L’espoir de jeûner sans trop avoir à souffrir de la chaleur s’est très vite estompé pour les habitants de la capitale de la Saoura, en raison d’une hausse vertigineuse de la température qui, en ce mois sacré du ramadhan, dépasse à présent les 42° C à l’ombre. Depuis le début de cette deuxième semaine de jeûne, les grandes chaleurs se sont bien installées, incitant ainsi les citoyens à revoir leur train de vie quotidien, aussi bien pendant la journée que pour remplir leurs soirées ramadhanesques. La vague de chaleur parvient à paralyser la ville, au risque même de perturber certaines activités commerciales, voire même économiques, à l’exemple du secteur des travaux publics et du bâtiment, qui, déjà en raison de certaines restrictions budgétaires, connaît un certain ralentissement dans la réalisation des projets et pourrait entièrement les suspendre ( la finalisation du nouveau siège de la daïra de Béchar en est un exemple). C’est donc durant une fraîcheur matinale mais éphémère que les gens vont faire leurs emplettes, créant ainsi une certaine animation sur les lieux publics et les marchés de proximité, alors qu’à partir de midi, les rues se vident entièrement. Un soleil de plomb et une suffocation planent sur la ville. S’aventurer dehors, en l’absence d’un moindre abri ombragé, relèverait d’un défi débile. Seules les administrations publiques demeurent ouvertes, sans toutefois être prises d’assaut comme cela aurait été le cas en une autre saison. Quelques instants avant la rupture du jeûne, certaines activités commerciales peuvent être remarquées çà et là. Ce n’est qu’après avoir pu rompre le jeûne, autour d’une table garnie de tous ces mets tant convoités en ce mois de ramadhan, que les citoyens commencent à sortir de chez eux et que la ville sort de sa léthargie. C’est alors que l’on va penser à combler ces soirées, en l’absence d’espaces de loisirs et de détente, notamment pour les familles. Pendant que les fidèles se rendent dans les mosquées pour la prière d’El Ichaâ et des Tarawih, les jeunes arpentent les rues ou s’installent sur les terrasses de cafés ou encore envahissent les cybercafés, qui connaissent une grande affluence en cette période. Voilà qui nous ramène à (re)soulever cette problématique d’animation culturelle et de loisirs, durant le mois de ramadhan et qui coïncide, depuis plusieurs années, avec les vacances d’été et, par conséquent, les grandes chaleurs. Quelques troupes locales animent des soirées musicales, à l’initiative de la maison de la culture. La place de la République, plus connue sous le nom de « Jet d’eau » attire le plus les jeunes qui préfèrent, en ce lieu bien éclairé il faut le dire, discuter autour d’un vert de thé, proposé par un cafetier ambulant ou admirer les représentations musicales de quelques troupes musicales, programmées en alternance avec celles de la maison de la culture, cette année, sur cette place même. Les familles bécharies, après une longue et chaude journée de fatigue, n’ont guère le choix, pour leurs veillées, que d’opter pour des espaces de fortune où elles se rendent, à la sortie nord de la ville, en quête d’une bouffée d’oxygène, et y déguster un bon verre de thé à la menthe, alors que d’autres familles se rendent au Centre de Loisirs Familial (CLF) de la 3e Région Militaire, véritable espace vert de détente et où seuls les « arrive-tôt » peuvent trouver une place. Il y a, par contre, celles qui demeurent au frais de leur climatisation, en veillée intimement familiale. Quoi qu’il en soit, entre jeûne, canicule et absence de distractions, la population de Béchar, habituée à ce genre de situation, s’estime toutefois heureuse, par rapport aux années précédentes, de cette stabilité de l’alimentation régulière en électricité et en eau potable, qui, en dépit d’une hausse dans leur consommation, garantissent aux citoyens un cadre de vie convenable, durant cette période et en attendant les grandes ruées vers le Nord, tout de suite après avoir accompli le jeûne, dans toute la sérénité et la piété qui lui sont dues.

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