Beaucoup d’universitaires optent pour les métiers manuels ,Le diplôme n’est-il plus la clé de sésame ?

Beaucoup d’universitaires optent pour les métiers manuels ,Le diplôme n’est-il plus la clé de sésame ?

Des milliers de jeunes diplômés universitaires préfèrent exercer des métiers manuels n’ayant, dans la plupart des cas, aucun lien avec leur formation.

Ils gagnent leur vie loin des bureaux, ordinateurs et toute organisation professionnelle. Ils estiment qu’il est inutile de passer des concours de recrutement et échappent ainsi à la préparation de la paperasse, la présence et l’attente des résultats.



Il est vrai que les chances de décrocher un emploi conformément au cursus universitaire deviennent de plus insignifiantes au vu du grand nombre de candidats et l’insuffisance du nombre de postes répondant au seuil du chômage, mais ces jeunes évoquent plutôt d’autres raisons qui les ont poussés à opter pour les métiers manuels. Certains déplorent la faible rémunération au niveau de la fonction publique. «Avec les salaires appliqués aujourd’hui, il faudra travailler toute une vie pour se faire une situation. A quoi sert de se lever quotidiennement très tôt et aller passer la journée derrière un bureau sous les ordres d’un chef en contrepartie de miettes à percevoir à la fin du mois», affirment trois jeunes licenciés en droit exerçant comme peintres à Corso, dans la wilaya de Boumerdès. Ces derniers affirment n’avoir même pas tenté de passer un concours de recrutement, ni celui leur permettant d’avoir une formation pour obtenir le certificat d’aptitude pour la profession d’avocat (CAPA). «Dieu merci, nous ne manquons de rien. Nous travaillons à la tâche et nous gagnons beaucoup plus que les cadres supérieurs. On se lève à l’heure que nous voulons, on travaille sans aucune pression et dès qu’on termine ici, on reprend dans une autre place», ajoutent nos interlocuteurs qui disent avoir appris le métier de la peinture depuis qu’ils étaient étudiants. Pour d’autres, il s’agit simplement d’une étape transitoire pour réaliser certains objectifs. «Je voudrais ramasser une grande somme d’argent me permettant d’ouvrir un commerce. Je travaille sans relâche pour atteindre cet objectif, car tant que je travaille auprès des gens, je me considère toujours comme otage», avoue Dahmane, licencié en psychologie et sciences de l’éducation et qui travaille comme électricien en bâtiment. Il dit avoir acquis ce métier avant l’obtention du baccalauréat. «Durant les deux années où j’étais candidat libre au baccalauréat, je me suis inscrit dans un centre de formation professionnelle et j’ai appris ce métier. J’ai fait des études supérieures juste pour obtenir le diplôme. Je savais que ma licence n’allait pas m’ouvrir les portes de la réussite sur le plan social. Aujourd’hui, je travaille bien, je mets de l’argent de côté pour réaliser mon rêve», ajoute-t-il. Ramasser l’argent nécessaire, en attendant l’obtention d’un visa d’étude à l’étranger constitue le souci majeur de la plupart de nos interlocuteurs qui rêvent de quitter le pays. Les risques auxquels ils sont exposés et les gros efforts physiques que nécessitent les métiers manuels ne semblent pas les dissuader.

M.F