Bavure d’Azazga : Le tribunal de Blida ordonne la détention des militaires impliqués dans la tuerie

Bavure d’Azazga : Le tribunal de Blida ordonne la détention des militaires impliqués dans la tuerie
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Les premières auditions dans l’affaire de la «bavure militaire» ayant coûté la vie à Mustapha Dial, un journalier de 42 ans et père de quatre enfants, à Azazga dans la wilaya de Tizi Ouzou, ont commencé dimanche 03 juillet au tribunal militaire de Blida (1ère Région militaire). Et elles se sont poursuivies jusque tard dans la soirée. Dix-sept civils, témoins et proches des victimes, un blessé et mêmes des médecins et chauffeurs de l’hôpital d’Azazga, également malmenés lors du passage des militaires en ce jour-ci, ont été auditionnés par le magistrat instructeur.

Dans un communiqué rendu public lundi 04 juillet, le ministère de la Défense confirme la mise en détention provisoire des militaires impliqués dans la tuerie. « Comme suite au communiqué diffusé par le ministère de la Défense nationale le 24 juin 2011 sur les événements survenus dans la région de Azazga, wilaya de Tizi Ouzou, et conformément aux instructions du Commandement de l’Armée nationale populaire, qui a ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’incident, et après la clôture de l’enquête préliminaire de la police judiciaire, les militaires mis en cause ont été présentés le 3 juillet 2011 au parquet militaire près le Tribunal militaire de Blida où ils ont été inculpés conformément à la loi et renvoyés devant le juge d’instruction militaire qui a décidé, après leur audition, de les placer en détention provisoire jusqu’à la clôture de l’instruction et leur renvoi pour leur jugement », indique le communiqué du MDN.

Douze militaires et un garde communal qui se trouvait sur place au moment des faits ont été placés sous mandat de dépôt dans le cadre de cette affaire, a appris DNA auprès des proches de la victime. Peu de détails ont filtré sur ces auditions et selon le témoignage du proche d’un blessé, ce dernier a reconnu le militaire qui lui a tiré dessus et serait même venu lui demander des excuses.

«Lors de sa confrontation au tribunal, il a reconnu le militaire. Ce dernier qui pleurait en ce moment, lui a demandé pardon. Le soldat a expliqué avoir été pris de panique après l’explosion de la bombe et qu’il a agit sous le choc», a révélé notre source sous couvert de l’anonymat.

Le garde communal aurait été auditionné pour une affaire de vol. «Il a été surpris en train de casser les voitures garées dans la villa où il le défunt Mustapha Dial a trouvé la mort», indique-t-on.

Jeudi 23 juin, Mustapha Dial, journalier, a été tué par des militaires sur la route menant de Azzaga à Yakouren, peu de temps après l’explosion d’une bombe au passage d’un convoi militaire, à 100 mètres de l’hôpital d’Azazga. Paniqués, les militaires se sont vite déployés pour riposter à l’attaque.

Mais, point de terroriste dans les parages. Ainsi, ils se sont pris aux habitants des maisons environnantes ainsi que sur les personnels de l’hôpital. Un groupe de 3 à 4 militaires investit alors une villa apparentant à un ancien capitaine de l’ALN, le capitaine Mohamed Benkaci en l’occurrence, dit « Rougi », une personnalité connue et respectée dans la région.

La maison où réside son fils, Khaled, ainsi que sa famille, est fouillée de fonds en comble et le mobilier saccagé. Mustapha Dial, le manœuvrier, est blessé avant de succomber à ses blessures sur la route. Selon différents témoignages recueillis par DNA, il aurait été achevé par des éléments de l’ANP.

Une autre villa est également prise pour cible par des tirs militaires et ses murs portent encore des traces de balles.

La mort de Mustapha Dial a provoqué colère et indignation dans la région. Les autorités qui évoquent « une méprise » se sont engagées à faire la lumière sur cette tuerie alors que le wali de Tizi Ouzou a accordé, vite fait, le statut de victime de la tragédie nationale, à Mustapha Dial.