Batna : la maison ayant accueilli la réunion de Legrine, un haut lieu de Mémoire

Batna : la maison ayant accueilli la réunion de Legrine, un haut lieu de Mémoire

La maison de Ben Messaouda Abdallah dit Meziti ayant accueilli la célèbre réunion de Legrine dans la commune d’Ouled Fadhel (Batna) durant lequel la Déclaration du 1er novembre 1954 fut dupliquée demeure un haut lieu de mémoire du combat libérateur

En déviant de la RN-88 reliant Batna à Khenchela par le chemin de wilaya 20 en direction de la commune de Chemora, l’on retrouve au bout de 8 km de route une plaque signalant la proximité de cette humble construction choisie pour la tenue durant la seconde quinzaine du mois d’octobre 1954 de cette réunion historique. Une piste conduit au terme de 400 mètres vers cette maison bâtie en pierre et moellons sur un site aride avec dans les alentours des ruines de maisons en pierre et en terre qui appartenaient aux deux familles Ben Messaouda et Hamzaoui. Ces ruines prolongent la maison de Ben Messaouda. Ce dernier étant maçon, a lui-même construit la maison en 1942 avec plusieurs pièces dont celle des hôtes tout au fond, indique le président de l’association Histoire d’Ouled Fadhel qui est également le fils du propriétaire de la maison Abdallah Ben Messaouda. Selon la même source, la maison avait servi de zaouïa d’enseignement du Saint Coran pour les enfants puis d’un lieu de rencontre sécurisé pour ‘‘les bandits d’honneur’’ des Aurès dont Sadek Chebchoub, Grine Belgacem et Hocine Berahaïl qui avaient par la suite présenté Ben Messaouda à Mostefa Benboulaïd.

Legrine, une réunion sur un site stratégique dans le secret le plus total

Cette maison située dans la mechta Legrine relevant du douar Oued Omar Ben Fadhel a été le lieu durant la seconde quinzaine d’octobre 1945 de la réunion historique du commandement de la Révolution libératrice dans les Aurès présidée par Mostefa Benboulaïd à son retour d’Alger où il venait d’assister à la réunion du groupe historique des Six (Boudiaf, Benboulaïd, Didouche, Ben M’hidi, Belkacem et Bitat). Benboulaïd portait la copie originale de la Déclaration du 1er novembre reproduite en arabe par Adjel Adjoul et en Français par Abbas Laghrour, selon les témoignages de moudjahidine. Dernier survivant des ‘‘bandits d’honneur’’, le moudjahid Ahmed Gada affirme que la réunion débute par la prestation du serment en posant la main sur le saint coran de ne pas divulguer le secret de la révolution dont la date précise furent communiqué, les chefs de groupes désignés ainsi que les cibles à frapper et lieux de distribution des armes. De son côté, le secrétaire de wilaya des moudjahidine, El Abed Rahmani, a souligné que le moudjahid Saâd Habeddine, cheikh de la zaouïa, fut le rédacteur de la réunion et c’est sur une copie manuscrite du Saint Coran rédigée à la main par son père cheikh Habeddine Mohamed-Tayeb que les moudjahidine avaient alors prêté serment. Pour nombre de moudjahidine et chercheurs, la réunion de Legrine a été ‘‘décisive’’ du fait qu’elle a permis de mettre au point les ultimes dispositions ayant précédé le déclenchement de la Révolution, d’où le grand secret ayant entouré sa tenue programmée par Mostefa Benboulaïd et la haute surveillance sous laquelle elle fut placée par lui. Ceci plaide, selon eux, en faveur du transfert de cette maison en musée pour préserver la mémoire de la Révolution aux générations futures. Une première action de restauration de cette maison historique a été effectuée en 2006, à l’initiative de l’association 1er novembre 1954 pour la protection des vestiges de la Révolution libératrice. Elle a porté sur la réalisation d’une clôture, la réhabilitation de la maison et d’une stèle commémorative.

APS