Bâtonnat de Blida, Houleux débats, issue heureuse..

Bâtonnat de Blida, Houleux débats, issue heureuse..

Tribunal de Blida

Les avocats de Blida et sa région se sont réunis hier en assemblée générale ordinaire sous la présidence du bâtonnier Yahia Bouamama assisté des membres du Conseil de l’Ordre.

Venus des quatre cours – Blida – Chlef – Tipasa et Aïn Defla récemment mise en service par Tayeb Louh, le ministre de la Justice garde des Sceaux, les quelque 800 avocats environ étaient présents après avoir attendu le bilan des activités des exercices 2012 et 2013. Le premier tour avait été renvoyé faute de quorum.

Samedi dernier, comme d’habitude avec leur légendaire turbulence… sympathique et supportable, les robes noires s’étaient installées dans la salle d’audience n°1 de la cour de Blida alors que dehors, les sirènes des services de sécurité sillonnaient les artères de Blida qui attendait la visite de Abdelmalek Sellal, le Premier ministre. Mieux, les supporters de l’ES Sétif et l’USM Alger ont déjà commencé la fête du stade Tchaker où allait se dérouler la Supercoupe. A 10h40, le bâtonnier ouvrit la séance en mettant fin au brouhaha…légitime des présents et surtout des retardataires. Ce qui ajouta à la saveur particulière propre à toute assemblée générale des défenseurs du droit.

En parlant des présents, évoquons les absents. Ils sont nombreux, tels le bâtonnier Me Farouk Ksentini retenu ailleurs, Abderahmane Melzi, hospitalisé, Me Bekkat Nadir fatigué par une très longue carrière pleine d’actions en direction des droits de l’homme et du citoyen…

Il y a aussi pas mal d’avocates absentes, retenues par un week-end très court…

Après avoir souhaité la bienvenue aux avocats de toutes les générations, le bâtonnier entame son bilan moral par le souci de faire passer l’idée que les membres du Conseil de l’Ordre n’ont pas chômé durant ce mandat. Il donne la date du renouvellement du conseil: février 2014. Passant aux chiffres, l’orateur s’appliqua à être le plus précis possible. Les promotions enregistrées durant 2012 et 2013 ont aussi été données. La participation du Conseil de l’Ordre de Blida durant le mandat écoulé a aussi été honorable. Là où Blida s’était déplacée, sa voix était écoutée.

Les nouvelles d’intox

Les séances de travail avec les deux ministres de la Justice (Chorfi et Louh) ont été fructueuses sur le plan de l’acceptation des propositions avancées. Il a rappelé l’engagement de Chorfi alors encore en exercice, de son soutien aux avocats. «Malgré les nouvelles d’intox qui nous parvenaient, nous continuons à faire confiance aux institutions nationales pour ce qui est du droit à la défense et la protection de la profession d’avocat» a confié Yahia Bouamama qui entrera dans le détail de tous les soucis qui «minent» le moral des «robes noires».

«Nous avons réussi à arracher pas mal d’acquis malgré les insuffisances objectives relevées!» a encore dit le bâtonnier qui a assuré que toutes les plaintes reçues au siège du bâtonnat ont été étudiées minutieusement, cas par cas.

Il a dit avec force qu’il était vigilant pour ce qui est «des activités du conseil de discipline, empêchant souvent que l’injustice (le comble pour les avocats) instruise dans nos rangs».

Faisant le bilan des réalisations nationales envers les bâtonnats, il s’est dit réjoui par l’ouverture des nouvelles cours (Tipasa et Aïn Defla) en vue d’alléger les anciennes. Ayant une pieuse pensée pour les avocats qui ont rejoint l’Eternel, Bouamama donna un à un les noms de la dizaine d’avocats, il demanda une minute de silence à leur mémoire et souhaita un prompt rétablissement aux défenseurs alités. Tels Maître Salah Souilah, Maître Melzi Abderahmane…

Une grande gêne

Le bilan financier lu par Maître Mostefa Oukebdane sera coincé entre les nombres à plusieurs chiffres et rien d’exceptionnel ne sortira de ces colonnes de recettes et dépenses somme toute routinières. Un parallèle avait été donné avec les années passées juste de quoi calmer les brûlantes ardeurs des habitués aux «bavardages» stériles comme cela est vécu un peu partout dès lors qu’il y ait finances – dépenses – recettes etc…»

Au milieu de l’assistance, Maître Toufik Chachou avait une pensée particulière pour son papa, un lecteur assidu de notre canard, faut-il le préciser. Repose en paix Kouider Chachou, cet espace ne vous oubliera jamais…tout comme tous ses fidèles fans…

Après quoi, le bâtonnier effectua une mise au point concernant l’acquisition de la «Maison de l’avocat» située à Blida-Centre. «C’est une fierté créée par les visiteurs et les étrangers», dit en baissant de ton le bâtonnier qui venait de dire sa rancoeur et ses regrets devant les ragots qu’il refuse de nommer «critiques objectives».

«Je n’ai plus rien à démontrer après quatre mandats» s’est fâché Maître Bouamama applaudi par ses seuls partisans fort nombreux dans la salle. Une scission est apparue dès lors à propos d’un «cinquième» mandat à la tête de Blida. «Tant que la loi ne l’interdit pas!». Il martèlera ses coups de langue que la calomnie et la diffamation sont indignes de l’avocat qui signe par un pseudonyme sur le Facebook. Une grande gêne gagna la salle car les murmures montaient crescendo dans l’assistance. Avant les débats ouverts à tous ceux qui drivent pour des questions logiques, le bâtonnier invita l’assistance à approuver ou non les bilans oral et financier. Un débat s’ouvre en pleins débats… Trois avis opposés ont été balancés depuis l’assistance concernant le vote d’approbation des bilans, mettant dans le même sac les 2870 avocats du bâtonnat de Blida. Les esprits s’échauffent. Un léger incident oppose le bâtonnier et Maître Mokadem qui s’opposait fermement à un vote avant les débats d’où allaient sortir des «vérités»…

Le bâtonnier M. F. Ksentini entre en trombe. On l’applaudit et on se calme un tant soit peu. Les débats étaient lancés avant même de prendre une décision qui tranche avec ou pour le vote d’approbation. La discussion s’anima. Les cris, les gloussements, les protestions des uns et des autres font que le bâtonnier passe à la manière forte. Il tape sur le pupitre tel un juge du siège qui veut imposer le silence. On se calme un peu et un à un, les intervenants donnent leurs avis diamétralement opposés. Pour nous, c’est le moment de procéder à un premier envoi, bouclage oblige…

Les débats seront momentanément suspendus car des dérapages allaient se produire parmi des avocats, pour certains, accompagnés de leurs enfants…avocats. Les bâtonniers Benchabane, Brahimi Abdelkader flanqué de son aîné avocat Maître Nouasria et son enfant défenseur, les deux Aït Boudjemaâ, les Morsli de Sidi Aïd, les deux Laceb, Maître Antar de Chlef, Maître Hayet Kadi, Maître Khechna Mohamed, Maître Lazazi, Maître Haoua, Azzaz Bakhti, Maître Kerboui Rabah, Maître Bachir Chabane, Maîtres Chabi Benouaret et Nabil, Maître Abdelaziz Mejdoub, Maître Réda Bekat, Maître Farouk Benrekia, Maître Benegouche de Chlef, Maître Farouk Dechicha, Maître Mohamed Aïed ont tous suivi avec beaucoup d’intérêt les vifs et tranchants échanges entre le bâtonnier et certains confrères qui voulaient appeler le chat chat. Même Maître Farid Nachef, Maître Moussaoui, Maître Djamel Boulefrad avaient, eux aussi, suivi le tir nourri de Maître Ouali Laceb qui a «condamné les quatre mandats du bâtonnier Bouamama qui aurait pu suivre l’exemple de ses «Maîtres-guides exemplaires – meneurs d’avocats» les Kassoul, Chabane, Brahimi, Benchaâbane et autres Ksentini qui avaient un à un passé le flambeau après un seul mandat! Maître Ahmed Guellaz ricane, sourit en silence…

D’autres étaient tristes devant le spectacle mi-comique, et plus ou moins regrettable auxquels s’étaient adonné certains intervenants, oubliant les règles les plus élémentaires de la déontologie de la profession d’avocat. «Heureusement que ce samedi, il n’y avait pas d’étrangers à la robe noire» confie Maître El Hadi Labidi qui avait bien regardé Maître Omar Benkabouya, lequel voulait absolument s’emparer du micro autour duquel les avocats au coeur plein, rôdaient le temps d’une eng…, pour dire qu’à propos de la procuration, il n’était pas question d’inventer le «fil à couper le beurre, mais qu’au fond, bon sang, comment un avocat saura, bien avant le scrutin qu’il tombera malade ce jour précisément?

«L’opposition»

Il va jusqu’au bout de son idée pour mâchonner qu’il faudrait peut-être songer à mettre en oeuvre à partir du siège du bâtonnat où trône la disponible Khalida, la véritable cheville ouvrière du Conseil de l’Ordre, l’opération «procuration» devrait avoir lieu aussi et en toute sérénité: «Je voudrais tout simplement souligner sur cet espace que le seul point sombre concerne les applaudissements nourris qui secouent la salle à chaque intervention «pour» ou «contre» la gestion du conseil sortant.

D’ailleurs, même le bâtonnir nous a fait part de sa satisfaction de voir le linge sale être lavé en…assemblée générale et tout rentrera dans l’ordre et direction les juridictions pour un quotidien actif, plein, souriant. Il faut vite signaler que les éclats de voix n’ont pas manqué. De maître Boulefrad à Maître Ouali Laceb en passant par Maître Rami Lazazi qui a plutôt répliqué tel un parquetier, ou encore Maître Mokkadem venu, pas pour le plaisir, mais pour cracher la vérité autour de ce qui se passe, même si beaucoup ne partageaient pas son avis qu’un confrère a pris pour une «sédition» en faveur de «l’opposition» au bâtonnier sortant qui aurait tant voulu que cette journée soit celle de l’unanimité de la sérénité, du calme plat et autre paix bienvenue dans les rangs des robes noires de Blida, Chlef, Tipasa et même la «cadette» des cours, Aïn Defla!

Maître Ezzeraïmi en seigneur des lieux qu’il était a suivi avec une parfaite maîtrise des nerfs et des paroles, préférant jouir de loin l’esprit démocratique qui a prévalu en cette journée en fête à Blida qui a connu de très heureux événements cités en début du compte-rendu.

Maître Samira Boulahia toute heureuse de se retrouver nez à nez avec son «boss», le bâtonnier Ksentini, ne cessait de regarder le visage à l’air grave de Maître Redouane Braneci, cet ancien trésorier du bâtonnat de Blida qui avait claqué la porte, constatant que ce n’était pas ainsi que l’on chapeaute le conseil et les avocats, trouvant ceux qui aujourd’hui, sont venus critiquer, dénoncer, beaucoup en retard sur leur temps. Et justement, entre-temps, tout comme Maître Laceb et Maître Djamel Boulfrad, d’autres avocats – toutes générations confondues – ne cessaient de viser qui veulent son départ après 12 ans de règne. Mais l’enfant de Rouina a su répondre à ses détracteurs et surtout ceux qui «masqués» au sein du Facebook ne lâchent pas prise en attendant patiemment son retrait incessamment au nom de l’alternance.

La preuve

«La procuration existe par la force de la loi, au nom d’une loi relevant de celle des élections. Pour qu’elle ait une crédibilité lors du scrutin, le bâtonnat devait imprimer une fiche sur laquelle figurent celui qui donne la procuration et le bénéficiaire et qui tient compte de la date de la tenue du scrutin doit être enregistrée avec un numéro chez Khalida ou Mohammed qui vérifieront le cachet du bâtonnat et ce, dans un délai de dix jours avant les élections» dit Maître Omar Benkabouya de Koléa qui insiste sur le fait que les avocats se font des soucis à propos d’un éventuel «trafic».

Dans la salle, autant Maître Ferhat Antar, le frère cadet du terrible président du tribunal criminel de Blida était «ramassé», discret, nous allions écrire à la limite de la neutralité, autant notre fervent lecteur, Maître Ismaïl Oussemeur jouait aux trouble-fêtes lorsque les partisans de Maître Djamel Boulfrad, prenaient la parole pour s’attaquer aux réalisations du bâtonnier Bouamama. Et le turbulent avocat de Chlef, et c’est de bonne guerre de sautiller en protestant, récusant les «Boulefredistes» venus descendre en flammes les «Bouamamistes» nullement dérangés. La preuve.

Les deux bilans ont été acceptés à la majorité et même la procuration adoptée. Le tout dans un climat houleux, électrique, à la limite de l’agressivité des uns et des autres. Ce qui est toutefois plaisant, c’est le quatuor d’avocats de Boufarik et Koléa, en l’occurrence Maître Amine Morsli, Maître Bachir Chabane, Maître Embarek et Maître M’hamed Chemlel qui observaient à cinq mètres, les frères Nouas dont le papa Maître Redouane Nouas était pris sur les hauteurs de Koléa dont le tribunal vient de recevoir Rabah Hamani au poste de président en remplacement de Belgacem Kebabi qui est descendu à Chéraga où il aura fort à faire à la plus terrible bande de mafiosi du pays. Et ces jeunes de Koléa viennent d’être salués par ce discret Maître Farouk Dechicha accompagné de Maître Hadji, Maître Moussa, Maître Sidoumou et Maître Toufik Rechache, ce fils de chahid que le sang empêche l’animosité entre avocats… Maître Houari-Henni, elle, a adoré cette journée…