Plus de 300 Nigériens ont établi, il y a quelque temps, un camp à la périphérie du pôle urbain Hamla, à l’entrée sud de Batna.
Depuis le début de l’année 2013, date de l’intervention militaire française au Mali, ils sont des centaines, voire des milliers de Subsahariens (Maliens et Nigériens) à avoir séjourné ou séjournant encore à travers plusieurs régions du pays. La région des Aurès n’est pas en reste. Fuyant la guerre civile qui s’était installée dans leur pays, des réfugiés maliens ont débarqué en masse à Batna. À leur arrivée, ils ont été chaleureusement accueillis et beaucoup aidés, notamment durant leur premier Ramadhan.
Plus de 300 Nigériens ont établi, il y a quelque temps, un camp à la périphérie du pôle urbain Hamla, à l’entrée sud de Batna. Pendant la journée, les hommes gardaient les tentes et préparaient à manger, en attendant le retour des femmes et enfants ayant rejoint la gare routière et les grandes artères de la ville afin de demander l’aumône. Les ordures commençaient à s’amonceler autour des tentes alors que la chaleur s’installait. La crainte de la propagation des maladies et la constitution de gangs a gagné les citoyens et les autorités. Ainsi, la dislocation du “village africain” s’avérait inéluctable.
Mais au moment de l’intervention des forces de l’ordre, les occupants du campement se sont enfuis, en pleurs et en cris, vers la montagne. Ceux qui n’auront pas été rattrapés et reconduits à la frontière reviendront et tâcheront d’être plus discrets, cette fois-ci. Aussi, ces familles comptent-elles rentrer au Niger ? Ces petites filles vont-elles rejoindre les bancs de l’école à la prochaine rentrée scolaire ? Les bébés sur le dos des mamans sont-ils nés en Algérie ?

Ces émigrants sont-ils membres d’une même famille ? Autant de questions auxquelles nous avons tenté d’avoir des réponses, mais ni les jeunes garçons qui commencent à rejoindre le lieu du rendez-vous, vers dix-sept heures, ni les femmes quittant les portes des mosquées ne peuvent satisfaire notre curiosité bien qu’ils veuillent coopérer. Ce qui prouve que ces personnes sont toutes analphabètes.
Dans le cas contraire, elles auraient compris quelques mots de français, langue officielle au Niger, et donc d’enseignement. Un passant nous explique que les cicatrices visibles sur les joues des Africains signifient la marque d’appartenance à une tribu particulière.
Ces personnes ne sont pas de la même famille vu la différence des marques sur leurs visages. De son côté, un chauffeur de taxi qui a l’habitude de transporter ces personnes à Barika, 88 km au sud de chef-lieu de wilaya de Batna, nous apprend qu’il les côtoie depuis une année. Le groupe s’est, en quelque sorte, sédentarisé. Ainsi, les bébés âgés de moins d’un an sont nés en Algérie et les enfants ne fréquentent pas l’école. Cet homme, devenu “le chauffeur de la famille” se fait payer 2000 DA pour un aller-retour de 100 km. Ses clients passent la nuit à Barhoum, une localité de la wilaya de M’sila.
Le lendemain, il prendra 1200 DA pour le déplacement du même groupe vers Salah Bey, Aïn Azel ou Aïn Oulmène, dans la wilaya de Sétif. L’hospitalité des Algériens est très palpable. On offre du pain, des gâteaux, du yaourt, parfois du jus de fruits et des friandises aux enfants. Les adultes accompagnant ces petits leur achètent du riz, du poulet et leur ramènent de l’eau. Il en est de même pour les soins médicaux.
Remarquant des femmes enceintes dans la rue, nous nous sommes approchés d’un Centre public hospitalier afin de savoir si le service de maternité permettait l’hospitalisation des Africaines sur le point d’accoucher. Une sage-femme a assuré que toute patiente d’où qu’elle vienne bénéficiera d’une prise en charge sur le plan sanitaire. La même réponse nous la tiendrons, un peu plus tard, du chef de service des urgences du même hôpital. Ce médecin nous a déclaré que des femmes et des enfants africains présentant des angines et des fièvres ont déjà été soignés au niveau de son service.
Selon notre interlocuteur, rares sont les malades qui se présentent dans les hôpitaux, de peur d’être refoulés ou pour des raisons de coutumes ou de religion. Et les exemples ne manquent pas. C’est le cas d’une refugiée malienne qui a accouché, en début de semaine, en pleine rue dans le centre-ville de Barika, car elle refusait d’aller dans un centre hospitalier de peur d’être renvoyée dans son pays.