune de Tinzaouatine, en plus du lancement de réalisation de tronçons routiers, un groupe scolaire alimenté par l’énergie solaire, cantine comprise en soulignant qu’ «aucune école ne sera construite sans cantine et les infrastructures publiques devront, toutes, passer au solaire.» Il a inauguré un poste avancé de la protection civile et aussi une piscine qui fait la joie des enfants d’une région très enclavée. Bedoui rappellera, à cet effet, le décret codifiant «la délégation de services publics» qui permet aux APC de signer des conventions avec des entreprises de jeunes pour la gestion des infrastructures publiques.

Des élus lui demanderont d’ouvrir les frontières (Mali et Niger) pour permettre aux populations d’exercer des activités commerciales et divers trocs «une fois tous les 15 jours ou au moins une fois par mois.»

Une réorganisation administrative «progressive»

A ceux qui lui ont demandé que Tinzaouatine devienne une wilaya déléguée, Bedoui fera savoir que «pour la nouvelle réorganisation administrative du territoire, nous adoptons une méthodologie d’étapes progressives, l’expérience de Debdeb nous montre, en effet, qu’il faut renforcer la force de l’Etat aux frontières, nous avons avancé au nord en créant des wilayas déléguées, on ne doit pas se précipiter, la démarche est étudiée, les étapes sont réfléchies pour aller vers cette nouvelle organisation, on parlera, bien-sûr, des communes (…).» Le ministre assurera au passage que «la création de wilayas déléguées dans les Hauts Plateaux va se concrétiser, la décision prise en 2015 par le président de la République est irréversible, on est très avancé dans l’étude de cette réorganisation, on va la présenter au président, dans les prochaines semaines.»

Les populations ont noté que «les projets qui ont été programmés dans la région tardent à être réalisés à l’exemple de l’hôpital.» Elles réclament «des mesures d’urgence pour des transferts de l’eau potable, la réalisation d’un CEM, d’un Laboratoire, d’un Centre de transfusion sanguine, d’un Centre d’examen parce que celui existant est distant de Tinzaouatine de 360 km, des logements sociaux parce qu’on n’en pas eu depuis 2009, l’ouverture d’un siège de la Sûreté urbaine (…).» L’ensemble des projets inscrits dans le cadre du programme de développement 2017-2018 ont été réévalués exigeant ainsi pour leur réalisation des moyens financiers supplémentaires importants.

En fin d’après-midi, les ministres reprendront l’avion pour In Guezzam aux fins d’inaugurer un centre d’hébergement pour les migrants illégaux, un lycée, une piscine et pour rencontrer la Société civile. Une opération d’exportation de ciment sera en outre lancée vers le Niger.

Aujourd’hui, ils iront à In Salah pour mener plusieurs autres activités et termineront leur périple, demain lundi, au chef-lieu Tamanrasset.