Chaque jour qui passe, leur nombre augmente, et d’autres réfugiés s’ajoutent à ceux qui sont arrivés à Batna il y a plus d’un an déjà. Alors qu’ils étaient à peine une centaine le mois de Ramadan 2013, leur nombre a quadruplé.
Regroupés (parqués semble être le mot approprié) à la sortie sud de la ville dans de lamentables conditions, ni eau potable, ni hygiène, ni commodités, on semble punir ces pauvres gens du fait d’être venus chez nous.
Contrairement aux premiers venus au début de l’été passé, où il n’y avait que des hommes et quelques rares femmes, les nouveaux réfugiés viennent en famille, souvent avec des enfants et même des bébés. Cette situation dramatique ne semble guère attendrir un bon nombre de citoyens ou du moins les interpeler un tant soit peu sur la situation de ces êtres humains qui n’avaient que le choix de fuir la guerre. Le mouvement associatif plus particulièrement qui active dans le domaine caritatif s’aperçoit avec stupéfaction du racisme ambiant d’un bon nombre de citoyens qui ne se gênent pas d’insulter les réfugiés, voire les violenter.
Un animateur du mouvement Ness El Khir nous raconte non sans grand désarroi comment des automobilistes passent et lancent des insultes et des propos racistes envers des femmes et des filles qui pourtant ne dérangent personne et assises en plein soleil, nous dit sous le choc notre interlocuteur. Des citoyens qui veulent aider existent encore, mais semblent découvrir combien les Algériens sont racistes, sachant que beaucoup ne cessent de se plaindre de ce même racisme qu’ils condamnent à chaque occasion. Ayant pu avoir des repères à travers la ville, les réfugiés se sont installés un peu partout, mais surtout dans les principales artères de la capitale des Aurès. Sur la route de Biskra, c’est surtout au niveau des carrefours équipés de feux tricolores, que les femmes avec enfants et bébés se sont installés. A chaque arrêt des automobilistes, ils demandent l’aumône.
Ayant appris quelques mots en arabe (sadaka, ya rabi, ya rahim…), ce sont surtout les jeunes enfants qui s’adressent aux chauffeurs des véhicules. Dans la capitale des Aurès, il n’y a pas que les Subsahariens, surtout des Maliens, mais aussi des Syriens, mais ces derniers restent discrets et en retrait après avoir eu de sérieux problèmes aussi bien avec certains citoyens qu’avec les agents de l’ordre. A quelques jours du mois de Ramadan, l’on se demande si les autorités vont prendre en charge ces réfugiés, sachant que dans leur majorité, ils sont musulmans et observent le jeûne, comme c’était le cas l’an passé, quand ils ont été pris en charge par des citoyens tout au long du mois de carême.